Au programme du conseil municipal du 16 mai 2023 : les mots de la maire sur les usines Synthexim et Meccano, un dragon qui rapporterait 15 millions d’euros, des fermetures de classes dans la ville et un budget participatif qui interroge.
INDUSTRIE
Natacha Bouchart flingue la direction de Synthexim et réfléchit à la reconversion de Meccano
Après un hommage à Frédéric Caulier, collaborateur lâchement agressé lors d’une sortie de l’équipe municipale, Natacha Bouchart, maire de Calais, a introduit le conseil en revenant sur les fermetures de Synthexim et Meccano.
L’élue a d’abord fustigé la direction de Synthexim : « nous nous sommes rendus compte que l’outil industriel n’avait pas été renouvelé comme il le fallait et que la situation actuelle résultait en grande partie d’erreurs de gestion. » Plus loin, elle assène : « Je le dis, et je le répète, c’est elle, cette direction, qui a coulé Synthexim. »
Au passage, la maire de Calais déplore les exigences des autorités de l’État sur le plan environnemental. « L’ampleur des investissements nécessaires pour satisfaire aux contraintes réglementaires, sans compter l’argent qu’il aurait fallu investir pour moderniser l’outil industriel, a découragé des intérêts pourtant réels. » commente-t-elle, évoquant l’absence de repreneur pour le site industriel.
Sur le dossier Meccano, Natacha Bouchart a déploré n’avoir pas reçu les réponses aux questions posées à la direction du site. « Combien coûte le rachat de la licence Meccano ? Quels sont les repreneurs qui, selon SpinMaster, n’auraient pas concrétisé leur marque d’intérêt pour reprendre l’activité du site de Calais ? Pouvons-nous obtenir un certain nombre d’informations essentielles à la recherche de repreneurs, tels que les caractéristiques du site et la pyramide des âges ? Malgré plusieurs relances, nous ne disposons toujours pas de l’ensemble de ces éléments« .
Tout en saluant l’accord trouvé entre les représentants du personnel et la direction du site, la maire de Calais a annoncé que les équipe de Calais Promotion réfléchissaient à la « reconversion industrielle » du site.
Pour en savoir plus : l’article complet sur la déclaration de la maire de Calais.
tourisme
Le dragon a généré 15 millions d’euros en 2022, selon une étude
Le « Dragon de Calais » fait du chiffre. C’est ce que révèle la CCI Hauts-de-France dans une étude d’impact présentée devant le conseil municipal par Grégory Stanislavski, directeur des études à la CCI. Dans le détail, ces 15 millions d’euros générés par l’outil touristique sont répartis en trois grandes catégories.
- Impact direct (les salaires versés par la Compagnie du Dragon ainsi que les achats de biens et services de la Compagnie aux locaux) : 1 302 180 euros.
- Impact indirect (dépenses des personnes en visite sur le territoire) : 4 601 948 euros dont 2,2 millions d’euros pour la restauration, 1,5 pour le shopping et 800 000 euros pour l’hébergement.
- Impact induit (la consommation des acteurs intervenus directement ou indirectement) : 9 458 561 euros.
L’étude révèle également que la présence de l’engin a généré près de 150 emplois (23 emplois directs, 42 emplois indirects et 85 emplois induits). Finalement, selon cette étude, 1 euro investis dans le dragon génère 10,72 euros de revenus.
La majorité municipale s’est évidemment félicitée de ces chiffres : « C’est une reconnaissance que de voir ces chiffres aujourd’hui » s’est réjouie Natacha Bouchart. Il persiste cependant un doute dans l’opposition. Le premier à prendre la parole : Marc De Fleurian (RN). « Je ne suis pas d’accord avec cette étude » lance-t-il, mettant en cause l’indépendance de la CCI, subventionnée par Grand Calais. « Si vous pensiez me faire changer d’avis avec cette étude, je ne sais pas si c’était votre espérance, mais je suis navré de la décevoir » conclut-il.
