“L’État m’a tuée” : la colère des infirmières et infirmiers libéraux

Mardi 16 avril, les infirmières et infirmiers des cabinets libéraux ont manifesté à Calais pour réclamer la revalorisation de leur rémunération qui stagne depuis 2009. Un sursaut pour une profession et des patients en danger.

Si rien ne change, 56% des cabinets pourraient fermer dans les années à venir. « Parce que les infirmiers en ont marre, ils en ont ras-le-bol« , constate Lucie Cape, infirmière libérale à Calais. “Qui va aller soigner les patients à domicile ? On ne sait pas.” 

A l’origine de la colère, des rémunérations qui n’évoluent pas depuis… 15 ans. Pendant ce temps-là, l’inflation galope. “26% d’inflation depuis 15 ans, c’est plus possible. On demande juste une ouverture de négociations”, explique Emilie Boyaval, venue de Dunkerque. L’autre demande : la reconnaissance de la pénibilité et une retraite à taux plein à 60 ou 62 ans. 

Dans le cortège, des infirmières et infirmiers du Calaisis alertent sur l’enjeu : la disparition d’un métier essentiel. “On nous demande de prendre en soin les gens chez eux le plus possible pour éviter les hospitalisations et les demandes en Ehpad. Mais c’est impossible si on n’est pas là”, met en garde Marine Mouchon, infirmière à Landrethun-le-Nord. 

Devant le monument aux morts qui fait face à la mairie de Calais, les infirmières et infirmiers, masqués et vêtus de noir, mettent en scène leur propre disparition autour d’un cercueil symbolisant leur profession. “Adieu Priscilla. Adieu Baptiste. Adieu Steph. Adieu Justine. Adieu Nathalie. Adieu Justine. Adieu Virginie. Adieu Hélène. Adieu Elodie…

Dans le Calaisis, ce n’est pas la première fois que des professions de la santé se mobilisent depuis le début de l’année. Le 18 janvier, les agents de la clinique des 2 Caps étaient en grève. Fin janvier, une grève était évitée de peu dans les laboratoires Biopath. Le 19 mars, c’était au tour des agents du centre hospitalier de Calais de se mobiliser. Cette fois-ci, ce sont les infirmiers libéraux qui alertent. 

Dans le public comme dans le privé, le système de santé français semble à bout de souffle. “L’Etat n’écoute pas alors qu’il a besoin de nous. Et après quand ils auront besoin qu’on les soigne, ils se demanderont ce qu’il se passe”, conclut une infirmière dans le cortège. 


Valentin De Poorter