Les cheminots CGT de Calais inaugurent leur local syndical

Jeudi 7 mars dernier, la section CGT des cheminots de Calais a célébré avec force l’obtention d’une vieille revendication : l’inauguration d’un local syndical portant le nom de Pierre Sémard.

FAIRE FORCE DE PROXIMITE

Jérôme Mignien, secrétaire général de la section calaisienne, s’est saisi de l’occasion pour délivrer un discours puissant, actant l’événement :

« Je me dois de rappeler l’importance de ce local à l’heure où les moyens d’agir syndicalement se trouvent entravés par les différentes lois et réformes rétrogrades« 

exprime-t-il après avoir remercié Xavier Wattebled et Emmanuel Duflos, précédents secrétaires impliqués dans les luttes sociales calaisiennes et cheminotes et principaux acteurs dans l’acquisition du local. Il poursuit :

« Avoir un point de rassemblement en gare, à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes, si proche des cheminots, n’est pas anodin ; c’est une véritable force de proximité. »

Pour le syndicaliste, il est en effet important de signaler et de faire entendre en quoi l’acquisition d’un tel espace dédié à la défense sociale des salariés est si cruciale aujourd’hui :

« La CGT a toujours su défendre les travailleurs à travers les époques, non pas en adaptant ses valeurs, mais en s’organisant démocratiquement, en se structurant pour lutter contre le patronat, les gouvernements capitalistes, libéraux ou toute autre idéologie visant à asservir les travailleurs de ce pays. »

Affronter le fascisme qui vient

Après un vibrant éloge à Pierre Sémard, syndicaliste cheminot communiste assassiné par l’extrême droite ultra-libérale nazie le 7 mars 1942, Jérôme Mignien inscrit la prise du local dans un contexte politique périlleux pour les travailleurs. Un péril qu’il nomme Rassemblement National, avec son fascisme qui vient :

« L’idéologie d’extrême droite n’a jamais été et ne sera jamais une idéologie comme les autres. Malgré ses beaux discours, elle ne sert qu’une chose : le capitalisme. Rappelons-nous ce discours : « Hitler plutôt que le Front populaire » que scandaient le patronat et l’extrême droite de l’avant-guerre dans un monde où les repères idéologiques sont brouillés. »

Plus loin, il poursuit :

« Je ne vous annonce pas le retour des Panzer dans nos rues en ruines. Je vous parle d’une idéologie qui n’a vraiment jamais été éradiquée, celle de la haine de l’autre, parce qu’il est d’une couleur, d’une nationalité ou d’une religion différente. Aujourd’hui, ils nous appellent islamo-gauchistes, à l’époque de Pierre Sémard c’était les judéo-bolchéviques. Pensez-vous vraiment qu’ils ont évolué ? Bien sûr que non. »

Concluant son discours par le dévoilement d’une plaque commémorative dédiée au martyr syndicaliste, le secrétaire général des cheminots de Calais a su rappeler avec détermination à quel point l’organisation du travail demeure l’un des principaux enjeux de lutte sociale, économique et politique. Le travail, est un espace social urgent à occuper et défendre face au projet de société porté par une bourgeoisie violente et radicale, qu’elle soit aussi bien d’extrême-centre que d’extrême-droite.

Images : Valentin De Poorter
Article et montage : Pierre Muys