Désindustrialisation de Calais : une colère rouge ?

Le Parti communiste français (PCF) était très représenté dans la manifestation du 10 février contre la désindustrialisation du Calaisis, à commencer par les visages calaisiens du parti : Marion Lavigne, conseillère municipale, et Sébastien Coté, secrétaire de la section PCF du Calaisis, suivis par plusieurs dizaines de militants communistes de la Côte d’Opale. À leurs côtés, la tête de liste communiste aux élections européennes, Léon Deffontaines, avait fait le déplacement, guidé par Cathy Apourceau Poly, Sénatrice du Pas-de-Calais, et son attaché parlementaire, Bertrand Péricaud.

Les communistes le savent, la désindustrialisation d’un territoire et la catastrophe sociale qui va avec sont le terreau favori de l’extrême-droite. Depuis trente ans, le tableau est quasi systématique : l’extrême-droite progresse plus vite là où les salariés sont frappés par les délocalisations, les fermetures d’usines et les licenciements. « On a vécu la désindustrialisation d’Hénin-Beaumont, on voit ce que ça a donné. Pareil aux dernières législatives à Béthune : la victoire de Parmentier [député RN] suite à la fermeture de Bridgestone » nous disait la sénatrice Cathy Apourceau-Poly dans un entretien publié l’année dernière sur notre site.

L’extrême-droite contre les exploités

Pourtant, l’extrême-droite ne propose rien qui remette en cause ou régule le fonctionnement du système économique coupable des phénomènes de désindustrialisation et de maltraitance sociale. Au contraire, partout où elle est au pouvoir, l’extrême-droite supprime les droits des salariés et se met au service des actionnaires et du marché libre dont elle est la meilleure alliée.

À Calais, touchée depuis un an par une séquence brutale de désindustrialisation, le risque est grand que la « colère noire » conduise à l’arrivée au pouvoir du Rassemblement national. « Mon camarade Alain Bocquet théorisait l’idée de colère rouge et de colère noire » nous présentait Bertrand Péricaud dans l’entretien évoqué plus haut. La colère noire, nous disait-il, règle ses comptes, se venge et veut faire payer. De ce point de vue, le vote pour l’extrême-droite serait comme une punition infligée à celles et ceux qui ont gouverné depuis des décennies et qui ont conduit au désastre social que nous connaissons.

La colère rouge plutôt que la colère noire

Face à cela, la tâche est grande pour les militants et les représentants du PCF : convaincre que la colère rouge et les idées du Parti communiste sont à même de protéger les salariés exploités et brisés par les caprices des actionnaires. La colère rouge plutôt que la colère noire. Voilà sans doute pourquoi les communistes étaient si nombreux dans le cortège du 10 février à Calais, là où ils devaient être.

Valentin De Poorter