Valentin De Poorter, auteur/autrice sur Calais La Sociale https://calaislasociale.fr Reportages d’actions solidaires et sociales Tue, 17 Dec 2024 22:29:22 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.1 https://calaislasociale.fr/wp-content/uploads/sites/24/2022/10/Logo-Calais-La-Sociale-site-web-200x200-1-150x150.png Valentin De Poorter, auteur/autrice sur Calais La Sociale https://calaislasociale.fr 32 32 « Nos hommes » à paris le 16 décembre https://calaislasociale.fr/2024/12/06/nos-hommes-a-paris-le-16-decembre/ Fri, 06 Dec 2024 04:33:58 +0000 https://calaislasociale.fr/?p=5140 Paris, nous revoilà ! On vous donne rendez-vous le 16 décembre à 20 heures, au cinéma « Les 7 Parnassiens » (Paris 14ème), pour une nouvelle projection de notre film « Nos hommes ». L’occasion de découvrir sur grand écran la magnifique scène finale, en chanson, tournée dans le mythique « K-VO » de Calais-Nord […]

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Paris, nous revoilà ! On vous donne rendez-vous le 16 décembre à 20 heures, au cinéma « Les 7 Parnassiens » (Paris 14ème), pour une nouvelle projection de notre film « Nos hommes ». L’occasion de découvrir sur grand écran la magnifique scène finale, en chanson, tournée dans le mythique « K-VO » de Calais-Nord (merci à Delphine Lefebvre pour ces superbes photos !). La séance sera suivie d’un échange avec les réalisateurs : Valentin De Poorter et Pierre Muys.

Synopsis. Après l’annonce brutale de la fermeture de l’usine où travaillent leurs conjoints, un groupe de femmes se mobilise et engage un rapport de force avec la direction du groupe. « Nos hommes » retrace l’histoire de ce collectif.

Les 7 Parnassiens, 98 Boulevard du Montparnasse, 75014, Paris. Les réservations seront bientôt disponibles sur le site du cinéma.

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Sophie Agneray, Calaisienne de l’année ! https://calaislasociale.fr/2024/12/04/sophie-agneray-calaisienne-de-lannee/ Wed, 04 Dec 2024 14:42:16 +0000 https://calaislasociale.fr/?p=5135 Chaque année, le journal Nord Littoral propose à ses lectrices et lecteurs d’élire la Calaisienne ou le Calaisien de l’année. Parmi les nominé⸱es cette année : Sophie Agneray, porte-parole du collectif des femmes des salariés Prysmian Draka Calais. Pendant des mois, Sophie a porté la voix des femmes qui se sont engagées aux côtés de […]

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Chaque année, le journal Nord Littoral propose à ses lectrices et lecteurs d’élire la Calaisienne ou le Calaisien de l’année. Parmi les nominé⸱es cette année : Sophie Agneray, porte-parole du collectif des femmes des salariés Prysmian Draka Calais.

Pendant des mois, Sophie a porté la voix des femmes qui se sont engagées aux côtés de leurs conjoints et époux, salariés de l’usine Prysmian, dans un combat déséquilibré contre une multinationale sans scrupules.

Il y a tout juste un an, quelques jours après l’annonce de la fermeture de l’usine, Sophie adressait une lettre au président de la République – à laquelle il n’a jamais répondu. Elle y posait des mots lourds, mais justes, sur les conséquences humaines d’un licenciement, sur les effets dévastateurs de la suppression d’un salaire sur une, voire plusieurs vies : les lendemains incertains, l’intranquillité qui ronge hommes, femmes et enfants, les vies bouleversées.

Pendant des mois, les femmes du collectif et leurs conjoints ont ainsi fait face à la violence du groupe Prysmian, à sa brutalité et à son cynisme sans limite.

Dans leur rude combat, ils n’ont pas pu compter sur le gouvernement qui a fait le choix du silence, du laisser faire, qui depuis longtemps a laissé tomber les ouvriers, a choisi d’être complice de la maltraitance et de la domination de celles et ceux qui, par leur travail, assurent la persistance de la société.

Face aux vents contraires, Sophie Agneray a tenu bon, elle n’a pas détourné le regard. Elle n’a pas, non plus, contenu son énergie, au risque de sa santé, de sa propre vie. Elle a, aussi, travaillé à maintenir l’unité du collectif, condition indispensable à la construction d’un rapport de force victorieux. Ensemble, les femmes du collectif se sont faites les actrices principales d’une lutte oú l’on ne les attendait pas, mais où leur présence et leurs actions, mêlées au travail remarquable des représentants syndicaux de l’usine, ont suffit à faire bouger les lignes d’une partie jouée d’avance.

Dans la période qui s’ouvre, où de nombreuses familles dans le pays auront à faire à la violence d’un licenciement, l’engagement de Sophie Agneray et de toutes les femmes du collectif est un modèle à suivre.
Notre film « Nos hommes », qui retrace l’histoire du collectif, est en ce sens un outil fait pour inspirer toutes celles et tous ceux qui, à un moment donné, se trouvent où se trouveront pris·es pour cible par le capital.

En effet, en France, 300 000 emplois seront supprimés dans les mois à venir, dans l’industrie mais pas seulement. Rien qu’à Calais, Synthexim, Meccano, Riechers-Marescot et Prysmian-Draka ont fermé. Catensys, Deseille et Svanehøj ont licencié (ou vont licencier). Sans oublier les plans sociaux à venir chez Auchan, ou celui qui a déjà eu lieu chez Milee.

