Cyrille Robert est délégué syndical CGT de Catensys (ex-Schaeffler-Brampton), une usine de fabrication de chaînes pour moteurs thermiques dans laquelle il travaille depuis 29 ans. C’est dans son local syndical qu’il nous reçoit, aux côtés d’un journaliste de Nord Littoral.
En mai dernier, leur grève pour l’augmentation des salaires nous avait semblait être un prétexte pour aborder une inquiétude bien plus profonde quand à l’avenir des 250 salarié.es de l’usine. Six mois plus tard la crainte s’est transformée en colère et angoisse, les lendemains des ouvriers et ouvrières de Catensys semblant prendre les mêmes teintes amères que pour ceux rythmant le quotidien des ex salarié.es des usines qui ont fermé cette année ou qui sont en grandes difficultés : Prysmian-Draka, Meccano, Desseilles et Synthexim.
Cyrille Robert :
On est là aujourd’hui pour deux choses :
Ils ont envoyé notre production en Chine. Il y a de ça… – C’est Schaeffler qui a fait ça – il y a dix ans à peu près. Ils nous avaient envoyé du personnel chinois en formation, je ne sais pas si tu te rappelles, qu’on a empêché de faire rentrer. Mais bon, on a des techniciens qui sont partis là bas donner le savoir faire, puis mettre en route la production. Pas des ouvriers, je répète bien, des techniciens. Schaeffler a décidé de nous donner le marché européen avec le marché américain. Et puis nous tombe dessus en plus la décision européenne d’arrêter le moteur thermique, c’est le dernier coup de massue qu’on a pu nous donner, c’est ça. Et puis on a plus de nouveaux marchés, plus de commandes. Les commandes sont en baisse. Pour vous donner une idée, il y a trois ans, on nous demandait de faire trente mille mètres de chaînes. Aujourd’hui, on est arrivé à dix-sept mille. Alors ensuite, ils ont commencé à nous dire qu’il fallait que l’effectif baisse. (Donc, j’emploie les termes qu’ils utilisent) Donc ils comptaient sur “l’érosion naturelle du personnel”, “l’érosion naturelle”. C’est toujours les mêmes propos qu’ils ont au Medef et ailleurs “érosion du personnel”, “on va aller chercher du personnel dans le vivier” c’est des propos que moi je ne tolère pas. Et puis, malgré l’érosion naturelle du personnel, pour vous rappeler, en 2015, on était 320 titulaires et on avait 130 personnes en intérim. Aujourd’hui, on est en CDI 250 et on a plus d’intérimaires. Ils ont arrêté tous les intérimaires au 1ᵉʳ septembre. Donc aux dernières NAO, on a su qu’ils faisaient venir un cabinet de restructuration d’entreprise qui s’appelle FRI. Donc on est allé voir sur Internet un peu le profil de ce cabinet. Donc c’est bien des spécialistes de la restructuration d’entreprises. Donc ils devaient nous faire un bilan. Le bilan, il doit être terminé et on devrait avoir avant la fin de semaine une décision avec une date pour une première réunion pour un PSE.
Nord Littoral :
En fin de semaine on va vous annoncer la…
Cyrille Robert :
… La R0 ou la R1 qu’ils appellent.
Donc la R0 c’est vous prévenir qu’il va se passer quelque chose et vous programmez la première réunion (R1) ou ils vont nous annoncer la première réunion directement.
Calais La Sociale :
C’est un peu ce qu’il s’est passé avec Prysmian Draka ?
Cyrille Robert :
Voilà, sauf que nous on a prévenu la direction, le CSE ne sera pas disponible au mois de décembre. Ils peuvent nous convoquer on ira pas.
Nord Littoral :
T’as le droit ?
