Mardi 31 octobre, suite à un courrier envoyé par l’union locale CGT de Calais, Pierre-Henri Dumont a profité du temps de questions au gouvernement pour interroger Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique sur ce que compte concrètement faire l’Etat dans la gestion de la dépollution du site de l’ancienne usine de produits chimiques Synthexim.
« Sur le site se trouvent désormais 1 900 tonnes de déchets dont la plupart ne sont pas encore identifiés. Nous connaissons néanmoins quelques-uns des produits les plus dangereux entreposés au grand air : 15 tonnes d’amphétamines, 350 kilogrammes de brome et 69 tonnes de cyanure. Si les amphétamines ont été évacuées lors des dernières semaines, le reste des composés chimiques présents sur site font craindre une catastrophe industrielle et environnementale qui répéterait les accidents des usines AZF ou Lubrizol, en plein cœur de ma circonscription.
Question de P-H Dumont à Christophe Béchu lors des questions au gouvernement le mardi 31 octobre.
Madame la Première ministre, nous ne pouvons pas vivre dans la peur d’une telle catastrophe. Si les représentants locaux de l’État ont pris le dossier à bras-le-corps, il est urgent que votre gouvernement agisse pour protéger les habitants.
Mes questions sont simples. Tout d’abord, quelles mesures comptez-vous prendre pour identifier, puis évacuer, les 1 900 tonnes de déchets encore présents sur le site, dont certains sont extrêmement dangereux ? Dans quels délais ?
Ensuite, comment comptez-vous financer ces évacuations de déchets puis la remise en état du site, alors que le dirigeant d’’Axyntis, la maison mère de Synthexim, n’a rempli ni ses obligations légales ni ses obligations financières lors de la liquidation de l’entreprise ? Ce n’est pas au contribuable de mettre la main à la poche pour pallier l’incurie du chef d’entreprise.
Enfin, réclamerez-vous qu’on vous rende les millions d’euros de subventions publiques accordées au patron voyou d’Axyntis, qu’elles l’aient été pour le site de Calais ou pour ses autres sites en France ?
Comme chaque représentants des différentes instances de l’Etat avant lui, le ministre de l’environnement se garde bien de répondre à la question du délai de mise en sécurité du site. Reprenant les éléments transmis lors de la Commission de Suivi de Site du 9 octobre dernier, Christophe Béchu témoigne indirectement de la lenteur du processus d’évacuation des produits et déchets abandonnés sur le site. A ce jour, sur les 1900 tonnes de produits tout confondus stagnant dangereusement dans l’enceinte de l’ancienne usine Seveso, seules 15 tonnes d’amphétamines ont étés à ce jour évacués. La suite ? : « En ce qui concerne les 386 kilogrammes de brome et les 69 tonnes de cyanure, les opérations de déstockage interviendront à compter de la mi-novembre. » déclare le ministre. Aucune prévision pour les 1814 tonnes restantes n’a été apporté : « Elles feront l’objet d’un conditionnement et d’une sécurisation par la suite. » conclura le ministre.
En somme, rien de neuf sous les dorures du palais Bourbon ne sera apporté, si ce n’est une volonté affichée de faire peser la charge financière de la dépollution du site de Synthexim sur les épaules d’Axyntis, sa maison mère :
« J’ai demandé aux services de l’État – régionaux comme nationaux – d’activer l’article L. 512-17 du code de l’environnement, qui permet, comme vous le suggérez, de rechercher la responsabilité de la maison mère, Axyntis. Il est inacceptable qu’elle profite des résultats de l’usine tant qu’elle fonctionne, pour ensuite, au premier problème, s’en séparer en laissant derrière elle des tonnes de déchets dont le traitement est abandonné à l’État.
Christophe Béchu, ministre de la transition écologique
Le code de l’environnement nous donne la possibilité de mettre la maison mère face à ses responsabilités : c’est justement la voie qu’ont choisie les services gouvernementaux et locaux de l’État dans votre circonscription. Vous êtes entendu, monsieur Dumont. Je me tiens à votre disposition pour vous donner davantage d’explications.
Une réaction de l’Etat bienvenue tant l’irresponsabilité de l’ex-PDG David Simonet semble tous les jours plus patente dans ce désastre sanitaire et environnemental. Dans l’attente de l’aboutissement d’une procédure financière et pénale aussi lente, aucun fond d’urgence ne semble être à l’ordre du jour pour permettre à minima à d’anciens salariés de revenir assurer la maintenance nécéssaire à un site aussi sensible. Les quelques 1800 tonnes de déchets toxiques et inflammables demeureront encore pour un moment gardiennés par deux paires d’yeux d’agents de sécurité non habilités à la sécurisation d’une usine Seveso de 24 hectares. Pas très très « quoi qu’il en coûte » non plus comme histoire.