Une grève « historique » à la clinique des 2 Caps

,

Une grève « historique ». C’est le mot lâché par Salim, délégué CFDT, pour qualifier le mouvement qui secoue la clinique des 2 Caps de Coquelles depuis le 18 janvier.

Historique, d’une part, parce que sur les 180 salarié·es du centre de soin privé, ce sont plus d’une cinquantaine d’infirmières, d’assistantes sociales ou de brancardiers qui ont décidé de manifester. « Mais on est bien plus à s’être mis en grève ! » nous dit Vincent, brancardier depuis 16 ans à la clinique et gréviste pour la première fois de sa vie. Si cette journée de lutte du personnel est mémorable, c’est surtout qu’il s’agit de la première grève organisée au sein de l’établissement médical.

« On traite les patients comme du bétail« 

« C’est plus une clinique, c’est une usine ! » s’indigne Lorène, infirmière en salle de réveil pour expliquer les raisons de leur mobilisation. « On traite les patients comme on traite du bétail… » se désole-t-elle.

Des conditions de travail qui rappellent celles dont se plaignent régulièrement les professionnel·les de la santé du Centre Hospitalier de Calais. Kevin Planque, délégué syndical CFDT de l’établissement public, venu en soutien aux grévistes, y voit les mêmes problématiques : « Que ce soit dans le privé ou dans le public, les employeurs ne voient que le profit à tous les niveaux« .

Les 2 Caps parmi les cliniques françaises les plus rentables

« Bientôt 44 ans de travail et toujours payée au smic horaire, 11,57 euros de l’heure » nous confie Josette, infirmière. Elle poursuit : « Je dois aller faire une demande d’aide à la caf, c’est ce que le directeur m’a dit…« . Un constat amer qui amène la revendication phare du mouvement annoncée par Salim : « Une augmentation de 100 € net pour tous les salariés de l’établissement, sans distinction. On trouve à la CFDT que c’est une revendication justifiée et réaliste« .

Justifiée en effet, dans la mesure où la clinique des 2 Caps se trouve, d’après nos informations, dans les cinq premières places du classement des cinquante cliniques françaises les plus rentables que détient le groupe Vivalto Santé.

Un mouvement reconduit ?

Si le préavis de grève concernait la seule journée du 18 janvier, personne au sein du personnel n’exclut aujourd’hui de reconduire le mouvement dans les semaines à venir, en fonction des négociations. « La direction à les clefs en main » conclut Salim. Une de ses collègues, qui souhaite rester anonyme, abonde en ajoutant non sans malice : « Il faut qu’ils nous écoutent… Ce serait quand même dommage de nous pousser à faire une nouvelle journée de grève le jour où l’ARS doit venir valider l’accréditation de la clinique !« . Une certification cruciale au fonctionnement légal de la clinique qui devrait être reconduite pour quatre ans le 18 mars prochain, si tout va bien.

Pierre Muys