Cette fois-ci c’est un homme.
À l’aube, ils ont pris la mer, pour certains encore une fois. Des embarcations de fortune, quelques migrants cherchant l’Angleterre, et un drame qui s’ajoute à une longue liste : un homme d’origine indienne, une quarantaine d’années, n’a pas survécu. Ce décès est officiellement le 56ᵉ de l’année, et voilà 2024 tristement consacrée comme l’année où la Manche s’est révélée la plus meurtrière.
Les traversées, malgré le danger évident, se multiplient à l’approche de l’automne. Tout le monde le dit, en ce moment il fait beau. La préfecture du Pas-de-Calais dénombre des dizaines de tentatives chaque semaine, encouragées par des réseaux de passeurs qui profitent des conditions météorologiques plus favorables et d’une demande toujours plus pressante de ceux cherchant le refuge que ni Calais, ni la France, ni l’Europe n’a l’éthique et le courage de leur céder. Le constat est implacable : les embarcations sont merdiques, les risques immenses, mais la mer continue de prendre son tribut.
« On le déplore, » réagit la préfecture pour France 3, « les passeurs n’hésitent pas à mettre en péril la vie de familles entières, même avec des bébés à bord. » Et voilà l’excuse, devenue refrain, pour esquiver une réponse, une solution concrète à cette demande de passage, qui ne faiblit pas. Les secours redoublent d’efforts, mais chaque échec de traversée finit par renvoyer, par ressac, un corps de plus sur le sable. Et chaque matin on lit et on écrit à propos de cette énième tragédie humaine que personne détenant le pouvoir ici ne semble être à la hauteur pour franchement travailler à l’endiguer.
Un autre hommage aura lieu demain au parc Richelieu à 18h30.
Pierre Muys