Après la manifestation réussie du 1er mai, nous sommes entrés à la bourse du travail pour nous plonger dans une exposition dédiée à l’histoire des travailleurs et travailleuses de la dentelle de Calais. Une réalisation collective imaginée par les concerné.es eux-mêmes.
« C’est retarder les choses avant qu’il n’y ait plus rien »
Derrière les anecdotes, la multitude de coupures presses et l’infinie variété de motifs de dentelle accrochés aux murs, Dominique Tollet et Marc Picout, respectivement retraité et secrétaire de l’union textile de Calais, font le récit d’une désindustrialisation aussi brutale que sidérante. À travers les archives, leur travail d’exposition raconte comment la ville de Calais, pourtant reconnue à l’échelle mondiale pour son savoir-faire, a pu passer de 30 000 à 250 ouvrier.es de la dentelle entre 1900 et 2023. « Il y avait une usine dans chaque quartier et maintenant il n’y a plus rien« .
Dresser l’histoire d’un métier et d’une industrie, même moribonde, c’est aussi raconter comment des femmes, des hommes ont su à différentes époques produire de la valeur et organiser la défense d’un savoir-faire. Aujourd’hui, avec les fermetures prochaines de Meccano et Synthexim, l’édification d’une histoire populaire de la désindustrialisation du Calaisis semble plus que jamais nécessaire. Avec un chômage massif et coordonné joint à la fuite méthodique des métiers, imaginer ensemble ce que l’on fera de nous collectivement, à Calais, devient, au regard des perspective écologiques et électorales à venir, une urgence vitale ainsi qu’un acte de résistance civique si non politique.
Reportage vidéo et texte : Pierre Muys
Photos : Valentin De Poorter