Franc soutien d’Emmanuel Macron lors de l’élection présidentielle 2022, au point que la presse locale l’imaginait ministre de son gouvernement, la maire de Calais Natacha Bouchart reste silencieuse sur la réforme des retraites. Un silence qui dérange.
Pendant la campagne pour l’élection présidentielle l’année dernière, l’élue n’avait pourtant pas ménagé ses efforts pour faire la promotion du candidat Macron et de son programme. « J’estime qu’il est le plus en capacité de gagner la prochaine élection présidentielle » avait-elle clamé dans les colonnes du Figaro, en février 2022. Quelques mois plus tard, au moment des législatives, Natacha Bouchart posait fièrement sur le tract du candidat macroniste de la 7ème circonscription… juste à côté d’une certaine proposition : le « décalage progressif de l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans » (voir ci-dessus).
Aujourd’hui, au moment où des millions de personnes – dont 6000 à Calais le 19 janvier et plus de 7500 le 31 janvier – sont dans la rue pour contester le projet de réforme des retraites, la maire de Calais reste silencieuse. Tout se passe comme si la réforme des retraites n’existait pas dans les couloirs de l’hôtel de ville. Ce mardi 31 janvier, au moment de passer devant la mairie, le cortège a lancé des : « Bouchart t’es pas venue, tout Calais est dans la rue. » (vidéo ci-dessous).
L’opposition unanime
Devant ce silence, l’opposition à la réforme des retraites monte au créneau, à commencer par les syndicats. « Ce serait bien pour les électeurs calaisiens de savoir ce que pense leur maire de la réforme des retraites. » pense Éric Lhirondelle (CGT), lors de l’intersyndicale du 27 janvier. « Peut-être qu’il faudrait l’interpeller pour savoir comment elle se positionne » répond Carole Péru (Sud).
Même discours du côté de l’opposition municipale, à commencer par Jean-Philippe Lannoy (LFI) : « Quand il faut se mouiller pour les gens, il y a plus personne ! » dénonce l’élu. Il poursuit : « Un peu de cohérence quoi… Si elle est pour Macron aux présidentielles, qu’elle soit pour Macron jusqu’au bout, et qu’elle nous dise si elle soutient, oui ou non, cette réforme des retraites. »
L’élue citoyenne Louise Druelle attaque à son tour : « Madame Bouchart est une girouette qui va là où elle trouve son intérêt financier et électoral ! ». Elle continue : « La vérité, à mon avis, c’est qu’elle s’en fout des gens et des précaires. Est-ce qu’on l’a jamais vue se mouiller pour quoi que ce soit, sauf quand il s’agissait de faire des lois anti-squat ? ».
L’écologiste Jean-Pierre Moussally, lui aussi dans l’opposition municipale, s’en prend à son tour à la maire de Calais : « Alors qu’elle prétend jouer la solidarité, […] on n’a pas de solidarité avec les personnes qui travaillent, qui vont devoir trimer dur deux ans de plus. Cette solidarité là doit s’exprimer. »
Présent dans le cortège du 31 janvier à Calais, le conseiller municipal d’opposition Nicolas Vernalde (PS) dénonce à son tour l’attitude de Natacha Bouchart : « Je pense qu’elle ne prend pas position parce qu’elle sait que sa position ne va pas plaire aux Calaisiens.» explique-t-il.
Dans cette histoire, il semble bien que personne ne puisse compter sur le soutien de Natacha Bouchart : ni le gouvernement, ni la population calaisienne.
*Contactée, Natacha Bouchart n’a pas répondu à nos sollicitations au moment où nous publions cet article.
Valentin D.