Les inondations dans le Pas-de-Calais étaient prévisibles

Quelques jours avant le début des inondations qui touchent actuellement le Pas-de-Calais, une conférence sur la montée des eaux était organisée à Calais à l’occasion du Forum des associations environnementales. Alain Vandevoorde, de l’association Les Amis de la Terre, était venu expliquer le fonctionnement des wateringues, ce système qui permet d’évacuer l’eau des canaux vers la mer. Il avait alerté sur les limites du système de pompage, insuffisant en cas de précipitations importantes. Aujourd’hui, les événements lui donnent raison et posent la question de l’inaction politique des élus en place, ou du moins la question de leur capacité à agir. 

« Au niveau des instances des wateringues, ça fait un certain nombre d’années qu’ils disent : “On a des problèmes de pompage. Les pompages arrivent aux limites. Il faut qu’on créé des nouvelles capacités de pompage. Il faut qu’on rénove un certain nombre de pompes”. Aujourd’hui, on n’en prend pas le chemin. » déplorait Alain Vandevoorde le 28 octobre. Trois semaines plus tard, la sécurité civile du Pas-de-Calais déploie tous ses moyens nationaux de pompages dans le Pas-de-Calais pour pallier à défaillance du système existant. 

« À partir du moment où il n’y a pas de volonté politique, ça ne se fait pas »

Les événements des derniers jours feront-ils évoluer ce système ? Lors de la conférence du mois d’octobre, Alain Vandevoorde décrivait et dénonçait des responsables politiques à réaction. « Toutes ces mesures sont toujours consécutives à des catastrophes. C’est ça qui est terrible. Il y a des choses qu’on sait mais on n’agit pas et on attend la catastrophe. On attend qu’il y ait une énorme émotion ». Le militant associatif conclut : « À partir du moment où il n’y a pas de volonté politique, ça ne se fait pas. Et donc on va sur des problèmes. » 

Notre reportage dans les villages du Calaisis qui ont les pieds dans l’eau.

Pour autant, si les institutions politiques le voulaient, auraient-elles seulement les moyens d’agir ? Aujourd’hui, ce sont les collectivités locales qui ont la compétence et la responsabilité des wateringues. « Ce devrait être une mission assurée par l’État, explique Alain Vandevoorde. Aujourd’hui, ce sont les communautés de communes qui n’ont pas les moyens financiers de pouvoir faire les investissements nécessaires. » 

« Si on élargit les écoulements gravitaires, on va pouvoir éliminer plus d’eau. »

Les moyens financiers nécessaires pour adapter le système des wateringues au changement climatique sont colossaux tant la modernisation du système des wateringues sera importante. Alain Vandevoorde simplifie : « On a essentiellement quatre points d’évacuation vers la mer et il faudrait que ces points existants soient élargis. C’est comme si vous rouliez sur une autoroute. Quand on passe de deux voies à trois voies, on a beaucoup plus de trafic. Si on élargit les écoulements gravitaires, on va pouvoir éliminer plus d’eau. » 

En début d’année, nous rencontrions Christian Louchez, membre de l’association des 4C (Citoyennes et Citoyens du Calaisis pour le Climat). Devant l’une des stations de pompage qui tourne aujourd’hui à plein régime, il avertissait lui aussi : « À certains moments, on pourrait être effectivement embêté, soit pour des raisons techniques, soit parce qu’il y a une conjonction de phénomènes où la marée haute ne permet pas de vider correctement, ou que les pompes ne sont pas assez puissantes pour vider toute l’eau qui arrive dans le territoire, et dans ce cas-là on a des inondations. »


Pour lire et écouter l’intervention d’Alain Vandevoorde en intégralité :