Cyrille Robert :
Que j’ai le droit ou que j’ai pas le droit j’irai pas. Ils nous claqueront au tribunal, mais on ira pas. C’est les fêtes de fin d’année. Ça fait six mois qu’ils nous disent qu’il y a quelque chose qui se prépare…On n’attend pas les fêtes de fin d’année pour annoncer ça. Ils pouvaient le faire avant. Donc on leur a demandé de passer les fêtes. Si ils acceptent c’est bien, s’ils acceptent pas, ils verront bien juridiquement ce qu’ils pourront faire contre nous. Mais on ira pas, c’est clair. Nous, on a du respect pour les familles. Vous savez, quand vous demandez à un directeur : “Vous êtes capable de faire une réunion le 8 décembre et aller à l’arbre de Noël le 10 devant les familles?” Il vous répond : “Oui, moi je peux le faire.” Moi, je ne peux pas, je ne peux pas aller voir les familles le 10 décembre à l’arbre de Noël avec un plan social qui a démarré avant. Moi, je ne sais pas faire. Eux ils savent. Moi, non. vous voyez que tout est prêt dans le local pour les enfants. On ne va pas là annoncer des suppressions d’emploi comme ça juste avant Noël.
Alors la tension dans l’entreprise… Ben je vous le fais pas dire, comme ça fait six mois qu’il nous font poireauter, tout le monde se pose des questions, tout le monde est inquiet. Alors pendant ce temps là, on voit Meccano fermer, On voit Synthexim fermer, on voit les copains de Draka qui ferment aussi. On va aller faire quoi dans le calaisis ? C’est la question que je me pose, qu’est ce qu’on va faire ? Alors j’ai vu dans le journal ce matin, on dit : “Dunkerque, c’est pas loin.” Dunkerque, c’est à 100 kilomètres. 50 aller, 50 retour à 2 € le litre d’essence faut déjà s’y déplacer. Et puis avec la Française des mécaniques qui va devoir aussi s’orienter sur… Tout le monde va perdre l’emploi…
On dit qu’on va créer 16000 emplois avec les batteries. On va détruire combien à côté ? Moi c’est la question que je me pose. Donc on attend les nouvelles et puis ça va être compliqué et tous les coups qui vont nous mettre on va leur rendre, on va faire comme les copains de Draka. On aura que ça à faire, se défendre. On a pris un cabinet d’avocats aussi. Et puis voilà… Voilà les nouvelles de Catensys.
Calais La Sociale :
Est-ce qu’il y a des discussions qui se font pour que vous soyez un peu tous ensemble ? avec Desseilles qui a fermé, Noyons qui ne va pas bien non plus, Graftech, on entend parler, qui ne va pas bien non plus. Est ce qu’il n’y a pas un truc à faire plus collectivement pour ne pas que vous soyez esseulés, chacun dans sa petite usine ?
Cyrille Robert :
Ben est-ce qu’il n’est pas un peu tard ? Parce que le sort, il est fait. Meccano, c’est fini, Synthexim c’est fini… C’est vrai que, est-ce qu’on n’aurait pas du tous se regrouper ? Mais se regrouper devant qui ? Ca préoccupe qui ? Moi, je me pose la question, on voit personne. Nous la dernière fois qu’on a vu quelqu’un ici, c’est à l’inauguration du site. Alors tous les politiques étaient présents pour être en grand sur la photo parce que c’était le déménagement de Brampton. Donc c’était des bonnes nouvelles. Aujourd’hui que les nouvelles sont mauvaises… le néant. On ne voit personne, aucunes nouvelles de personne. Donc ça aurait changé quoi ? Je sais pas, je sais pas. Nous, on va se défendre seuls. Et on sait le faire je pense, savoir se défendre. Mais compter sur qui ? Après s’il y a quelqu’un dans la presse qui a une idée sur qui on peut compter… Je vois dans la presse, madame Bouchart a dit qu’elle a contacté le ministre du Travail et la première ministre et ils peuvent rien faire… Donc, on va aller se plaindre à qui ? Je sais pas.
Calais La Sociale :
Justement, dans l’entreprise, là, l’ambiance est plus à la résignation ou plutôt à la révolte, pour dire les deux opposés ?
