Depuis plusieurs mois, les agents portuaires CGT de Calais participent à un mouvement de grèves ponctuelles initié par la Fédération nationale CGT Ports et Docks. Ce mouvement, qui dure depuis la dernière réforme des retraites, illustre une colère sociale qui ne faiblit pas face à l’impact des réformes sur leurs conditions de travail, et l’absence de dialogue social constructif avec un gouvernement fragilisé par son instabilité : pas moins de quatre ministres des Transports se sont succédé en moins de deux ans.
Un mouvement qui s’inscrit dans la durée
La mobilisation de cet après-midi s’inscrit dans le prolongement de plusieurs mois de mécontentement. Antoine Merveillie, lamaneur et syndiqué à la CGT, explique :
« On demande l’extension des critères de pénibilité pour compenser les deux ans supplémentaires imposés par la réforme des retraites, et une meilleure reconnaissance de l’exposition à l’amiante. Aujourd’hui, les travailleurs portuaires sont reconnus comme exposés jusqu’en 2007, mais on veut une extension plus large, comme c’est déjà le cas dans d’autres ports en France. »
Ce mécontentement dépasse largement le cadre local. « Il n’y a pas que Calais qui est en grève aujourd’hui. Nous répondons à un appel national émis par la Fédération CGT Ports et Docks », précise Antoine.
Le mouvement, débuté par des débrayages ponctuels, s’intensifie progressivement. Aurélien Delcloy, autre représentant de la CGT, détaille :
« Nous avons commencé avec des arrêts de quatre heures par jour, de 12 h à 16 h, sur tout le mois de janvier. En février, les 3 et 4, nous passerons à un arrêt total de 48 heures. »
Une instabilité politique qui freine le dialogue social
Les syndicalistes pointent également du doigt l’instabilité régnant au sein des ministères, rendant les discussions laborieuses. « Depuis la dernière réforme des retraites, nous avons vu passer quatre ministres délégués aux Transports », regrette Aurélien Delcloy. Cette instabilité complique encore le dialogue social, qui peine déjà à avancer sur des revendications essentielles.
Antoine résume les attentes des agents : « Nous voulons un nouveau calendrier pour les dispositifs de départ anticipé, une cinquième année de pénibilité pour toutes et tous, et l’extension des années prises en compte pour l’exposition à l’amiante. Mais rien ne bouge. »
Des tensions au niveau local
À Calais, un autre sujet de tension persiste entre syndicats. Comme nous l’avions relaté mardi dernier, la CGT souhaite la signature d’un accord avec la direction pour obtenir deux jours de congés payés supplémentaires. Toutefois, FO et la CFDT refusent de signer, estimant pouvoir obtenir de meilleures conditions.
Mardi matin, des manifestants se sont rassemblés devant le bureau du Comité Social et Économique où siègent les représentants syndicaux. « C’est toujours le même discours flou », déplore Aurélien Delcloy, qui espère que la réunion prévue avec la direction la semaine prochaine permettra de débloquer la situation.
Vers une intensification du mouvement
Entre revendications locales et nationales, la mobilisation des agents portuaires ne faiblit pas. Avec plus d’une centaine de grévistes présents sur le piquet cet après-midi, la détermination reste forte pour obtenir des avancées concrètes.
« Ces arrêts progressifs, jusqu’à 48 heures en février, visent à rappeler la détermination des dockers et agents portuaires », insiste Aurélien. Antoine, lui, conclut : « On continuera jusqu’à ce qu’on soit entendus. »
Avec la montée en puissance des actions, le mois de février pourrait bien devenir un tournant pour ce mouvement national, emblématique d’un mécontentement social beaucoup plus large.
Pierre Muys