Au milieu d’une actualité où, souvent, les femmes et les hommes deviennent des chiffres, oú les noms cités ne sont ceux que des entreprises qui licencient, oú les ouvriers et leurs familles ne sont plus que des données sans noms et sans visages, Sophie Agneray et toutes les femmes du collectif, ont fait surgir une part d’humanité, nous ont obligés à regarder, en tant que société, des réalités ouvrières depuis longtemps invisibilisées, oubliées, méprisées.

Aujourd’hui, ce n’est pas seulement Sophie Agneray qui est nominée pour devenir la Calaisienne de l’année. À travers elle, ce sont toutes les femmes du collectif qui sont nominées. À travers elle, ce sont tous les ouvriers et leurs familles qui sont nominés. Et sans avoir besoin de remporter le vote, elles et ils sont déjà, pour nous et pour beaucoup, les Calaisiennes et les Calaisiens de l’année.

Pour accéder au vote, cliquez sur ce lien (vous pouvez voter une fois par jour jusqu’à la clôture du vote).

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Rassemblement national : la stratégie de la peur https://calaislasociale.fr/2024/07/24/rn-la-strategie-de-la-peur/ Wed, 24 Jul 2024 18:16:10 +0000 https://calaislasociale.fr/?p=4562 Dans une vidéo, le nouveau député RN de Calais se met en scène sur un campement de migrants et agite les peurs. Une stratégie des passions, fondamentalement raciste, qui imprègne le discours du Rassemblement national.

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Dans une vidéo, le nouveau député RN de Calais se met en scène sur un campement de migrants et agite les peurs. Une stratégie des passions, fondamentalement raciste, qui imprègne le discours du Rassemblement national.

« Parents, mamans, enfants se rendant à l’école ou au centre aéré, se retrouvent soumis à des agressions de la part des clandestins, voire à des tentatives d’agressions sexuelles. » Voilà ce qu’est venu dire Marc de Fleurian, député fraîchement élu, devant un campement de fortune comme il en existe des dizaines dans le Calaisis.

Le député évoque également des problèmes « d’hygiène et de salubrité publique ». Chez lui, les exilés sont constamment décrits comme des agresseurs et des violeurs. Des êtres malpropres avec lesquels il faut garder une distance.

Ce discours, présentant Calais comme une ville où règne l’insécurité n’est pas nouveau. En décembre 2023, après une visite à Calais, un autre député RN déclare : « Par peur des migrants plus personne n’ose sortir après 17h30 ».

Les hommes mentent, pas les chiffres

Ce discours d’une menace permanente ne repose sur aucune réalité. Les chiffres de l’INSEE montrent même que les taux de violence à Calais sont inférieurs à des villes voisines (et plus petites) comme Dunkerque ou Boulogne-sur-Mer, pour 90% des formes de violence.

S’agissant spécifiquement des violences sexuelles : les chiffres indiquent que Calais est au-dessus de Dunkerque et Boulogne-sur-Mer… mais en-dessous de Saint-Omer, Béthune ou Douai – où il n’y a pas de campements de personnes exilées.

Peu importe pour l’extrême droite qui se contente de rares faits divers dont elle fait une généralité pour marteler ce discours de la peur, d’une couleur de peau automatiquement synonyme de menace, d’insécurité.

« Ça vous donne envie d’aller vous asseoir ? »

Le député RN de Calais est en effet coutumier de cette suspicion au faciès. Le 23 octobre 2021, il publie une photo de personnes à la peau noire, assises sur les bancs du parvis de la gare de Calais. Il écrit : « Ça vous donne envie d’aller vous asseoir ? »

Dans la population, ce discours de la peur et de la suspicion s’installe et conduit à déplacer les curseurs politiques. La municipalité franchit des lignes rouges et, en même temps, offre sur un plateau des victoires à l’extrême droite.

Début 2024, la municipalité annonce par exemple qu’une étude est en cours pour lever la gratuité des bus à Calais… mais seulement pour les personnes qui ne résident pas dans l’agglomération. Un moyen détourné (et assumé) d’empêcher les migrants d’entrer dans les bus.

Le RN jubile. « Les élus du Rassemblement National se félicitent de cette décision qui ne fait que reprendre une de leurs propositions énoncée au conseil municipal dès 2020. Elle est l’application locale du principe de priorité nationale. »

Le RN crée les problèmes qu’il propose de résoudre

Et pourtant, l’adjoint en charge de la sécurité admet avoir enregistré, dans les bus, « peu de faits graves », mais évoque « beaucoup de courriers d’usagers » qui relèvent un sentiment d’insécurité. Pas des faits. Pas des expériences. Mais un sentiment. Des passions. La peur.

Ainsi l’extrême droite réussit, contre les faits et statistiques, en agitant les passions, à ancrer chez les gens l’idée raciste d’un lien direct entre la couleur de peau et la probabilité d’un danger imminent. 

En conclusion : le RN crée le problème qu’il propose de résoudre.

Valentin De Poorter

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Bryan c’est nous ! https://calaislasociale.fr/2024/07/24/bryan-cest-nous/ Wed, 24 Jul 2024 09:06:59 +0000 https://calaislasociale.fr/?p=4559 Suite à un entretien accordé au Nord Littoral et à nous-mêmes, la direction d’Alcatel envisage de licencier Bryan, technicien et syndicaliste CFDT, pour faute grave, sans indemnité. Officiellement, il est reproché à Bryan d’avoir dénigré l’entreprise et sa direction. En réalité, la direction de l’usine s’en prend à un représentant syndical, élu du personnel, qui […]

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Suite à un entretien accordé au Nord Littoral et à nous-mêmes, la direction d’Alcatel envisage de licencier Bryan, technicien et syndicaliste CFDT, pour faute grave, sans indemnité.

