« Nos hommes », un film de Calais la Sociale

Calais la Sociale présente son premier film, « Nos hommes », réalisé par Valentin De Poorter et Pierre Muys. Un documentaire de 62 minutes sur la condition féminine et ouvrière au sein d’une société capitaliste. Retrouvez le calendrier des projections dans cet article.


Synopsis

Un matin de novembre, les téléphones portables de Sarah, Frédérique, Ludivine, Lise et d’autres femmes sonnent. Un SMS assène la même nouvelle, des dizaines de fois : Prysmian-Draka, cette usine où leurs conjoints fabriquent de la fibre optique, va fermer.

Tandis que leurs hommes négocient les conditions de leur licenciement, les femmes se rassemblent, s’organisent et s’engagent. Elles deviennent actrices d’un bras de fer impliquant État, patronat et classe ouvrière.

« Nos hommes » raconte l’itinéraire du premier collectif de femmes d’ouvriers licenciés de France. Une réflexion sur la condition féminine et ouvrière au sein d’une société capitaliste.


Les projections

  • Calais (cinéma L’Alhambra) / 16 juin 2024 à 17h. En partenariat avec la CGT de l’usine Prysmian-Draka de Calais.
  • Calais (café citoyen La Loco) / 9 juillet 2024 à 18h30.
  • Calais (brasserie Chez Nous) / 27 août 2024 à 18h30.
  • Paris (cinéma Le Chaplin) / 7 octobre 2024 à 20h30. En partenariat avec Attac et la LDH.
  • Lille (centre social Simone Veil) / 8 octobre 2024 à 17h30.

D’autres dates seront ajoutées dans les semaines à venir.

Pour organiser une projection, contactez-nous à cette adresse : calaislasociale@protonmail.com.


Contexte du film

Lundi 20 novembre 2024, la fermeture de l’usine Prysmian-Draka de Calais est brutalement annoncée aux 84 salariés de l’entreprise et aux 47 salariés d’entreprises sous-traitantes. Cette annonce fait l’effet d’une bombe dans le Calaisis, un espace durement touché par une énième séquence de désindustrialisation. En effet, en moins d’une année, trois usines sont fermées à Calais (Synthexim, juin 2023 ; Meccano, octobre 2023 ; Prysmian-Draka, avril 2024) et deux autres sites de production sont visés par des plans sociaux (Desseilles, décembre 2023 ; Catensys, avril 2024). Au total, plus de 350 emplois directs sont supprimés. Calais, ancienne cité ouvrière aux 600 manufactures dentelières, voit ses dernières unités de production industrielles tomber les unes après les autres.

Pour le média local Calais la Sociale, nous – Pierre et Valentin – couvrons cette actualité, en particulier son aspect social. Nous réalisons des reportages et articles, et recueillons les témoignages des personnes directement concernées par les plans de licenciements.

Après l’annonce de la fermeture de Prysmian-Draka, nous nous rendons aux conférences de presse de l’intersyndicale. Nous tissons rapidement un lien de confiance avec Grégory, délégué syndical CGT de l’usine. Le 25 novembre, les salariés organisent une marche blanche dans les rues de la ville. Nous réalisons alors la violence psychologique de cette décision de fermer l’usine : rien ne laissait présager une telle décision, des centaines de vies sont bouleversées du jour au lendemain, plongées dans l’incertitude.

Sophie, épouse de Grégory, participe à la marche du 25 novembre avec leur fille de six ans. Elle y croise d’autres femmes de salariés, abattues. Le soir-même, Sophie décide de contacter d’autres femmes et les rassemblent dans un groupe sur les réseaux sociaux, avec un objectif : organiser l’entraide, rompre l’isolement, faire face collectivement. Le 2 décembre, nous rencontrons plusieurs femmes du collectif au domicile de Sophie. Ce jour-là, devant notre caméra, Sophie lit une lettre bouleversante au président de la République. Elle y raconte les conséquences de l’annonce du 20 novembre dans les foyers des salariés, dans les vies de leurs conjointes et épouses, de leurs enfants. Le même jour, nous filmons une première discussion avec les membres du collectif.

Les semaines passent. Nous continuons de suivre le déroulement des négociations entre les salariés et la direction du groupe Prysmian auxquelles se mêle le collectif de femmes qui, petit à petit, se transforme en groupe d’action. Au bout de quatre mois de lutte et de reportages, nous disposons d’une vingtaine d’heures d’images. Celles-ci nous permettent d’envisager de raconter, par l’image, le récit documentaire d’une lutte féminine, d’une émancipation, d’un cheminement vers le féminisme. De raconter l’histoire du premier collectif de femmes d’ouvriers licenciés de France.