Le lycée Léonard de Vinci c’était quelque chose. C’était – et ça l’est encore aujourd’hui – « le lycée HQE ».
HQE, pour dire « Haute Qualité Environnementale », un établissement public inauguré pour la dernière rentrée du XX eme siècle.
Le premier bâtiment scolaire de France construit dans l’optique de préserver l’environnement.
Il fonctionnait grâce à des énergies écologiques et renouvelables.
C’était un bahut qu’on avait bâti comme on pouvait pour demain parfois promettre un espoir.
Quand j’y étais élève, le temps d’une année mal orientée autour d’un tourneur fraiseur, le professeur principal avait pris le temps de nous expliquer que le bâtiment était pensé comme une métaphore géographique de la région. Des fossés pour raconter les wateringues, et des petites buttes dans la cour pour dire le polder. Il y avait même une éolienne, une grande comme celle qu’on voyait parfois sur les autoroutes.
Je ne me souviens pas de grand chose de plus – c’était en 2004 / 2005 – mais j’ai néanmoins retenu que le lycée Léonard de Vinci, c’était quand même quelque chose pour ceux qui l’ont voulu, imaginé, bâti.
J’y retourne aujourd’hui bientôt vingt ans plus tard pour filmer une grève organisée devant la grille par des enseignants. Cette année, le rectorat supprimera 6 postes. On m’apprend que ça fera 20 en cinq ans. Les suppressions de profs, les classes surchargées sont devenues habituelles.
Et pourtant cette fois, peut-être, ce n’est pas pareil. Il y a une énergie, une profonde colère.
A l’entrée du bâtiment je lève les yeux.
L’éolienne a disparu.
Texte et reportage : Pierre Muys