Hôpital de Calais : Une grève pour le personnel et les usagers !


Mardi 20 juin au matin, une partie du personnel du centre hospitalier de Calais a répondu favorablement à un appel à la grève nationale émis par la CGT santé. Le personnel de l’hôpital, soutenu par le syndicats ont hissé drapeaux et tonnelle sur le parvis afin d’alerter agents et patients de passages des conditions difficiles d’exercice des métiers du soin. Entre suppressions de lits médicaux durant l’été, dérives de Parcoursup sur la formation des infirmier.es, ou encore revendication d’une franche augmentation des salaires, Séverine Vasseur, secrétaire générale CGT du centre hospitalier de Calais témoigne.

« On l’avait déjà souligné avant le Covid, tu vois… Avant le covid, on nous avait un petit peu écouté, pendant le Covid, on nous a applaudi et là, on nous a complètement oublié…
On est aujourd’hui devant le Centre Hospitalier de Calais pour interpeller la population, les usagers donc, et les agents par rapport à nos augmentations de salaires qui ne sont pas à la hauteur de ce qu’elles devraient être.
Ça représente pour les plus bas salaires à peu près une petite quinzaine d’euros par mois brute. C’est vraiment du pipi de chat vu l’inflation galopante. On est vraiment très en recul. Faut savoir que la majorité des agents hospitaliers en catégorie C sont payés au SMIC. Au bout de douze ans d’ancienneté ils sont toujours payés au smic horaire, donc on demande une réelle augmentation pour les bas salaires et pour les autres.
Ce qu’on réclame, c’est l’arrêt des fermetures de lits. Pour cet été, On a dix lits de médecine polyvalente qui vont fermer et des lits de gériatrie qui vont fermer aussi. Ça fait une vingtaine de lits. Sans compter les fermetures de lits en secteur psychiatrique. Parce que les médecins prennent leurs vacances et ne sont pas remplacés. On n’a pas d’autres médecins et ce qui va se passer, c’est que nos personnes âgées vont arriver aux urgences et on ne pourra pas les installer dans les services dédiés, parce qu’on n’aura pas de lits, on n’aura pas de médecins. Et ça, ça va engendrer des problèmes au niveau des urgences. Ces personnes âgées vont s’entasser là-bas et on ne pourra pas les monter dans de véritables lits. C’est un problème dramatique pour la population et on veut absolument alerter les usagers sur ce souci.
Pour pallier à cela, on demande l’augmentation, la fin du numerus clausus [nombre annuel d’étudiant autorisé à poursuivre des études de médecine après la première année] et le nombre de médecins dans les facultés.
On demande aussi l’augmentation du quota de paramédicaux dans les écoles d’infirmiers et d’aides soignantes.
On demande également l’arrêt de Parcoursup qui n’est pas du tout adaptée. On se retrouve avec des lycéens qui ont plus de 20 choix à effectuer, donc ils mettent le choix d’être à l’école Infirmière… et ils se retrouvent dans cette école d’infirmière sans savoir exactement ce que c’est réellement, sans réelle volonté, parce qu’il faut mettre des choix et le Parcoursup c’est une roulette russe et si bingo, ils tombent, ils vont à l’école d’infirmière… et on s’aperçoit que sur une promo d’étudiants infirmiers, sur 100 au cours du premier trimestre, on en a déjà trente qui abandonnent. Trente qui abandonnent parce qu’ils s’aperçoivent réellement que ce n’est pas le métier auquel ils s’attendaient. Et puis ils s’aperçoivent aussi qu’on n’est pas revalorisé au niveau salarial, qu’on a des responsabilités et qu’on est toujours sous payés…

Plus tôt dans l’année, le personnel de l’hôpital s’était déjà mis en grève à propos d’un manque récurrent de personnel.


Une de nos autres revendications, c’est la prime de nuit, les heures majorées le dimanche. Il faut savoir qu’actuellement une heure de nuit est majorée d’1.07€ brut en plus en plus du salaire, 1.07€ brut… Depuis le Covid, on a eu le doublement de ces heures donc on est passé à 2,14 €… Donc ça veut dire que quand on effectue une nuit au centre hospitalier de Calais, on est payé en plus par nuit, un maximum de 20 € bruts… C’est vraiment sous estimer le travail de nuit, c’est vraiment dégoûtant, sachant qu’on a quand même des responsabilités, que les gens qui travaillent de nuit généralement sont moins nombreux. C’est à dire que dans un service, une infirmière est seule avec son aide soignante alors que dans la journée, le personnel, enfin les agents sont doublés. Et ça, c’est vraiment inadmissible. Ce qu’on réclame aussi, c’est la majoration de nos heures de dimanche et de jours fériés. Il faut savoir que pour un agent qui travaille à l’hôpital un dimanche, son dimanche est payé 46 € en plus… En sachant que dans le privé, c’est le triple souvent. On trouve ça aussi dégoûtant. On a quand même des métiers à responsabilités et qu’on soit payés aussi faiblement…
Enfin, on réclame la mise en stage réelle de tous nos contractuels, qu’ils soient titularisés fonction publique, qu’ils aient les mêmes droits et les mêmes avantages que nous, être mis sous statut, être fonctionnaire. Quand on est fonctionnaire, on a des droits et des devoirs. Et avoir le statut, ça veut dire quelque chose. On n’est pas, on ne devient pas fonctionnaire par hasard… On sait qu’en le devenant, on a des droits et des devoirs. On sait qu’on peut être appelé à n’importe quel moment, s’il y a un plan blanc de déclenché. Voilà il y a des choses. Je ne dis pas qu’on doit être appelés incessamment tout le temps quand il y a un collègue qui est en arrêt maladie, mais on a le devoir d’assurer un service public et ça, c’est un choix. C’est un choix, un véritable choix. Autrement, on irait travailler ailleurs! »

Reportage: Pierre MUYS