Armatis, ma vie au SMIC

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C’est l’histoire de salariés mal payés et qui en ont marre d’être mal payés. Leur boulot, c’est de conseiller les clients par téléphone. Hier, mercredi 13 mars, ils et elles ont arrêté de travailler pendant une heure pour réclamer des hausses de salaires. 

Un peu d’histoire pour comprendre. On est en 2003. L’usine LU vient de fermer. Danone, propriétaire de LU, doit chercher un repreneur pour le site calaisien. Le choix se porte sur Armatis, qui promet de transformer l’usine en centre d’appels et de créer des centaines d’emplois dans le Calaisis.

Ils n’avaient pas menti : Armatis emploie aujourd’hui 600 personnes et a même construit un nouveau bâtiment il y a dix ans. On pourrait se dire : « Trop bien ! De l’emploi pour les Calaisiennes et les Calaisiens ! ». Oui, mais quels emplois ? Avec quel niveau de rémunération ? 

« prendre des responsabilité chez Armatis, c’est être certain de gagner moins ! »

Caroline bosse chez Armatis depuis 20 ans. « Je suis payée comme quelqu’un qui vient de rentrer dans l’entreprise ! ». Autour, les discussions se ressemblent. Ambre est au SMIC, Véronique est au SMIC, Anaïs est au SMIC. 

« Je voudrais bien prendre des responsabilités pour gagner plus, me dit Anaïs, mais prendre des responsabilité chez Armatis, c’est être certain de gagner moins ! » 

Hein ? Quoi ? 

« Les encadrants gagnent seulement 30 euros de plus que les personnes qui passent les appels », précise Alexina. Et si les conseillères et conseillers sont « performants » au téléphone, alors ils ou elles ont accès à une prime qui peut atteindre 200 euros, et qui leur permet de gagner plus que leurs encadrants qui n’ont pas accès à cette prime ! 

toutes et Tous au SMIC !

Mais pourquoi les encadrants ont-ils des salaires de base aussi bas ? Parce qu’en France, le salaire minimum augmente quand les prix à la consommation augmentent. C’est la loi. Le problème, c’est que ce n’est pas le cas des autres salaires. Rien dans la loi à ce sujet. C’est donc mécanique : avec le temps, le SMIC augmente et finit par rattraper les autres salaires. 

Voilà pourquoi certains partis politiques (notamment de gauche) défendent l’indexation des salaires sur l’inflation. 

Pendant ce temps-là, Armatis réalise son rêve : payer tous ses salariés au salaire minimum. Sans avantages, évidemment : pas de tickets resto et les salariés se contenteront d’une mutuelle bas de gamme. « C’est pas juste« , conclut Ambre.

Valentin De Poorter