Officiellement, il est reproché à Bryan d’avoir dénigré l’entreprise et sa direction. En réalité, la direction de l’usine s’en prend à un représentant syndical, élu du personnel, qui n’a fait qu’exprimer un avis sur la stratégie de l’entreprise et sur les ordres qui sont quotidiennement donnés aux travailleuses et travailleurs de l’usine.

Aussi, à travers cette procédure-bâillon, ce n’est pas seulement Bryan qui est visé, ni même ses collègues qui sont intimidés. Ce licenciement est l’énième épisode d’une guerre de soumission menée contre les travailleurs par ceux qui les font travailler.

Cependant, rien n’est encore joué. Le Comité Social et Économique de l’entreprise (CSE), réunissant les représentants des différents syndicats d’Alcatel, se réunit demain pour émettre un avis consultatif sur cette sanction patronale.

De son côté, la CFDT hausse le ton et appelle dès à présent les salariés de l’usine à débrayer demain, jeudi 25 juillet à partir de 9 heures, pour soutenir leur collègue. Pour défendre, aussi, le droit syndical et la liberté d’expression au travail.

La démocratie doit s’exercer partout, y compris sur nos lieux de travail. Soyons présents, rassemblons-nous demain à 9h30 devant l’usine (950 quai de la Loire).

Le rapport de force est engagé, Bryan c’est nous.

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En attendant la punition : rassemblement en soutien à Bryan Fackeure https://calaislasociale.fr/2024/07/13/en-attendant-la-punition-rassemblement-en-soutien-a-bryan-fackeure/ Sat, 13 Jul 2024 14:40:30 +0000 https://calaislasociale.fr/?p=4522 Ce vendredi 12 juillet, un rassemblement était organisé devant l'usine Alcatel Submarine Network (ASN) de Calais pour soutenir Bryan Fackeure, salarié de l'entreprise et délégué syndical, convoqué par sa direction après un entretien qu'il a accordé à Calais la Sociale et à Nord Littoral. Il risque le licenciement pour avoir alerté le public sur la situation de l'usine. Nous retranscrivons ici les prises de parole.

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Ce vendredi 12 juillet, un rassemblement était organisé devant l’usine Alcatel Submarine Network (ASN) de Calais pour soutenir Bryan Fackeure, salarié de l’entreprise et délégué syndical, convoqué par sa direction après un entretien qu’il a accordé à Calais la Sociale et à Nord Littoral. Il risque le licenciement pour avoir alerté le public sur la situation de l’usine. Nous retranscrivons ici les prises de parole.

Cinquante personnes se sont rassemblées devant l’usine Alcatel pour soutenir Bryan.


Bryan Fackeure (salarié et délégué syndical chez ASN)

Je vous remercie tous d’être venus pour me soutenir. J’ai fait mon entretien. Les faits reprochés sont par rapport à la vidéo, ce qui a été dit. Maintenant la direction s’est engagée à me donner son choix sur la sanction avant la fermeture du site, d’ici la fin du mois. Je serai fixé sur mon sort d’ici la fin du mois. J’espère que ça n’ira pas trop loin. Afin de préserver ma situation, pour ne pas qu’elle s’aggrave, je ne peux pas en dire plus. Mais encore une fois, je vous remercie d’être venus me soutenir aujourd’hui.


Vivien Orléach (fédération métallurgie de la CFDT)

Je suis venu ici pour soutenir Bryan et lui assurer notre soutien sur la défense. Aujourd’hui, c’était une première étape, il en restera d’autres. Et peut-être que vous serez invités à vous remobiliser autour de ça. Il y a l’inspection du travail, il peut y avoir des recours au ministère pour défendre notre délégué syndical central et l’appuyer du mieux qu’on peut faire. Et on vous tiendra informés des suites. Aujourd’hui, on attend. On va travailler ensemble et on va voir les suites qui seront données.


Pierre Muys (Calais la Sociale)

Ce qui arrive aujourd’hui à Bryan n’est malheureusement pas une exception.

Ce qui arrive n’est pas un cas isolé, c’est même tout le contraire. 

Ce qui arrive à Bryan est l’application de la règle.

C’est la démonstration froide de la subordination salariale ordinaire.

Si les débats sont plus souvent orientés sur les faits divers que sur les souffrances au travail ce n’est pas parce que ces souffrances n’existent pas ou qu’elles n’intéressent personne.

La grosse sourdine placée sur ces drames, nos drames, est un épais voile occultant posé sur nos vies.

Ce silence est une décision politique. Ce silence est un choix éditorial, un putain d’outil de manipulation des travailleurs et travailleuses de ce pays.

Ce qui est donc exceptionnel aujourd’hui, c’est que nous sommes au courant pour Bryan, que la nouvelle ait fuité des taules situées derrière nous. Combien de cas similaires existe-t-il dans les 800 et quelques entreprises que comptent le Calaisis ? Combien d’histoires de sanctions occultées ? Combien de vies de salariés bouleversées pour avoir simplement commenté les décisions de leur direction ? Quel régime politique règne-t-il à l’intérieur toutes nos entreprises autoritaires ?

Nous ne parlerons jamais assez de ce qu’il se passe sur nos lieux de travail.
Il faut y dénoncer l’absence de droits, témoigner de l’obéissance de plus en plus lourde, de plus en plus oppressante qu’on nous impose chaque année. Il n’y a eu aucune avancée sociale pour les travailleurs de ce pays depuis que je suis né.

Nos vies professionnelles nous rendent souvent tristes, amers, sinistres. Nous aurions aimé vivre quelque chose d’autre, bosser pour un objectif plus significatif, avoir le droit nous aussi d’être fiers de ce qui nous arrive.