Cyrille Robert :
Alors déjà, avant de se révolter, on va déjà attendre de voir ce qu’ils nous préparent. Plan social, c’est sûr, il s’en cache pas, c’est un plan social, mais c’est : le nombre, quelles vont être les moyens pour reclasser les gens ? Est-ce qu’ils vont mettre la main au porte-monnaie pour que les gens partent dignement ? Et aussi, la dernière chose, c’est vérifier, ce qui va rester, dans quelles conditions les gens vont travailler. Parce que c’est important aussi. On va regarder tous ces facteurs là. Mais se défendre, on va se défendre hein ! On les a prévenus, on sait faire… Nous, on s’attend à du costaud, mais ils peuvent s’y attendre aussi. Parce que si on en est là, c’est bien à cause d’eux. Aller délocaliser notre travail en Chine… Alors en Chine, je vais demander à la direction, mais je pense qu’ils vont être plus nombreux que nous dans peu de temps. Ils ont démarré de zéro. En fait, on a tout développé ici. On leur donnait tout cuit, tout cuit qu’on leur a donné. Ils ont pas eu besoin de chercher eux…
Non, ici, il n’y a pas d’alternative. Hormis nous chercher du travail ailleurs, mais où ? A Calais où ? Faudra qu’on m’explique.
Nord Littoral :
Donc Catensys, c’est une usine ici à Calais, Il y a une usine…
Cyrille Robert :
Le siège social est en Allemagne, il y a une unité en Inde, une en Chine. En fait, ils ont repris exactement la structure que Schoeffler avait mise en place. Il faut savoir que du temps de Brampton, on travaillait pour le marché mondial. On aurait gardé le marché mondial, on n’en serait pas là aujourd’hui. Évidemment, ils vont vous dire : “Oui, mais on n’est pas compétitifs…”, “Il fallait aller absolument là-bas…”. A savoir maintenant, quand on a un nouveau marché susceptible d’être produit, et bien on le côte à Calais et on le cote à Catensys Chine. Et puis on nous dit : “Ben vous n’êtes pas compétitifs…”. Ben non, on gagne pas 250 € par mois, ça c’est sûr ! Et puis on n’a pas envie de les gagner… On ne peut pas les gagner avec le coût de la vie.
Calais La Sociale :
C’est vrai que cet argument là, il est un peu – je ne vais pas dire imparable – mais hyper compliqué à parer. Une fois qu’on nous dit ça…
Cyrille Robert :
Qu’est ce que vous voulez qu’on fasse ? Qu’on gagne 250 € par mois ? Déjà la loi ne le permet pas. Et puis on a pas envie qu’elle le permette non plus. Il y a déjà assez de travailleurs précaires comme ça, à Calais.
Calais La Sociale :
Pourtant, avec le Covid, on avait compris… On avait dit qu’il fallait relocaliser certaines industries…
Cyrille Robert :
Ouais… C’est comme : “Il faut traverser la route pour trouver un emploi.” Ou alors : “il faut aller travailler en restauration”… J’invite tout ceux qui disent qu’il faut aller travailler en restauration, d’y aller un moment, et puis ils vont comprendre ce que c’est que de travailler dans la restauration. Pour certains patrons hein ! t’as des patrons corrects mais ils sont pas tous corrects il faut le savoir !
Calais La Sociale :
Donc avec Catensys, le cas précis, vous faites des chaînes pour moteur thermique. On n’aura plus de moteur thermique à terme. Et il y a jamais eu de la part du groupe une volonté de se reconvertir pour faire autre chose ?