Jean-Philippe Lannoy (LFI), de son côté, regrette que ces chiffres n’aient pas été mis en comparaison avec d’autres lieux. « Sans la comparaison à côté, c’est quand même compliqué de dire si c’est bien ou pas bien » explique-t-il, alors qu’il attendait, pourquoi pas, une comparaison avec le succès de l’Éléphant de Nantes. L’Insoumis s’interroge par ailleurs sur la méthode de calcul de l’impact induit, calculé à partir d’un coefficient, selon un modèle mathématique. « Un coefficient national qui n’a peut-être pas de réalité locale » se demande l’élu.
ÉDUCATION
7 classes vont fermer à Calais : « une économie sur le dos des enfants » dénonce Nicolas Vernalde (PS)
À la rentrée de septembre 2023, il y aura 7 classes en moins à Calais. « Les années se suivent et se ressemblent, malheureusement » a commenté l’élu d’opposition Nicolas Vernalde (PS), qui a proposé une « grande campagne de communication pour inciter l’ensemble de la population à inscrire leurs enfants dans nos écoles publiques » .
La raison de ces fermetures de classes : une baisse récurrente des effectifs, côté élèves. À la rentrée prochaine, il y aura 2700 élèves en moins qu’à la rentrée 2022, dans les écoles du Pas-de-Calais. En cause, la diminution du nombre de naissances depuis plusieurs années. À Calais, 755 bébés sont nés en 2021, contre 1094 en 2014. Par conséquent, moins d’enfants arrivent sur les bancs de l’école.
Pour l’élu socialiste, cette baisse d’effectifs et le maintien des classes aurait été l’occasion d’alléger le nombre d’enfants par classe. « Les études montrent que la réussite scolaire est d’autant plus forte lorsque les classes sont allégées, surtout si l’établissement accueille davantage d’enfants en difficulté, explique-t-il. La baisse démographique que nous subissons, couplée à un maintien des dépenses publiques auraient pu être l’occasion d’améliorer la réussite scolaire de nos enfants. »
Il conclut : « La France consacre 8,5% à l’éducation contre 10,6 de moyenne pour les pays de l’OCDE, nous avions les moyens d’une ambition forte pour notre jeunesse. Le gouvernement aura donc fait le choix de faire une économie sur le dos de nos enfants. »
Pour en savoir plus : notre article complet sur les fermetures de classes à Calais.
La municipalité annonce un budget participatif de 100 000 euros
« La promesse, en 2020, c’était de faire plus de démocratie participative » explique Hugo Marcotte-Ruffin, conseiller municipal. La proposition figurait effectivement dans les propositions de la liste conduite par Natacha Bouchart. « Création d’un budget participatif d’un million d’euros par an » pouvait-on lire.
Finalement, la somme sera dix fois moins importante, ce qui n’a pas manqué de faire réagir l’opposition. « Bien sûr, je salue cette initiative » commence Jean-Philippe Lannoy (LFI). « C’est quand même dommage qu’on n’ait pas atteint cet objectif de 1 million d’euros que je trouvais beaucoup plus intéressant. 100 000 euros, j’ai peur que ce soit un peu limité » s’inquiète-t-il.
Très concrètement, la population calaisienne pourra proposer ses projets autour de trois thématiques : le cadre de vie et l’environnement ; la culture, les loisirs et le sport de plein air ; l’aménagement et la voirie.
« On s’est dit que le budget maximum par projet, c’était 20 000 euros » précise Hugo Marcotte-Ruffin qui explique que les Calaisiennes et Calaisiens pourront proposer leurs idées du 1er au 30 juin. Après cela, une commission – constituée de cinq élus municipaux, de cinq fonctionnaires municipaux et de cinq citoyens tirés au sort – se réunira pour décider de la faisabilité des projets. Les projets retenus seront ensuite soumis au vote des Calaisiennes et Calaisiens, au mois de septembre.
« Budget participatif, mais trop quand même » a commenté Nord Littoral, qui décrit une « participation citoyenne très encadrée« , dans son édition du 17 mai. L’article, d’abord publié sur le site internet du journal, n’est plus accessible.
L’intégralité du conseil municipal est à revoir sur la page Facebook de la ville de Calais.