Que nous obéissions en entreprise ne suffit pas au patronat. Ce n’est pas assez. Il faut pour nous travailler beaucoup, obéir enormément et surtout se taire en permanence. Souscrire à un forfait de trouille d’une durée de 43 annuités.

Le rachat par l’État ne changera rien chez Alcatel. L’État c’est un actionnaire comme un autre, ils ont les mêmes objectifs de compétitivité. Les salariés restent un variable d’ajustement de ce système.

Ce qui est exceptionnel aujourd’hui, c’est donc que nous nous mobilisons ensemble pour nous opposer à ces méthodes d’oppression bourgeoises, à cette subordination patronale incessante.

Il n’y a pas que des mecs en chasuble et drapeaux syndicaux qui sont venus aujourd’hui, c’est important de le signaler, de voir, d’en prendre conscience, et de le dire à qui doit l’entendre. Nous ne sommes plus seuls.

De plus en plus, nous réalisons que l’engagement politique ne peut plus se limiter aux campagnes électorales. Notre vie locale et quotidienne est un espace à réinvestir, à se réapproprier.

Ce que nous faisons ici n’est pas un acte de charité pour un travailleur injustement lésé. Ce que nous faisons ici n’a rien à voir avec la morale. Nous organisons notre solidarité pour défendre des intérêts communs. Que l’on soit travailleur en exil, au RSA, chômeur, smicard, gréviste, licencié précaire ou ubérisé, que nos opinions politiques nous divisent en électeurs de gauche, droite, nous sommes tous, qu’on vote Front populaire ou Rassemblement national, soumises et soumis à une organisation du travail qui nous abîme, nous déprime, nous humilie, nous persécute, et qui parfois nous tue. Réalisons que la condition des travailleurs dans ce pays est catastrophique.

Nous avons l’obligation matérielle de reprendre le chemin de la lutte contre l’exploitation au travail. Nos premiers adversaires sont ceux qui détiennent tous les pouvoirs, qui concentrent toutes les richesses et les propriétés. Ils s’emparent de tout, jusqu’à la tête de l’État et de ses instances, devenues à leur tour bourgeoises sinon complices. Il n’y a pas d’autre ennemi que cette classe sociale dominatrice et écocidaire. Ne doutons pas de cela, car de leur côté, ils savent très bien où nous caser. Ils ne ferons jamais de nous leurs collègues, amis ou alliés. Au mieux, nous serons leurs « collabo-rateurs ». Leur intérêt est de nous réduire dans tous les sens que le terme réduire implique.

Nous subissons une guerre sociale.

Il est donc impératif de continuer à s’entraider, de faire front et de lutter ensemble. Ne rien faire, c’est laisser le patronat dominer nos vies, écraser nos parents, nos amis, nos frères et sœurs, nos enfants.

Aujourd’hui, en nous rassemblant pour Bryan et pour toutes celles et ceux qui suivront nous prouverons que nous sommes plus forts ensemble. Nous prouverons que la solidarité n’est pas un mot vide, mais une réalité vivante et puissante. Nous prouvons que l’injustice peut être combattue, que la dignité peut être restaurée, et même que l’espoir peut renaître dans des moments aussi sombres que ceux que nous traversons. Nous nous battons non seulement pour Bryan Fackeure, mais pour chacun et chacune d’entre-nous. Pour nos collègues, nos familles, et pour tous ceux qui souffrent en silence. Nous nous battons pour un futur où chaque travailleur peut se lever le matin sans avoir les jetons, pour que nos voix soient entendues, écoutées.

Demain nous allons gagner.

Nous allons gagner parce que nous n’avons pas le choix et qu’il est compliqué de perdre davantage. Et si, par hasard, nous ne gagnons pas demain nous prouverons d’ici après-demain par notre union que la convivialité et la camaraderie sont plus forts que la peur et la soumission. Ensemble, nous transformerons notre lutte en une victoire collective, en un avenir où chacun pourra enfin vivre et travailler dans la dignité.

On va gagner parce que les bourgeois, les capitalistes et les patrons c’est des gros cons !


Valentin De Poorter (Calais la Sociale)

« Prendre en compte les problématiques des salariés, ce n’est pas simplement un truc qu’on règle le temps d’une pause cigarette au fumoir. Il faut aller au cœur des problèmes. Et ça, la direction ne le fait plus. À partir de là, la fracture se crée. »

Ces mots, ce sont ceux de Bryan, et que la direction d’Alcatel le veuille ou non, nous continuerons de les lire, de les dire, de les écrire, de les soutenir et de les applaudir.

Cette direction, aujourd’hui, doit se ressaisir. Par son incompétence et sa résistance à la démocratie, elle met en danger l’usine, les personnes qui y travaillent et leurs familles.

Qui dirige cette entreprise aujourd’hui ? Qui donne les ordres ? Pas des ingénieurs, pas des techniciens spécialistes du câble sous-marin. Ce serait pourtant utile, c’est ce que l’usine produit. Mais non : les patrons industriels ont été remplacés par des financiers, par des gestionnaires incapables de voir plus loin que le bout de leur bilan financier. Ainsi sont données des consignes absurdes qui ne prennent pas en compte la réalité du travail et mettent l’entreprise en grand danger : la production a été divisée par deux, le résultat opérationnel est en chute libre et la qualité des câbles se dégrade.  