Cyrille Robert :
Du groupe Schoeffler, non. On a bien vu que les deux ou trois dernières années de Schoeffler on était… On nous a laissé à l’abandon. Ils ont commencé par diminuer fortement le service R&D, Recherche et Développement. Et on voyait qu’il y avait moins de clients qui venaient. Plus trop de cotation de nouveaux marchés. Et puis tout doucement ils nous ont vendu. Là, Catensys (le groupe Catensys est un groupe d’investisseurs), nous a repris en état. Alors, hormis la pancarte de l’entreprise qui a changé de nom, nous on n’a pas vu grande différence. Il n’y a pas eu une grande recherche de faire autre chose. Donc maintenant, qu’ils nous parlent de plan social Ils ont fait venir l’ARIA. Alors c’est un partenariat avec l’État et cette entreprise pour essayer de changer de produit pour les entreprises qui travaillent pour les moteurs thermiques. On a regardé un petit peu ce qu’ils proposent… Écoutez, si jamais ça a abouti, tant mieux. Mais il y a peu d’espoir…
Nord Littoral :
Techniquement, est-ce que l’usine aurait pu prendre le virage du moteur électrique ? Est ce qu’il y avait quelque chose que vous pouviez produire ici pour le marché de la voiture électrique, avec l’outil et le savoir faire ?
Cyrille Robert :
Honnêtement, on a des fours de traitement thermique, on a des presses de découpage. Mais après tout ce qui est coté assemblage, c’est vraiment spécifique pour faire de la chaîne, je vois pas ce qu’on pourrait faire autrement que de la chaîne avec ça. Il aurait fallu investir. J’en parlais il y a treize ans de ça, du temps de Schoeffler. Je disais: “La voiture électrique, ça vous inquiète pas ?”, “- On en est loin, mon pauvre monsieur. On en est très, très loin…”. Treize ans après on est en plein dedans. Au début, j’y croyais pas non plus. Mais avec l’évolution technologique, tu verras que tu mettras plus vingt heures pour charger ta voiture, ça va s’améliorer. Puis de toute façon ils ont la volonté d’y aller.
De toute façon pour nous il est trop tard. Il y a un an, moi je savais ce qui allait se passer avec l’expérience qu’on a dans le syndicat. On savait. Fonds d’investissement… Déjà, tu vois on a été racheté par un grand groupe, ils ont licencié deux ans après. Alors un fonds d’investissement on n’allait pas passait à côté. Eh bien, ils ont été capables de faire une réception un an après pour fêter le nom Catensys. Tu vois, moi j’étais en observation. On était en observation avec les copains, on n’a pas voulu y participer nous. J’ai pris la parole, je leur ai demandé ce qu’ils fêtaient. Honnêtement hein! C’était pas pour être pessimiste : Plus de recherche et développement, plus d’investissements, plus de nouveaux projets. “Et vous fêtez quoi ?” Je leur avais dit : “On ne va pas faire la fête longtemps”. et dix mois après, ils nous annoncent un plan social. Tu vois ? Et si on ne les empêchait pas, au mois de juin, ils faisaient une journée portes ouvertes pour les familles. On s’était même tous dit : “Ben oui, ils vont montrer l’usine une dernière fois aux familles”. Non, mais ils ne reculent devant rien, ils ne reculent devant rien. Ils sont sûrs d’eux et ils ont tous la même stratégie. Là, je pense que le dernier responsable allemand qu’on a vu, Monsieur Ottmüller, il nous a dit : “l’effectif va suivre le carnet de commandes”.
Nord Littoral :
Oui, parce que là, il n’y a pas comme on dit une protection du tribunal. C’est juste un PSE …
Cyrille Robert :
Attendons la réunion. Quand on aura le contenu de la réunion, on pourra être plus clair. Là, pour l’instant… Tu sais, quand je vois ce qui se passe à Draka, ils t’annoncent une fermeture en cinq minutes… Soyons méfiants. J’ai aucune confiance en eux.
Nord Littoral :
Il n’y aurait pas de volonté de vendre à priori ?
Cyrille Robert :
Mais tu veux vendre ça à qui ? J’ai déjà été étonné qu’on ait été racheté… parce que quand Catensys est venu, notre première question – non pas la première, On leur a demandé le coût de la transaction. Ils n’ont pas voulu nous le dire, forcément, Ils le disent jamais, et après on a demandé : “Pourquoi vous rachetez une entreprise avec un produit qu’on peut considérer en fin de vie ?” En Europe hein ! Je dis bien en Europe. Parce que les américains et en Asie ils vont continuer le thermique. Ils nous ont répondu : “Oui on croit fortement à l’hybride” Au départ, à l’hybride, “On croit en ce marché plus le marché américain, nous, on y croit fortement.” Et un an après, c’est vrai que tu as le Parlement européen qui dit : “Même l’hybride, on n’en veut plus.” Ça change aussi un peu la donne.
