Ce mercredi 24 janvier, des centaines de tracteurs sont entrés sur l’autoroute A16 à hauteur de la zone économique Transmarck et au niveau de la commune de Peuplingues, non loin de Calais. C’est sur ce deuxième point de blocage que nous avons discuté avec des agriculteurs déterminés à défendre l’avenir de leur profession.
Une rémunération trop basse
« On n’arrive même pas à se sortir un smic à la fin du mois » explique Jean-Edouard Marlard, agriculteur à Rodelinghen et membre de la FDSEA, le syndicat des exploitants agricoles. François Bouclet, agriculteur à Tournehem et membre des Jeunes Agriculteurs du Calaisis complète : « Quand le consommateur achète, on ne reçoit qu’une petite part alors qu’on est le premier maillon de la chaîne, à chaque fois ce sont les autres qui se servent avant nous. On ne sert que de variable d’ajustement ».
Des normes qui posent problèmes
L’agriculture française est réputée pour être vertueuse, nous expliquent les agriculteurs sur place. Un constat lié à l’application de normes qui renforcent la qualité de la production. Problème : une grande quantité de produits sont importés de pays qui ne respectent pas ces normes… et vendus moins chers. La concurrence est déloyale. « Pourquoi laisse-t-on entrer des produits qui n’ont pas les mêmes normes ? » s’interroge Albert Roussez, ancien agriculteur à Nielles-les-Calais. Jean-Edouard Marlard complète d’une formule entendue plusieurs fois ces derniers jours : « N’importons pas l’agriculture que nous ne voulons pas ».
Ces normes, qu’elles soient environnementales ou sanitaires, sont généralement acceptées par les agriculteurs interrogés sur l’autoroute. « On est pour des vertus environnementales, comme je dis souvent : on n’hérite pas de la terre de nos parents, on l’emprunte à nos enfants » développe Charles Boutillier, agriculteur à Caffiers. Mais ces normes, de plus en plus nombreuses, rendent la vie difficile aux agriculteurs. « On fait plein d’efforts mais on a à peine essayé de mettre en place quelque chose qu’on nous pond de nouvelles normes » se désole François Bouclet.
D’autres points de tension
Parmi les autres point de tension cités ce mercredi 24 janvier : la hausse des taxes sur le gazole non routier (GNR), la hausse des charges, l’obligation pour les agriculteurs de laisser 4% de leurs terres en jachère et l’explosion des démarches administratives.
D’autres actions à venir
Sur les deux voies de l’autoroute A16, les agriculteurs du Calaisis affichent leur détermination. « Il faudra poursuivre le mouvement, peut-être le durcir » prévoit Jean-Edouard Marlard qui lance un sondage. « Qui parmi vous serait prêt à durcir le mouvement et à passer des nuits sur les barrages ? » interroge-t-il. Face à lui, l’ensemble des agriculteurs présents lèvent la main. « C’est le moment d’agir sinon on ne sera plus là et les cameraman ne verront plus d’agriculteurs, ce sera la friche partout » conclut l’un d’eux.
Reportage : Valentin De Poorter