En plus d’être incompétente, cette direction résiste à ce qui peut sauver l’usine : la démocratie, les compétences des salariés. Il y a chez les salariés un sentiment d’être toujours livrés à eux-mêmes face aux problèmes, de ne jamais être écoutés, de ne pas pouvoir apporter leur pierre à l’édifice. Regardez l’architecture de ce lieu. D’un côté, l’usine et les bureaux de la direction. De l’autre, à bonne distance, presque au-dehors, loin de la production et des lieux de décisions, les préfabriqués des syndicats. La démocratie à l’écart. Les salariés n’ont pas leur mot à dire, ni sur ce qui est produit, ni comment c’est produit. C’est un problème et la direction d’Alcatel à tout à perdre si elle ne prend pas davantage en compte la parole de celles et ceux qui connaissent le travail réel, celles et ceux qui alertent quand quelque chose ne va pas. Car les salarié·es aussi ont tout à perdre, comme les salariés et les familles de Synthexim, Meccano, Prysmian, Desseilles, Catensys et bien d’autres avant ont tout perdu.

La direction d’Alcatel a fait le choix de déclarer la guerre à Bryan. Et ce n’est pas seulement la guerre d’une direction contre un de ses employés. C’est la guerre de tout un système contre toute une classe. À travers Bryan, c’est tous les salariés et les syndicats qui sont attaqués. Alors il faut faire corps. C’est ce que nous faisons aujourd’hui à Calais. Et nous aurons à le faire encore plus fort demain, ici et ailleurs. Nous avons à construire l’unité de la classe ouvrière, de la classe populaire. Nous avons à construire un “nous”, un sentiment : l’amour d’appartenir à une classe que nous avons en partage en réveillant conscience après conscience, cœur après cœur. Rassembler, rassembler, rassembler toutes celles et tous ceux, dans leur diversité, que le néolibéralisme exploite et abîme. 

Car c’est de l’unité de la classe ouvrière que naîtra son organisation, de son organisation que naîtra sa structure et de sa structure que naîtront ses victoires. 

Force à Bryan et à toutes les travailleuses et travailleurs. 

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Rassemblement pour la liberté d’expression des salarié·es https://calaislasociale.fr/2024/07/11/rassemblement-pour-la-liberte-dexpression-des-salarie%c2%b7es/ Wed, 10 Jul 2024 22:40:38 +0000 https://calaislasociale.fr/?p=4514 Il y a quelques semaines, Bryan Fackeure, opérateur de production et syndicaliste à l’usine Alcatel Submarine Network (ASN) de Calais, accordait un entretien à Nord Littoral et Calais la Sociale. Dans cet entretien, il dénonçait la gestion de l’entreprise où il travaille depuis plus de 25 ans et mettait en évidence les défaillances de la […]

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Il y a quelques semaines, Bryan Fackeure, opérateur de production et syndicaliste à l’usine Alcatel Submarine Network (ASN) de Calais, accordait un entretien à Nord Littoral et Calais la Sociale. Dans cet entretien, il dénonçait la gestion de l’entreprise où il travaille depuis plus de 25 ans et mettait en évidence les défaillances de la direction du site.

Quelques jours plus tard, nous apprenions avec stupéfaction qu’une procédure était ouverte par cette même direction à l’encontre de Bryan. Il est ainsi convoqué, le 12 juillet, à un entretien pour une éventuelle sanction pouvant aller jusqu’au licenciement.

À travers cette procédure-bâillon, c’est la liberté d’expression des salarié·es et le droit à la représentation syndicale qui sont directement visés. C’est le principe même de démocratie au travail que la direction d’ASN souhaite supprimer.

Pour soutenir Bryan et ses collègues, montrer notre opposition à ces méthodes autoritaires, rejoignons l’appel à la mobilisation émise par son syndicat.

Rendez-vous vendredi 12 juillet à 11 heures a l’entrée du site d’Alcatel (950 quai de la Loire à Calais).

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Les cheminots calaisiens à Paris pour un service public ferroviaire https://calaislasociale.fr/2024/05/29/les-cheminots-calaisiens-a-paris-pour-un-service-public-ferroviaire/ Wed, 29 May 2024 16:53:21 +0000 https://calaislasociale.fr/?p=4396 Hier, les cheminots calaisiens de la CGT sont allés manifester à Paris avec des collègues venus de tout le pays. Une manifestation pour s’opposer au projet libéral du gouvernement et à la course aux profits qui met en danger les transports ferroviaires, leurs usagers et leurs travailleurs. Jérôme Mignien travaille dans la maintenance ferroviaire à Calais et est secrétaire général de la section calaisienne de la CGT cheminots. On lui a posé quelques questions.  

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Mardi 28 mai, les cheminots calaisiens de la CGT sont allés manifester à Paris avec des collègues venus de tout le pays. Une manifestation pour s’opposer au projet libéral du gouvernement et à la course aux profits qui met en danger les transports ferroviaires, leurs usagers et leurs travailleurs. Jérôme Mignien travaille dans la maintenance ferroviaire à Calais et est secrétaire général de la section calaisienne de la CGT cheminots. On lui a posé quelques questions.  

Paris, le 28 mai 2024.

Calais la Sociale

Comment ça se fait que vous êtes allés à Paris hier ? 

Jérôme Mignien

Notre première revendication est contre la libéralisation des transports ferroviaires européens. Ce n’était pas seulement une manifestation française, mais aussi européenne. Il y avait quelques représentants de syndicats anglais, belges et d’autres pays. C’était pour un service public ferroviaire de qualité partout en Europe. Pour dire : stop à la libéralisation dans tous les pays.

On l’a vu en Angleterre : ils ont libéralisé le transport ferroviaire, pendant des années ça a été une catastrophe. Dans d’autres pays, ils sont plus ou moins avancés sur le sujet et à chaque fois le problème est le même : ça fait des profits à court terme, mais à long terme c’est un manque de sécurité, des trains qui ne sont pas à l’heure, des problèmes sur le réseau et un coût énorme pour l’Etat. Parce qu’après c’est l’Etat qui doit reprendre la main et c’est une horreur. Il y a des morts aussi, parfois, dans des accidents graves. A chaque fois c’est le même schéma. 

Calais la Sociale

Concrètement, ça signifie quoi la libéralisation des transports ferroviaires ?

Jérôme Mignien

Si on prend l’exemple de la France, c’est l’ouverture à la concurrence, et cela au sein même de la SNCF avec des sociétés, des filiales, des holdings, etc. On va aussi mettre sur le marché des sociétés comme Transdev, Régionéo, c’est-à-dire une multitude d’entreprises ferroviaires qui vont se concurrencer les unes les autres sur différents marchés, sur différentes lignes, dans différentes régions. Ça va, soit disant, booster le marché du transport ferroviaire jusqu’à faire baisser les prix, améliorer le service mais c’est une gabegie. 

Jérôme Mignien (à gauche) et les cheminots calaisiens.

La réalité, c’est que tu ne fais pas d’argent sur le transport ferroviaire. Au contraire, souvent tu vas aller chercher l’argent en limitant les dépenses. Mais c’est toujours au détriment de l’usager qui prend le train. Parce que tu vas économiser sur la maintenance, sur le personnel, sur plein de choses. Ou alors, tu vas augmenter le tarif. Finalement, c’est toujours les gens qui prennent le train qui paient les conséquences. 

Calais la Sociale

C’était pas seulement une manifestation sur le fret alors ? 

Jérôme Mignien

Non. Ce que dit la CGT et ce que disent les syndicats européens qui sont proches de nous, c’est que le fret a expérimenté l’ouverture à la concurrence en premier. En France, ça fait une vingtaine d’années que le fret est ouvert à la concurrence. Et quand ils ont fait ça, ils ont dit : “Vous verrez, la part du gâteau va augmenter quand on va mettre des entreprises privées là-dedans parce que c’est l’économie de marché, vous allez voir, les parts de marché vont augmenter”. Au final c’est pas ça, non seulement la part du gâteau s’est réduite mais en plus il y a des dizaines d’entreprises différentes. 

Donc en vérité, c’est un désastre total, ça ne fonctionne pas, tout le monde se tire dedans. Le transport ferroviaire est pire qu’il y a 20 ans. C’est une tuerie. Et là, cette année, ils annoncent la fin du fret SNCF parce qu’ils ont décidé de se désengager totalement du fret. A terme, dans les 20 ans, c’est ce qu’il risque d’arriver à la SNCF parce que l’ouverture à la concurrence ne règle rien, au contraire, ça flingue tout, ça casse le modèle du transport ferroviaire. 

Calais la Sociale

Et ce serait quoi un service public ferroviaire digne de ce nom ? 

Jérôme Mignien

Ce serait que l’Etat prenne en main le service ferroviaire et y mette les moyens. Y mettre les moyens, ça veut pas dire dépenser des milliards d’euros sans compter et jeter l’argent par les fenêtres. C’est faire ce qui a été fait il y a quelques années, on a rien à inventer. Avant la SNCF, il y avait plusieurs entreprises privées en France, il y en avait 4 ou 5. Et il se passait ce qu’on dénonce maintenant : les entreprises se tiraient la boule et quand tu voulais prendre un train et traverser la France, il fallait passer par plusieurs entreprises et prendre plusieurs billets et c’était la galère. Et quand la SNCF a été créée, tu prenais plusieurs trains différents mais un seul billet de train et tu savais que ton parcours était clair. 

Nous ce qu’on veut, c’est ça. Que l’Etat crée une seule entreprise publique et qu’il mette les moyens dans l’entreprise pour avoir un niveau de sécurité élevé et une qualité de service pour les usagers. Et ne pas se retrouver avec de multiples entreprises qui ne pensent qu’à une chose. Parce que, ces entreprises privées, quelles qu’elles soient, quel est leur but ? C’est de faire du profit, de faire de l’argent. C’est compréhensible : on ne va pas reprocher à une boîte privée de faire de l’argent. Mais dans un service public, ce n’est pas le but. 

Calais la Sociale

Parce que c’est faire de l’argent en réduisant le coût du travail et ne plus vous permettre de travailler correctement. 

Jérôme Mignien

Oui. Prenons l’exemple du TER car on va être une des premières régions ouvertes à la concurrence. Le prix du billet de train est fixé par le conseil régional et il est bloqué. Donc l’entreprise privée ne pourra même pas faire plus d’argent en augmentant le prix du billet et elle sera obligée de faire des économies sur la maintenance, les effectifs, les infrastructures. Donc forcément, ça va bloquer les choses. A un moment, on va parler d’économies, mais quand on parle d’économies dans le train, c’est des économies sur la maintenance du train, sur le réseau ferroviaire, sur les effectifs, sur la qualité ou la sécurité. Ça peut être très grave. Quand tu fais rouler les trains à 160, 180 ou 200km/h, tu t’arrêtes pas comme une voiture. Ça peut être très dangereux à un moment donné. 

Propos recueilli par Valentin De Poorter, le 29 mai 2024.

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Calais la Sociale : entretien avec Valentin De Poorter et Pierre Muys https://calaislasociale.fr/2024/05/28/calais-la-sociale-entretien-avec-valentin-de-poorter-et-pierre-muys/ Tue, 28 May 2024 07:45:59 +0000 https://calaislasociale.fr/?p=4365 Pour présenter les états généraux du boulot et l'événement qui aura lieu le 14 juin, on a rencontré les journalistes de Nord Littoral et La Voix du Nord. Au passage, on leur a raconté l'histoire de Calais la Sociale. Voici ce qu'on a dit.

