Le Calaisis, territoire menacé par les eaux

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Devant l’une des stations de pompage de Calais, nous rencontrons Christian Louchez, de l’association Citoyennes et Citoyens du Calaisis pour le Climat (4C). Il nous explique les enjeux climatiques pour le territoire, polder exposé à la montée des eaux.

« Pourquoi est-ce que je vous parle de ça, pourquoi est-ce que je vous montre ça aujourd’hui ? Eh bien c’est justement pour montrer que le Calaisis est un des territoires les plus menacés par le changement climatique » explique Christian Louchez.

« Le problème c’est que nous sommes dans un polder »

Nous l’avions rencontré il y a quelques semaines, à marée haute, devant la station de pompage située derrière le bassin du paradis. Il nous explique : « Le problème c’est que nous sommes dans un polder, c’est-à-dire un territoire qui a été gagné sur la mer depuis mille ans. » En d’autres termes, toute la région du Calaisis jusque l’Audomarois et le Dunkerquois était autrefois une zone humide, asséchée au fil des siècles pour être habitée et cultivée par les humains.

Pour recueillir et évacuer les eaux sur ce territoire, le système des wateringues a été pensé, c’est-à-dire un ensemble de canaux, de fossés, de pompes qui font ruisseler l’eau jusqu’à la mer. « Le canal de la citadelle recueille, à partir du canal de Saint-Omer, une bonne partie des eaux douces qui descendent dans le Calaisis. Et cette eau doit être évacuée à la mer » simplifie Christian Louchez, qui montre du doigt le bâtiment en briques rouges.

La côte sous les eaux en 2100 ?

Mais avec la perspective du changement climatique et de la montée des eaux, les polders sont des territoires extrêmement exposés à la submersion marine, puisqu’ils sont bien souvent sous le niveau actuel de la mer. Selon une simulation des scientifiques du GIEC, le niveau de la mer pourrait s’élever d’un mètre d’ici 2100… et le Calaisis serait quasi intégralement submergé, si rien n’est fait pour contenir la mer, comme l’indique la carte ci-dessous.

© BRGM/GIEC

Mais même sans une telle submersion, le territoire resterait exposé aux inondations… pluviales. En effet, en cas de fortes pluies, si le système des wateringues venait à être défaillant, les canaux pourraient déborder et inonder des communes comme Hames-Boucres, récemment exposée à des inondations.

Pour l’instant, les wateringues fonctionnent bien

« Je pense que le système actuel des wateringues fonctionne » rassure Christian Louchez, qui met tout de même en garde : « Avec la hausse du niveau de la mer qui est déjà en cours, les pompes vont servir de plus en plus souvent, et donc il y a des risques techniques de panne, etc. Donc ça veut dire qu’à certains moments, on pourrait être effectivement embêté, soit pour des raisons techniques comme celle-là, soit parce qu’il y a une conjonction de phénomènes où la marée haute ne permet pas de vider correctement, ou que les pompes ne sont pas assez puissantes pour vider toute l’eau qui arrive dans le territoire et dans ce cas là on a des inondations. »

Une réponse politique locale grâce au plan climat ?

Selon le militant des 4C, le plan climat élaboré par l’agglomération Grand Calais, devrait prendre en compte cet enjeu majeur de montée des eaux. « On est capable de travailler, de produire un développement qui tienne compte de la réalité » assure-t-il. Mais selon lui, c’est tout l’inverse qui se produit : « On n’en parle pas, comme si le changement climatique n’allait pas se produire à Calais ou alors on est dans le déni, peut-être. »


Avant ce reportage, Christian Louchez nous avait expliqué ce qu’est un plan climat. A relire dans l’article ci-dessous.

Reportage : Valentin De Poorter