A Calais, un rassemblement en soutien aux élus agressés

Ce lundi midi, des rassemblements avaient lieu devant les mairies de France, après l’agression du maire de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), dont le domicile a été attaqué à la voiture bélier quelques jours plus tôt.

À Calais, une centaine de personnes s’est réunie autour du perron de l’hôtel de ville, où le premier adjoint à la mairie de Calais, Emmanuel Agius, a lu un texte de Natacha Bouchart, absente. « En réaction à la mort du jeune Nahel lors d’un contrôle routier à Nanterre, une vague de violences urbaines déferle sur notre pays, a lu l’élu. Face à ce drame, nous adressons bien sûr nos sincères condoléances à sa famille et à ses proches. Toutefois, ce drame pour lequel la justice devra faire toute la lumière, ne justifie en aucun cas ni la violence ni la haine déchaînée contre notre République, ses valeurs et ses représentants. »

Autour de lui, les élus du groupe majoritaire au conseil municipal étaient présents, ainsi que les élus de gauche. « Je pense, qu’il faut aussi condamner, approuve Nicolas Vernalde, conseiller municipal d’opposition (PS). Je ne vois pas en quoi brûler une école ou un centre d’accueil dans un centre social, ça va aider le quartier. Les premiers pénalisés, ça va être les habitants du quartier. Donc… C’est là où c’est important aussi de condamner ces genres de violence quoi. »

« Il faut aller dans les quartiers, rentrer dedans, interroger un par un tout le monde pour comprendre« 

A ses côtés, son collège Jean-Philippe Lannoy (LFI) abonde : « Personne ne dit qu’on autorise la violence. Personne dans tout le spectre politique. C’est juste que ça doit nous faire réfléchir. » explique-t-il. « C’est un sujet qui est éminemment complexe, et de là où on est, de là où je suis, Calaisien, urbain, j’ai un mal de chien à comprendre pourquoi. Et donc il faut se mettre autour de la table. Il faut aller dans les quartiers, rentrer dedans, interroger un par un tout le monde pour comprendre avec, comme tu disais, des sociologues et autres pour aller au fond du problème et apporter des solutions, des solutions politiques. » poursuit l’élu insoumis.

Avec eux, le conseiller municipal écologiste Jean-Pierre Moussally (EELV) : « Evidemment, on est républicains. Évidemment, on souhaite que les violences dans la société s’arrêtent, mais il faut qu’elles s’arrêtent de chaque côté. » lance-t-il devant notre caméra. « Il y a eu une dérive depuis de nombreuses années, qui a commencé par la doctrine de Nicolas Sarkozy de supprimer la police de proximité et de faire dans le tout répressif. » rappelle l’élu.

« L’éducation civique, ça se faisait avec des médiateurs dans les quartiers« 

Devant le perron de la mairie, Grégory Lefebvre, habitant du Fort Nieulay et militant insoumis témoigne. « La République, comme je disais tout à l’heure, c’est trois mots, ils devraient y figurer… [Il montre la façade de la mairie derrière lui]. Liberté, Egalité, Fraternité. Si on ne sait pas ce qu’on doit défendre ensemble, si on ne sait pas ce qu’on doit protéger, comment le protéger ? On ne connaît bien que ce qu’on protège, c’est valable pour la nature comme pour les institutions. […]. L’éducation civique, ça se faisait avec des médiateurs dans les quartiers, ça se faisait avec l’école et les gamins quand ils étaient au courant, ils savaient qu’on touche pas une école, on touche pas un commissariat, même si on est contre. Moi, je suis contre la maire, je suis contre les violences policières. Je ne vais pas m’attaquer au commissariat ou… Vous voyez ? Il y a des limites à ne pas franchir. Et ça, on le sait parce que si on a reçu une éducation. C’est pas que les parents, c’est l’ensemble de la société qui doit impliquer tout le monde, en fait. Et qu’on soit Français ou étranger, ça marche dans tous les sens. »

Reportage : Pierre Muys et Valentin De Poorter