Un député européen au Marais-de-Guînes : que peut l’Europe pour les sinistrés ?

Il y a quelques jours, le député européen Pierre Larrouturou est venu dans le Calaisis pour constater les dégâts après les inondations du mois de novembre. Il était reçu par Allan Turpin, maire d’Andres et président de l’association Stop Inondations, qui lui a présenté des sinistrés du coin.

Quand Pierre Larrouturou a annoncé sa venue dans le Calaisis, on s’est demandé ce qu’un député européen pouvait bien faire, là-bas, depuis Bruxelles, pour régler les problèmes d’inondations dans le Calaisis. Alors on l’a suivi pendant un moment pour écouter ses propositions aux sinistrés.

 » Il faut taxer les marchés financiers »

Dans la voiture d’Allan Turpin qui roule vers Balinghem, l’eurodéputé explique : « Il faut trouver des dizaines de milliards d’euros pour limiter le réchauffement climatique et pour limiter les catastrophes comme les inondations. On a entendu les Gilets jaunes, c’est pas ceux qui gagnent 1000 ou 2000 euros par mois qu’il faut taxer. Il faut taxer les marchés financiers. Le Parlement européen demande une taxe de 0,1% sur les marchés financiers » défend-il.

La voiture d’Allan Turpin finit par arriver au Jardin des Noires Terres, chez Camille et Constanza, que nous avions rencontrés quelques jours plus tôt. Leur exploitation maraîchère bio avait été totalement inondée pendant un mois. « On en parle comme d’un petit problème local » explique Camille qui préférerait que ce soit une question nationale, avec des budgets nationaux. Pierre Larrouturou enchaîne : « C’est au niveau local qu’on voit les problèmes, c’est au niveau local qu’on invente des solutions, mais c’est au niveau local qu’on s’engueule parce qu’on n’a pas d’argent. Donc est-ce que l’Europe est capable de débloquer des financements qui arrivent immédiatement au niveau local ? » souffle-t-il.

Après ces premiers échanges, on comprend mieux ce que pourrait être le rôle de l’Europe dans toute cette histoire : aller chercher les sous sur les marchés financiers et les refiler aux institutions qui en ont besoin pour rénover le système de lutte contre les inondations.

« Si ça continue un mois ou deux mois, je peux fermer »

Après un dernier trajet sur des routes abîmées par l’eau, on débarque chez Bertrand Bettremieux, garagiste au Marais-de-Guînes. Il a installé son garage automobile dans la cour de sa maison. Il a tout perdu : son lieu de vie et son outil de travail. « Dès lors qu’on n’agit pas sur ces problèmes d’inondations, on met en péril des petites sociétés, des petites structures. Et on met en péril carrément des familles » commente Allan Turpin.

Bertrand acquiese : « Je comprends que les experts aient du travail. Mais moi ce que j’essaye de leur faire comprendre, c’est qu’ils se dépêchent un petit peu pour les sociétés. Parce que les sociétés ne peuvent pas travailler, elles n’ont pas de revenus. Et puis moi, c’est pas une grosse structure quoi. On travaille pas, on n’a pas de salaire hein… » raconte le garagiste qui compte déjà les clients perdus. « Très honnêtement, si ça continue un mois ou deux mois, je peux fermer » conclut-il.

Reportage : Valentin De Poorter