Philippe Poutou au cinéma l’Alhambra de Calais

Philippe Poutou au cinéma l’Alhambra de Calais le 09 janvier 2023 présentait le documentaire « Il nous reste la colère »

Lundi 09 janvier, le Cinéma l’Alhambra de Calais recevait Philippe Poutou, ex candidat à l’élection présidentielle, à l’occasion de la projection du film Il nous reste la colère. Le documentaire, réalisé par Jamila Jendari et Nicolas Beirnaert, raconte le combat d’un groupe d’ouvriers de l’usine Ford de Blanquefort.

Dès la présentation du film, Philippe Poutou, lui-même ex-salarié de l’usine Ford en question, prévient le public : « Ça se finit mal. » Et pour cause : en 2019, l’usine ferme définitivement ses portes et les 872 salarié.e.s sont licencié.e.s. « La résistance elle est pas du tout inutile, même quand il y a défaite. Même si on pense que c’est fichu, même si on pense qu’on peut plus rien faire pour sauver son boulot, qu’est-ce que ça coûte finalement d’aller manifester, d’aller dire tout ce qu’on pense de Ford et tout ce qu’on pense de la nullité des pouvoirs publics ou des hommes politiques ? Et puis, une lutte peut servir à fabriquer d’autres luttes derrière… »

Dans le public, les questions fusent : comment faire pour convaincre les salarié.e.s qui ne se mobilisent pas ? Comment faire pour aller chercher tous ces gens dans la société et les amener à se mobiliser ? « Là je vais avoir du mal à répondre. On n’a pas réussi » se désole l’intéressé qui se lance dans une analyse historico-politique : « Dans les luttes des années 70 ou des années 60, on peut même remonter à la grève générale de 36, c’étaient les usines d’aéronautique, les usines de Tourville… Mais tout ça, ça n’existe plus, on n’a plus les fiefs ouvriers, les fiefs syndicalistes qui allaient avec. On n’a plus ces gros bastions de lutte. Donc après il faut voir comment on peut raviver les luttes sociales, mais ça se passera forcément d’une manière différente. »

Un spectateur réplique : « est-ce que la lutte ne doit pas franchir à un moment donné la limite de la légalité ? ». Réponse : « De toute façon aujourd’hui, quand on fait grève on dépasse vite la limite de la légalité. » constate Poutou. Il poursuit : « Si tout est sympa, si tout est gentil, ça va pas très loin donc le problème est posé même pour nous aujourd’hui d’arriver à radicaliser les formes de luttes. C’est ce qui se passe dans le mouvement contre les bassines où ils commencent à utiliser les actions de sabotage, à juste titre, nous on pense qu’ils ont raison. »

✏️ Valentin D.
📹✂️ Pierre Muys