Le 21 décembre, un mouvement de grève paralysait le trafic entre la France et la Grande-Bretagne. Au bout de plusieurs heures de blocage et de négociations, le rapport de force tournait à l’avantage des salariés : l’intersyndicale faisait plier la direction qui accédait finalement à ses revendications.
« Ce n’était pas une grève surprise » raconte un membre de l’intersyndicale quelques jours plus tard. Il explique : « Ça faisait des mois et des mois que, indépendamment, chaque syndicat avait alerté des problèmes et réclamait cette prime ». En effet, au cœur des débats se trouvait le versement d’une prime que la direction ne souhaitait pas supérieure à 1000 euros brut. Mécontents, les syndicats ont constitué une intersyndicale le 18 décembre pour revendiquer ensemble une prime de 3000 euros.
« Rétribuer correctement tes salariés et pas seulement tes actionnaires »
Pour le syndicaliste que nous interrogeons, il s’agit simplement de partager la valeur : « On a une entreprise qui fait plusieurs milliards d’euros de chiffre d’affaire et on voit dans les médias que la direction se vante de très bien réussir. On doit partager avec les salariés. C’est en partie grâce à ses salariés que l’entreprise fait des bénéfices et quand tu annonces presque deux milliards de bénéfices en fin d’année, tu te dois de rétribuer correctement tes salariés et pas seulement tes actionnaires ».
Dans un premier temps, la direction campait sur sa position et n’acceptait pas les revendications de l’intersyndicale. Le 21 décembre, celle dernière mettait à exécution sa menace d’une grève générale. Vers midi, des centaines de salariés cessaient le travail, immobilisant le trafic de passagers et de marchandises.
« Quand tu vas à la grève, c’est un échec »
Finalement, au bout d’un bras de fer retentissant, la direction d’Eurotunnel cédait et s’engageait à verser aux salariés les 3000 euros demandés par les syndicats. « On ne peut pas dire que ce soit une victoire pour l’intersyndicale parce que quand tu vas à la grève, c’est un échec » commente néanmoins notre syndicaliste. « On aurait préféré se mettre à la table des négociations bien avant ce jeudi et trouver un accord. Toute notre clientèle en a pâti, c’est pas le top » regrette-t-il, pointant du doigt la responsabilité de la direction qui a tardé à négocier. Malgré tout, notre contact se réjouit d’un climat social apaisé entre les salariés et la direction. « C’est ça notre victoire » conclut-il.
Valentin De Poorter