« On veut du salaire ! » : grève à l’hôpital de Calais

Mardi 19 mars, les agents de la fonction publique étaient en grève pour l’augmentation des salaires et l’amélioration des conditions de travail. Pendant que les agents territoriaux défilaient à Marck, les agents de l’hôpital de Calais se sont rassemblés devant l’établissement pour dénoncer la casse des services publics et de celles et ceux qui y travaillent.


« Une femme de ménage qui commence à l’hôpital va avoir le même salaire pendant dix ans parce que du premier échelon au huitième échelon, elle a le même indice. » 

Alors on a cherché à comprendre ce que c’est le point d’indice, ce truc dont les agents de la fonction publique nous parlent souvent en disant : « Il faut qu’il augmente ! ». C’est d’ailleurs pour ça qu’ils manifestaient hier.

 « Le point d’indice, c’est ce qui fait notre salaire. Une infirmière, quand elle débute, elle a un indice à 390. Pour avoir le salaire brut d’une infirmière, on multiplie l’indice 390 par la valeur du point d’indice qui est à 4,92. » On a fait le calcul. Une infirmière commence à 1918,80 euros brut. Ça fait 1631 euros net. La grande vie. 

Des salaires à la prime

Pierrot, qui est aide-soignant, fait les comptes. « Moi ça fait 27 ans que je suis à l’hôpital, j’ai un salaire de base à 1800 euros net. Si tout va bien, j’aurai une retraite de 1500 euros. J’ai commencé le travail à 18 ans, je pourrais m’arrêter à 63 ans et demi avec la nouvelle réforme  ». La grande vie, toujours. 

Parfois, leurs salaires sont gonflés par des primes. « Si je vous montre mon bulletin, il y a 20 lignes de primes », confirme Anne-Laure. Des primes qui, pourtant, ne sont pas prises en compte dans le calcul de la retraite. « Primes de nuit, primes de week-end, prime chaussures… Mon salaire, c’est que ça ! D’accord, ça me permet de vivre tous les jours. Mais quand je serai à la retraite, ça me permettra pas de vivre. »

Les intérimaires pour remplacer les fonctionnaires

Et puis il y a autre chose. « Les jeunes ne veulent plus faire ce travail-là. » Solution ? Les intérimaires. « Il y a beaucoup de postes vacants qui sont comblés par des intérimaires qui gagnent beaucoup plus que ceux qui travaillent là tout le temps. Ce sont des mercenaires. C’est le système qui crée ça et c’est un engrenage. Une aide-soignante qui voit quelqu’un venir de l’extérieur et gagner beaucoup plus en peu de temps, elle va se dire : pourquoi pas moi ? »

Le pire, c’est que c’est pas le pire. Le ministre de la Fonction Publique veut rémunérer ses agents au mérite. Les gens viennent au boulot tous les jours et font tenir la société, ça suffit pas ? 

FIlm : Pierre Muys
Texte : Valentin De Poorter