Depuis jeudi 22 février, l’usine calaisienne Prysmian-Draka est bloquée par les salariés après la proposition ridicule de la direction du groupe Prysmian : une prime supra-légale de 10 000 euros. Pour rappel, la direction a annoncé la fermeture de l’usine le 20 novembre dernier. Depuis, les organisations syndicales négocient les meilleures conditions de départ avec la direction du groupe. Lundi 26 février, la porte-parole du collectif des femmes de salariés a pris la parole avant la reprise des négociations (vidéo ci-dessous).
Pour comprendre pourquoi cette proposition est absurde, il faut regarder quelques chiffres : le groupe Prysmian dégage un chiffre d’affaires de 16 milliards d’euros (2022), dont 1.6 milliards de bénéfices (estimation 2023). Il possède 108 usines réparties dans 50 pays, dont 10 en France, et emploie 30 000 personnes.
Cette proposition est d’autant plus lamentable que l’usine calaisienne ne perdait pas d’argent, bien au contraire : en 2023, le site de Calais a dégagé 5,4 millions d’euros de bénéfices qui ont filé tout droit dans les poches des actionnaires.
Une fermeture pour protéger le groupe
Mais alors, pourquoi fermer l’usine si tout allait bien ? Parce que, selon la direction du groupe, tout n’allait pas si bien et l’usine allait commencer à essuyer des « pertes significatives » dès l’année 2024. « C’était la meilleure décision à prendre pour le groupe » a réagi effrontément l’un des PDG de Prysmian, Marcello Del Branna, dans une interview à Nord Littoral.
« Il justifie sans aucun scrupule qu’il fallait protéger le groupe. Le groupe ! Pas nos maris, pas nos enfants, pas nous ! » a répliqué Sophie Agneray, porte-parole du collectif les femmes des salariés Prysmian Draka Calais lors d’une prise de parole ce lundi 26 février au matin.
Votre sécurité contre la notre
Les salariés et leurs proches se sont en effet réunis avant la reprise des négociations pour mettre en garde le groupe Prysmian contre d’autres propositions déraisonnables. « Faut-il vraiment aborder les sujets sensibles de Prysmian publiquement ? » a averti Sophie Agneray, sans dévoiler (pour l’instant) des affaires qui pourraient être très embarassantes pour l’image du groupe italien.
Ce que réclament le collectif et les syndicats est finalement très simple : un dédommagement à la hauteur de la brutalité et des moyens fincanciers du groupe Prysmian. « Le collectif vous garantira la sécurité. À vous de garantir la notre » a simplement demandé la porte-parole du collectif, applaudie par les salariés derrière elle.
Texte et vidéo : Valentin De Poorter
EDIT : à la reprise des négociations le 26 février, la direction a proposé une prime de 15 700 euros, conditionnée a la diminution des montants des préretraites, négociées quelques jours plus tôt. Une proposition balayée par les représentants des salariés.
À REVOIR
1. LE COLLAGE DEVANT L’USINE
2. UNE TABLE RONDE AVEC LE COLLECTIF
3. LA LETTRE AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE