A dunkerque, Sophie Binet dresse un bilan de la bataille des retraites.

Sophie Binet, nouvelle secrétaire générale de de la CGT, était à Dunkerque le 8 juin à l’occasion du 44eme congrès de l’Union départemental CGT du Nord. Après un mot sur la victoire des salarié.es de Vertbaudet, la Secrétaire générale de la CGT dresse un bilan des 5 mois de lutte contre la réforme des retraites :

Sophie Binet, à droite, lors du 44eme crongrès de l’union départementale CGT Nord (crédit photo: UD CGT 59)

« Il ne faut pas laisser l’histoire être racontée par les chasseurs. »

« Je voulais profiter d’être ici pour revenir sur la lutte historique que nous vivons actuellement et que la CGT construit, en abordant trois points.

Le premier point, c’est qu’il est crucial d’être conscients et fiers de ce que nous avons accompli. Pourquoi ? Parce que sans cette fierté, c’est la combativité à moyen et long terme qui est en jeu. Vous connaissez peut-être la citation : « Il ne faut pas laisser l’histoire être racontée par les chasseurs. » Il est important de prendre le temps de mettre en lumière ce que nous avons réussi à changer par la lutte. Cette mobilisation a changé beaucoup de choses, notamment dans les consciences. Aujourd’hui, une majorité écrasante de salariés s’opposent au projet du gouvernement, et ils sont nombreux à soutenir l’idée de la retraite à 60 ans. Cela compte énormément pour l’avenir, car le combat pour la retraite à 60 ans est loin d’être terminé.

« autour de 35 000 nouveaux membres
depuis le début de la mobilisation. »

Le deuxième point concerne la place du syndicalisme, et plus précisément de la CGT. Nous avons renforcé la visibilité et la légitimité des syndicats. En témoignent les nouvelles adhésions : autour de 35 000 nouveaux membres depuis le début de la mobilisation. Ce n’est que le début, il nous faut continuer à aller chercher d’autres adhérents parmi les nombreux salariés qui ont été à nos côtés dans les manifestations et les grèves. C’est ce qui va réellement transformer le rapport de force.

Troisième point : Macron n’a plus l’image ou la majorité politique nécessaire. Aujourd’hui, il est minoritaire dans le pays, et cette faiblesse est visible dans son incapacité à faire passer ses réformes autrement que par des manœuvres constitutionnelles. À l’Assemblée, ses projets sont de plus en plus bloqués, et cela représente un point d’appui important pour nous, car ce n’est pas nous qui sommes en difficulté, c’est le gouvernement.

 » Il nous faut réfléchir sur la
manière de généraliser la grève. « 

Être fier de ce que nous avons fait ne veut pas dire qu’il ne faut pas débattre de nos actions et de ce qui nous a manqué dans ce mouvement. Par exemple, il nous faut réfléchir sur la manière de généraliser la grève. Après le 7 mars, nous avions clairement indiqué qu’il fallait une grève générale, et certaines professions l’ont initiée de manière exemplaire, comme les camarades de l’énergie, les cheminots, ou ceux du pétrole. Mais, il reste à comprendre pourquoi nous n’avons pas réussi à étendre ces grèves à d’autres secteurs.

Il est également essentiel d’analyser l’évolution du salariat et la montée du nombre d’ingénieurs, de cadres, et de précaires. Comment faire en sorte que ces catégories participent activement aux mouvements ? Par exemple, les camarades de l’énergie ont su mobiliser les cadres et agents de maîtrise en leur proposant un travail spécifique et un accompagnement particulier.

Enfin, la mobilisation actuelle est loin d’être finie. Nous sommes à un tournant, dans une nouvelle phase, et nous devons discuter collectivement de la suite. Ce sont les instances de la CGT qui ont permis de maintenir l’intersyndicale et d’obtenir des victoires symboliques comme les mobilisations du 1er mai et du 6 juin. Ces dates montrent que la CGT sait arracher des avancées pour les travailleurs, même après la promulgation de lois injustes.

À l’avenir, nous allons continuer de travailler pour déployer la CGT, surtout pendant l’été. L’accueil des nouvelles adhésions est une priorité, car nous devons tout de suite les impliquer pour qu’ils deviennent des militants actifs.

« Ce n’est pas parce que la réforme
est passée par la porte que nous
ne reviendrons pas par la fenêtre. »

Pour finir, nous aurons bientôt une nouvelle bataille symbolique à mener avec Valdunes. Cette lutte pour la question industrielle doit montrer comment lier le social et l’environnemental, en s’inspirant des victoires obtenues, comme celle des camarades de Gardanne.

Sur les retraites, nous continuerons de résister et de combattre. Ce n’est pas parce que la réforme est passée par la porte que nous ne reviendrons pas par la fenêtre. Je compte sur vous pour conclure ce congrès de manière dynamique et rassemblée, car c’est ainsi que nous pourrons construire un syndicalisme conquérant, à la hauteur des attentes des salariés. Merci beaucoup ! »