Si vous avez quelque chose de joyeux à nous annoncer sur Calais, dites-le nous. Non ? vous n’avez pas grand chose non plus ?
Calais La Sociale :
Au foot, on a gagné…
Nord Littoral :
Il y a eu un truc sur O’Tacos. Des gens qui disent : “Mais qu’est-ce qu’on en à foutre ?” Il y a une élue qui dit : “Ouais mais au moins on créé de l’emploi”…
Cyrille Robert :
Non mais c’est tout à fait ça ! Quand je les vois inaugurer un Burger King… C’est tous des emplois précaires, ils font des CDI aux jeunes 17 h et puis les jeunes ils doivent être disponibles 35 h. Ils peuvent même pas occuper un deuxième emploi. C’est filmé par la télévision, tout le monde le sait, on les laisse faire. l’Inspection du travail tu les vois pas… Tu vois personne ! On est isolés, complètement isolés. Et puis la précarité. Un centre-ville, il peut fonctionner grâce à quoi ? À des emplois où les gens gagnent correctement leur vie, c’est ça la vérité. C’est quand t’as un 13ᵉ mois, c’est quand t’as une prime vacances, quand t’es reconnu par la qualité de ton travail. T’es bien payé, tu peux aller dépenser de l’argent. Quand on sera tous au SMIC ou au RSA, on va aller dépenser quoi ?
Calais La Sociale :
Il y a les touristes…
Cyrille Robert :
Les touristes, ouais… ils viennent du monde entier hein ! puis on a une super météo ! Je veux dire, tout est adapté pour qu’on y arrive. Puis y a le dragon ! On ira tous voir le dragon… On pourra pas monter dessus, C’est 10 € le tour…
Calais La Sociale :
On va tout droit vers une situation où à Calais on n’a plus d’ouvrier ?
Nord Littoral :
Surtout que maintenant, le discours, c’est : “Vous inquiétez pas, il y a Dunkerque”…
Cyrille Robert :
Je lisais ça ce matin, c’est hallucinant… Vous inquiétez pas… il y a Dunkerque ! Alors tu prends Dunkerque, tu prends ta voiture, tu vas déjà dépensé combien pour aller à Dunkerque travailler ? T’as vu le prix de l’essence ? Tu me diras, on sera peut être tous à l’électriques hein… Faudra voir si on a l’autonomie d’y aller maintenant. Mais c’est hallucinant d’entendre un truc pareil. Notre gouvernement [à propos de l’inflation] “On va prendre que 10 % d’augmentation” Maintenant quand tu dis plus que dix, ça ne paraît pas beaucoup… “que 10 % d’augmentation”, c’est pas beaucoup… Là, on a fait une assemblée pour nos retraités, pour leur mutuelle. Ils ont pris 20 %, ils ont pris 10 % l’année dernière, 30 % d’augmentation. On a fait le tour des mutuelles pour changer, pour avoir des remboursements corrects, les mêmes que les actifs, les mêmes que nous, c’est 300 € par mois! Je ne sais pas comment les gens en retraite peuvent prendre une mutuelle à 300 €. Certains peuvent, si t’as été maire de Calais pendant quinze ans à mon avis tu peux. Mais tout le monde n’est pas maire de Calais pendant quinze ans, vous voyez, c’est ça qui me dérange, moi. C’est hallucinant. Et on parle pas des gens qui peuvent pas se chauffer, qui peuvent pas prendre de mutuelles, on en parle jamais, jamais on en parle. Ou alors tous ces gens qui sont en dessous des ponts en train de crever de froid, ou qui n’ont nulle part pour faire leurs besoins. On ne parle de rien du tout. Si, Calais-Nord, la plage, le dragon. Voilà à quoi on peut résumer Calais.