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Pour présenter les états généraux du boulot et l’événement qui aura lieu le 14 juin, on a rencontré les journalistes de Nord Littoral et La Voix du Nord. Au passage, on leur a raconté l’histoire de Calais la Sociale. Voici ce qu’on a dit.

Nord Littoral, édition du 28 mai 2024.


Valentin De Poorter (Calais la Sociale)

Pierre va commencer par présenter Calais la Sociale. Ensuite je parlerai des états généraux du boulot qu’on lancera le 14 juin.

Pierre Muys (Calais la Sociale)

Je filme depuis que j’ai 14 ans. Mais je filme les mouvements sociaux depuis le mouvement des gilets jaunes. Voir qu’il y avait la possibilité de parler de la vie, de la politique sur des lieux un peu random, devant le rond-point de Jardiland ou ce genre de chose, m’ont vraiment mis le déclic. Ça allait plus loin encore que le mouvement Nuit debout qu’il y avait eu deux ans auparavant. À ce moment-là a émergé la possibilité de filmer et diffuser instantanément la parole de ces gens avec une caméra. Ça s’était très vite répandu, avec des figures comme Rémi Buisine. Ça m’avait vraiment épaté alors je filmais les manifs, mais dans mon coin. C’étaient des reportages pour la famille et les amis quoi. 

Bien plus tard, il y a eu cette grève des raffineurs en octobre 2022 et je m’étais dit : « Ça y est ! Ça recommence ! Il va se repasser un truc ! ».  Et finalement non. Je me souviens, j’étais à l’anniversaire d’un ami. Et il y avait un docker du Havre qui m’avait un peu douché l’optimisme  : « Non, il ne se passera rien, les gens sont crevés à cause de la précédente réforme des retraites ». Il savait. Et moi, j’avais tellement le cafard en revenant à la maison avec ça, c’était pas possible. Je voulais pas refaire ça tout seul, aller d’espoirs en échecs toute ma vie.

Et puis c’était un projet souhaité par pas mal de gens aussi. Faire un média ou un journal local, en tout cas un endroit qui parle des initiatives à la fois liées aux questions de l’exil, à la question sociale, environnementale. Alors sur la route je me suis débrouillé pour trouver un titre et puis on verra ce qu’on fera avec, il n’y aura plus qu’à remplir quoi. Il n’y avait jamais d’accord sur les modalités d’existence du truc. L’enthousiasme se dégonflait toujours un peu au contact de l’organisation : comment on fait ça, est-ce qu’on fait une collégiale, quel nom on choisit, etc. Et il n’y avait jamais rien qui se créait vraiment. 

Donc je me suis dit : voilà ce truc, ça s’appelle Calais la Sociale et ce sera ce que ça deviendra. Le titre est une référence au programme des jours heureux, à Ambroise Croizat. Et puis, à la base, c’était aussi un petit pied de nez pour le slogan « Calais La Plage ». 

Eric Dauchart (La Voix du Nord)

Les premières publications ont eu lieu à quelle date ? 

Pierre Muys

En octobre 2022. En fait, l’initiative de base, c’était de réaliser du documentaire.

Eric Dauchart (La Voix du Nord)

 Via Facebook ?

Pierre Muys

Sur Facebook, Youtube… Et sur notre site Internet aussi. Le site, c’est quelque chose qui est arrivé grâce à Benjamin Danon qui est entré dans l’équipe et a d’emblée fabriqué un site internet. Mais à la base, c’était surtout pour faire du documentaire, se faire un relais engagé de ce qu’il se passe dans le Calaisis. Avec Julia Druelle, on se disait : on va faire des formats, un par mois, un tous les quinze jours, un truc comme ça. Et puis, Valentin est arrivé là-dedans, on s’est fait aspirer par la réforme des retraites. C’est quelque chose qui a été beaucoup plus suivi. 

On a été d’emblée vachement bien accueillis par les syndicalistes de la bourse du travail. On était tous pris dans cette dynamique de réformes des retraites. Ça nous a permis de rencontrer plein de monde, on nous a ouvert des portes pour écouter plein de gens différents. Toutes les manifs, ça a vraiment participé à accélérer nos contacts avec des gens. Sans ça, on aurait peut-être mis, je pense, des années à les rencontrer.  

Après, on a fait plein de documentaires, des choses sur la désindustrialisation. Sur ça, il y avait eu un moment, un temps fort. C’était le 10 février, une manif contre la désindustrialisation. Nous, on était trop contents. On se disait que c’était le retour d’une histoire locale du salariat. Alors il fallait faire un truc, marquer un coup. Valentin, lui, son père, il s’est fait licencier de Synthexim. Moi ma marraine est à Catensys. Ça nous met dedans. 

Valentin De Poorter

À Calais, on a tous un tonton qui s’est fait virer de l’industrie quoi. 

Pierre Muys

C’est ça. Il y a toujours quelqu’un de plus ou moins proche dans une boîte qui vire des gens. Avec la manifestation sur la désindustrialisation, on se disait : « C’est bien, il va se passer un truc ! ». On avait déjà réfléchi à des espèces d’assemblées générales pendant la réforme des retraite. Ce qu’on a regretté, à ce moment-là, c’est qu’il n’y avait la possibilité pour personne de pouvoir se poser pour parler, pour pouvoir raconter sa vie au travail, ou ne serait-ce que de se mettre d’accord sur des revendications communes locales. Faire corps. La seule possibilité qu’on avait, et c’était un phénomène national, c’était de se rendre périodiquement à des manifestations à la date qu’on nous donnait depuis Paris et attendre bon dieu qu’il supprime sa réforme.

