Le discours de Francis Peduzzi, directeur du Channel

Depuis quelques semaines, le directeur du Channel fait l’objet d’une attaque de la municipalité de Calais. Les syndicats, mobilisés contre la réforme des retraites, ont apporté leur soutien à la scène nationale et à son personnel.

Il y a quelques semaines, les syndicats avaient promis de défendre le Channel et ses équipes face à l’attaque de la mairie. En effet, la municipalité de Calais a exprimé son souhait de voir partir Francis Peduzzi, directeur de la scène nationale depuis 30 ans.

Vendredi 3 mars, lors de la marche aux flambeaux contre la réforme des retraites, les syndicats ont emmené le cortège devant le Channel. Là-bas, nous avons assisté à l’union sacrée entre les syndicats et le Channel. Symboliquement, c’est une voix syndicale – celle de la déléguée Sud Carole Péru – qui a fait résonner les mots de Francis Peduzzi dans la nuit calaisienne.

Le texte de Francis Peduzzi

« Malheureusement absent, il est de mon devoir, en tant que directeur du Channel et au nom de toute son équipe, de m’adresser à vous. Alors quelques mots. 

D’abord pour vous saluer. 

Ensuite pour vous remercier. 

En liant le mot d’ordre de votre manifestation à la défense du Channel et de son personnel, vous exprimez mieux que quiconque la profondeur du rapport de confiance entre la population et sa scène nationale, entre vous et nous. 

Le grand géant, le petit géant noir, la petite géante, les girafes, l’éléphant, paradant dans les rues de Calais sous la magie du Royal de Luxe ou bien Long Ma de la Machine, tout ça c’est nous, c’est vous. 

Feux d’hiver, et toutes ces étoiles qui pétillent dans le regard de ses milliers de visiteurs, c’est nous et c’est encore vous. 

Ce lieu de vie artistique, espace de libre expression, que vous avez devant vous, c’est nous et toujours vous.

Car nous, sans vous, nous n’avons aucune raison d’être. Cet outil est le vôtre. Il est mis en danger. 

Mais le savez-vous ? Vous faites encore plus. Vous avez posé, aujourd’hui, ici, à Calais, un acte historique. 

Jamais, en France, depuis qu’une politique publique de la culture existe dans ce pays, jamais aucune manifestation pour la défense d’une structure culturelle n’avait été organisée par une intersyndicale. 

À travers votre initiative, vous traduisez la réussite de cette quête inlassable qui fut la nôtre depuis trente ans : travailler sur un territoire, avec un territoire. 

C’est notre plus belle récompense. 

Ce lien profond résistera à la calomnie, et personne ne pourra désormais le nier ni le dénouer. Pour cela, merci de tout cœur. 

Nous allons prendre, nous aussi, plusieurs initiatives pour affirmer notre présence.

Je vous annonce donc dès à présent un premier rendez-vous artistique, festif et populaire, en soutien au Channel. 

Il s’intitule : Le 6 mai, on s’y met. C’est facile à retenir, le 6 mais, on s’y met. C’est un samedi. 

Vous êtes tous conviés. Venez en famille, mobilisez vos proches et vos amis, parlez-en autour de vous. Nous disposerons bientôt de tout le matériel nécessaire pour diffuser l’information. 

Maintenant place au souvenir de Feux d’hiver. 

En comme le chante HK : nous, on veut continuer à danser encore. 

Très bonne soirée. 

Francis Peduzzi. » 

Valentin D. et Pierre Muys.