La première marche des fiertés de Calais avait lieu le dimanche 18 juin. Plus de 500 personnes ont participé au défilé organisé par le Collectif Féministe de Calais.
Le discours des organisateurs.trices
« Nous prenons la parole aujourd’hui au nom du collectif d’organisation de cette marche des fiertés calaisienne, la première organisée sur la côte d’Opale.
Être tous et toutes rassemblé.es aujourd’hui, c’est, certes, une belle manière de faire la fête mais aussi et avant tout de lutter contre les LGBTphobies. Les marches des fiertés sont des moments de lutte politiques importants pour les droits de personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans(genres), queer, intersexes, asexuelles, et toutes les personnes dont le genre et la sexualité ne sont pas hétéronormés. Ici à l’échelle locale, mais aussi sur le plan national et international.
Être ensemble ici, aujourd’hui, c’est condamner les actes homophobes, transphobes, queerphobes présents, encore, dans notre société, dans la rue, sur les lieux de travail, dans la famille.
Être réuni.es, c’est affirmer, joyeusement et avec force, que dans le Calaisis aussi, on peut être LGBTQIA+ et vivre tranquille, et non caché.
C’est refuser l’idée selon laquelle l’ouverture et la tolérance seraient le monopole des métropoles et l’homophobie celui des villes périphériques et de leurs campagnes.
Organiser une marche à Calais, et plus généralement dans les villes moyennes ou de campagne, c’est rendre visibles des existences qui ne rentrent pas dans les cases de ce modèle hétéropatriarcal dominant qui tue. Construire d’autres modèles, c’est aussi le combat du Collectif Féministe de Calais, avec qui nous organisons cette journée.
C’est aussi permettre à toutes et tous de troquer l’isolement et la peur contre l’union et la fierté, pour un Calais Queer aux couleurs de l’arc en ciel!
Bien sûr, rien de tout cela ne relève de l’évidence. A l’heure où la montée du fascisme et des idées d’extrême droite inquiètent moins qu’un prétendu wokisme, il est capital de rappeler qu’il n’est pas question ici d’une mode superficielle mais d’un mouvement plus profond d’émancipation d’un modèle étouffant, inique et destructeur.
Mais pour que cette libération s’accomplisse pleinement, il ne suffit pas d’afficher, dans tel ministère ou tel parti politique, une tolérance de façade, argument marketing en toc.
Il faut former les personnels des services publics, de la santé, de l’éducation et des forces de l’ordre aux questions de genre.
Il faut rompre avec la marchandisation de la santé et renforcer les budgets associés aux politiques de prévention et de soin.
Il faut repenser la filiation: être parents est autre chose qu’une transmission génétique. Dix ans après le vote à l’Assemblée en faveur du mariage homosexuel, presque deux ans après l’ouverture du droit à la PMA, aujourd’hui, la loi est encore imparfaite. Nous réclamons le droit de faire famille autrement!
Nous pensons aussi à nos adelphes du monde entier, opprimé.es par des régimes qui criminalisent l’homosexualité, parfois jusqu’à la peine de mort, comme c’est le cas au Nigéria, en Ouganda, ou encore en Iran. Nous demandons l’application du droit d’asile pour toutes les personnes lgbtqia+ exilées en France, fuyant un pays où les minorités sexuelles et de genre sont criminalisées. Nous rappelons qu’à Calais, ville frontière, les personnes bloquées ont souvent quitté des pays dans lesquels il n’est pas possible de vivre en affirmant une identité LGBTQIA+, et qu’au lieu de trouver refuge et protection ici, elles sont à nouveau contraintes de survivre dans le mépris, la violence et la peur.
Enfin l’actualité internationale ne cesse de nous rappeler que nos droits ne sont jamais définitivement acquis . Deux exemples parmi malheureusement tant d’autres : l’Europe ferme les yeux contre les politiques LGBTphobes et misogynes de la Pologne et de la Hongrie, quand de l’autre côté de l’Atlantique, les États conservateurs, aux Etats-Unis, promulguent des lois transphobes et homophobes, cherchant à effacer nos existences et à les rendre invivables.
Si nous faisions la liste exhaustive de nos revendications, elle serait encore longue, et on sait votre envie de faire la fête. Merci pour vos pancartes et banderoles qui les portent. Merci aux partenaires associatifs que vous avez pu rencontrer ici et qui seront à nos côtés pendant la marche : Le planning familial 62, SOS Homophobie, l’ADIS, J’en suis j’y reste, la maison Mer, le collectif Féministe de Calais.
Merci à toutes les personnes qui nous ont aidé.es à organiser cet événement.
Et un immense merci à vous toutes et tous qui faites de ce défilé un cortège flamboyant! »