Mardi 6 juin, le petit village de Bouquehault a accueilli une troisième manifestation contre la réforme des retraites.
« Si j’organise ces manifestations, avec les copains du collectif, c’est pour porter ces voix-là, ces voix qu’on n’écoute jamais, mais qui sont au cœur de l’action politique. Si un politique ne vient pas regarder ce que sont les vies, si un politique ne fait pas cet effort de regarder à quoi ressemble une vie, comment il fait les lois ? » a lancé Valentin De Poorter, initiateur de l’événement, à l’attention des penseurs de la réforme des retraites. Face à lui, le député François Ruffin – qui est venu manifester à Bouquehault – écoute, attentif.
Des vies qui se racontent
Autour, plus de 150 personnes sont réunies. D’autres sont là… sans vraiment être là : « Beaucoup de gens ne peuvent pas être là aujourd’hui, explique Valentin. Mais j’ai voulu trouver un moyen pour faire en sorte que leurs voix soient là. Je suis allé, cette semaine, avec mon micro, dans le village pour enregistrer leurs voix. Je voudrais qu’on les écoute », propose le Bouquehaultier qui filme et écrit régulièrement pour Calais La Sociale.
Sur la place, des voix s’élèvent. « Quand je vois dans l’état que je suis déjà à 52 ans, je ne sais pas comment je vais faire pour arriver jusqu’au bout » explique un mécanicien. « Je suis étancheur, poursuit un autre, donc forcément à 64 ans, je n’ai pas envie de monter sur les toitures et puis de porter des rouleaux de 40 kilos sur les épaules ». « Mon balai il va me servir de canne ! » ironise une femme de ménage.
Pendant dix minutes, les voix ont ainsi résonné dans les rues de Bouquehault, devenue, en trois dates, un village porte-voix, un « symbole de la contestation » pour Nord Littoral et « la capitale de la contestation rurale » pour La Voix du Nord.
Les voix du cortège
Reportage : Pierre Muys
Photos : Arthur V. et Louis D.