Centres d’appel : travailler dur et rester pauvre

Armatis est une entreprise qui tire ses profits à travers le travail de 5000 salarié·es en France sous-traitant les services de télécommunications de très grandes entreprises telles qu’Orange ou Totalénergie. 1100 personnes sont salariées sur les deux sites que compte le Littoral (600 à Calais 500 à Boulogne).

Implanté à Calais en 2003, le travail des téléopérateurs Armatis a beaucoup évolué en vingt ans. Tandis que les premiers vendaient des SMS a bas prix contre un renouvellement d’engagement de forfait pour 12 mois, les salariés de 2023 assurent désormais la gestion des différents services clients de grandes entreprises (facturation, recouvrement et litige, assistance technique).

Depuis le COVID, certaines journées de travail se font même au domicile du salarié. Si tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes des affaires sous traitées, la situation est toute autre du côté des salariés.

Une vie au smic

4 employé·es sur 5 plafonnent au SMIC malgré une montée constante de l’expertise professionnelle et des années d’ancienneté qui s’empilent. Téléconseiller·es, leur superviseur·euses et agents de maîtrises travaillent toutes et tous malgré les responsabilités au salaire minimum.

Ironie de la logique, une prime à la performance individuelle vient parfois rallonger de 200 euros les 1398 euros mensuels net de certain·es téléconseiller·es, ce qui les amènent parfois à être mieux payé·es que leur responsable.

Dénoncer l’iniquité de la distribution des profits

Dans le commun contexte d’inflation des prix, la situation devient intenable. Le 23 janvier une intersyndicale à 6 de la branche Prestataires de Service du Secteur Tertiaire (P2ST)* entre en ordre de bataille pour dénoncer l’iniquité de la distribution des profits. Des heures de débrayages sont organisées dans un grand nombre de centres d’appels et massivement suivies sur l’ensemble du territoire, qu’il s’agissent des travailleur·euses des 11 sites d’Armatis ou ceux et celles d’autres plateformes : Capdune à Coudekerque-Branche, ou Camaris à Saint Omer s’impliquent également dans ce mouvement de colère salariale. Affaire en cours et lutte à suivre !

Film et article : Pierre Muys 

* La branche P2ST regroupe les métiers suivants : Traduction, Enquête civile, Recouvrement de créances, Renseignement économique, Animation commerciale, Optimisation linéaire, accueil événementiel, domiciliation entreprise, accueil téléphonique, accueil en entreprise, centres d’appels…