Francis Peduzzi annonce son départ du Channel

Dans l’édito du programme de la saison 2023-2024 du théâtre calaisien, le directeur du Channel, Francis Peduzzi, a annoncé sa démission prochaine, après plus de trente ans de service. 

Au début de l’année, la municipalité de Calais avait fait pression pour obtenir ce départ. Des milliers d’euros de subventions municipales avaient été lâchement suspendues pour pousser le directeur vers la sortie. 

« La préservation des intérêts supérieurs de la scène nationale »

Pendant « quinze années d’attaques répétées à notre encontre », la scène nationale a tenu bon, indique Francis Peduzzi. « Mais la dernière offensive, méthodiquement orchestrée afin d’asphyxier budgétairement le Channel, s’est révélée décisive » écrit-il dans un texte chargé d’amertume. 

« N’ayant aucun goût pour les jeux d’egos, il n’y a plus d’autre solution responsable que celle, non de plier, mais de raisonner dans les seuls termes possibles : la préservation des intérêts supérieurs de la scène nationale et de celles et ceux qui la font vivre. » écrit le directeur du Channel. 

​Un pouvoir autoritaire, lâche et agressif

Il reste qu’en agissant de façon aussi brutale et cynique, aux yeux de tous, la municipalité de Calais dévoile un peu plus de son vrai visage, celui d’un pouvoir autoritaire, lâche et agressif, prêt à mettre en danger les travailleuses et travailleurs intermittents et une superbe structure culturelle et populaire pour obtenir la tête d’un homme. 

Voilà l’œuvre de Natacha Bouchart, voilà la belle besogne de Pascal Pestre son élu à l’attractivité territoriale – drôle de nom n’empêche pour dire ce à quoi, à Calais, l’art et la culture doivent obéir. La politique néolibérale – « une certaine conception du pouvoir majoral » pour reprendre le terme utilisé par le futur ex-directeur du Channel – est une démonstration d’autorité hégémonique, qu’elle ait lieu dans les théâtre subventionnés par Natacha Bouchart, Laurent Waucquiez ou Louis Alliot. 

Le dragon est à la mairie, pas à la plage

Pour la droite, ce n’est pas Peduzzi le problème du Channel, mais celui de la part d’argent public distribuée qu’elle voudrait voir diminuer. Le public du théâtre ne détermine plus autant qu’à l’époque de François Mitterand la couleur d’une élection politique, qu’elle soit nationale ou municipale. Il était donc temps pour la conception capitaliste et comptable de tourner le robinet, de voir enfin le petit monde de la culture s’affaiblir.

Le 6 mai, plus de 1500 personnes s’étaient réunies pour soutenir le Channel.

Le départ de Francis Peduzzi est l’énième preuve que nous faisons collectivement face à un désir de contrôle absolu capable de tout brûler pour assouvir une ambition de puissance, une volonté d’écrasement, de domination. Le dragon est à la mairie, pas à la plage et ce ne sont pas nos douze mille petites polies signatures qui l’aurait intimer de devenir plus sage.

Valentin De Poorter et Pierre Muys. 


​Le texte de Francis Peduzzi