Les sacrifiés de Prysmian-Draka triompheront. 

Édito de Valentin De Poorter

C’était un matin de novembre 2023. Les sinistrés des inondations nettoyaient les dégâts d’une eau entrée dans les maisons. Des vies tourmentées, abîmées, devenues incertaines. Non loin, les ouvriers d’une usine calaisienne étaient à leur tour faits sinistrés, non pas victimes d’un climat déréglé et d’infrastructures inadaptées, mais par la violence d’une multinationale entrée dans les foyers pour humilier.

« Bonjour. On ferme l’usine. Au revoir ». 82 licenciés. Du jour au lendemain. Sans sommation. Privés de boulot. Privés de salaire. Pourquoi ? Parce que. Pour que ça aille mieux pour la multinationale, il faut que ça aille mal pour les salariés de Calais. C’est comme ça. C’est le marché qui décide. C’est le marché qui sacrifie. Toi tu vis, toi tu crèves. 

Les foyers frappés par un plan social par le passé connaissent les sentiments qu’inflige l’attente d’un licenciement. Que sera demain ? Pourra-t-on payer le loyer de la maison ? Pourra-t-on emmener les gamins en vacances ? Pourra-t-on les envoyer faire des études ? « Le maintien permanent de l’incertitude », a dit la voix courageuse d’un collectif de femmes de combat. 

Se battre, justement. Pour quoi ? Empêcher la fermeture de l’usine ? Mission impossible. Les lois de la République sont bien trop fébriles devant les lois du marché. Alors Prysmian doit payer le sacrifice de ses salariés. Tu casses, tu répares. OK Marcello ? Après tout, ils ont fait les bénéfices du groupe pendant des années. En partant, ils protègeront encore le groupe. Votre sécurité financière contre la leur.

J’écris et voilà que le jour se lève. Dans quelques heures, les salariés de Prysmian-Draka repartiront s’asseoir à la table des négociations pour obtenir les meilleures conditions de départ. Et demain. Et après-demain. Ils le font depuis trois mois. Ils ont les traits tirés. Mais que les dirigeants du groupe Prysmian n’espèrent pas l’épuisement de ces femmes et de ces hommes. Leur force est inépuisable. Ils et elles triompheront.