Et donc, quand il y a eu cette manif début février contre la désindustrialisation calaisienne, on avait proposé de créer un temps d’assemblée générale, comme une réunion publique. On nous l’a refusée en nous disant : « Vous êtes encore verts et jeunes, laissez-nous donc gérer notre affaire, vous ferez ça plus tard ». On a accepté, il s’agit d’être unis. Mais à la manif, il ne s’est rien passé, on était 300. Je ne dis pas qu’on aurait fait mieux en terme de mobilisation. Mais on se disait qu’il fallait profiter de ce temps pour proposer aux salariés autre chose que juste marcher. Il faut  qu’on se parle, qu’on crée des liens, des liens d’engagements, qu’on revienne vers une culture commune liée au salariat. Et ouvrir des espaces où il est possible de raconter des récits, de témoigner ce qu’il peut se passer dans telle ou telle entreprise quand on y travaille.

Quelque chose qui était aussi troublant, c’est qu’on apprenait l’existence des boîtes qui fermaient par le fait qu’elles rencontraient des problèmes : Catensys, Prysmian, etc. C’est pas anodin. On n’est plus trop conscients de l’espace économique local en tant que travailleurs. Si on lit la presse, on peut l’être. Mais de façon disons populaire, on n’a pas connaissance de ça. On se disait que ces rencontres sont aussi une bonne occasion pour comprendre ce que l’agglomération produit, identifier nos problèmes, nos besoins. On sait qu’on fait du tourisme, que le commerce ne va pas forcément très bien, mais on ne sait pas trop l’état de l’industrie. 

Valentin De Poorter

À l’époque, l’usine Lu parfumait toute la ville. Tu savais que l’entreprise était là. Les Calaisiens avaient développé un attachement particulier à cette usine et quand elle a fermé, plus de 20 000 personnes sont sorties dans les rues. Mais Prysmian, tu ne la sens pas, tu ne la vois pas. Tu ne vois pas l’usine, encore moins les travailleurs. Ces gens qui travaillent là, ils finissent par ne plus exister. Et nous, ce qu’on veut faire, c’est rendre visible ce qu’on ne voit pas, c’est rendre audible les discours qu’on n’entend pas.

Pierre Muys

D’ailleurs, il y a un truc qu’on aimerait bien faire un jour, c’est justement de filmer les gestes du travail. Je parlais de ma tante qui produit des chaînes de voitures à Catensys. Ce serait génial de pouvoir réaliser des documents là-dessus, des vidéos qui montrent les gestes du travail calaisien en 2024. Rien que montrer ce qu’il se passe à l’intérieur de l’entreprise, au-delà des chiffres de productivité. Dire à travers ses mains ce que c’est qu’un corps de travailleur/travailleuse qui s’emploie 8 heures par jour pendant 35-40 ans.

Maintenant, on va parler de notre projet qui va arriver au mois de juin. 

Valentin De Poorter

On a un projet qui s’appelle Les états généraux du boulot. Le projet est né après un an et demi de micros tendus, de reportages, de prises de notes dans les carnets. Les gens nous ont parlé de ce qu’ils faisaient au quotidien, de ce qu’ils vivaient au quotidien. On a entendu beaucoup de ras-le-bol, dans les manifs, sur les piquets de grève. On s’est donc retrouvé face à des discours qui concernent les salaires, les conditions de travail, le boulot qui se dégrade.

Au moment de cette manifestation du 10 février contre la désindustrialisation dont parlait Pierre, on voulait donc organiser une sorte de réunion publique où on aurait parlé du boulot, fait un constat de ce à quoi ressemble le travail dans le Calaisis. Il y aurait eu des salariés, ils auraient raconté leur quotidien au boulot. Avec cette idée de raconter le travail pour envisager de le changer. Car à un moment, si on veut être dans une dynamique où le projet c’est de changer le travail, peut-être qu’il faut partir d’un constat établi par la parole salariée, agir à partir de ce que les gens ont à dire.

Après le refus d’organiser cette réunion publique, le projet est resté dans nos têtes et a mûri au fil du temps, avec tout ce que les gens nous ont dit. Sur la vitesse, par exemple : le rythme, les cadences de travail qui s’accélèrent. Ça revient souvent. Et pourquoi ça s’accélère ? Parce que le travail est pensé à partir de chiffres, à partir d’indicateurs, d’objectifs financiers. Les cadences sont imposées aux travailleurs, il faut toujours aller plus vite, produire plus et, inévitablement, le travail se dégrade. Ce qu’on entend sur le terrain, ce ne sont pas des plaintes, ce sont des envies de travailler autrement, c’est une critique populaire du travail.

On a vite compris que faire une réunion publique pendant un après-midi, ça ne suffirait pas. Les gens ont trop de choses à dire, sur trop de sujets différents. Donc les états généraux du boulot, c’est un projet sur le long terme, divisé en chapitres. Le premier chapitre commence le 14 juin et s’intitule Nous salariées. L’idée est de mettre au centre la parole des femmes salariées, de parler des luttes sociales féminines et du travail des femmes. 

On est encore en train d’établir la liste des invitées, mais il y aura d’abord des gens du privé. Par exemple, ces derniers mois, il y a les salarié·es d’Armatis, un centre d’appel, qui se sont mobilisé·es, notamment pour les salaires. Les magasins Auchan, pour la même raison. Il y a les métiers du soin, aussi. Les agents de l’hôpital de Calais ont fait grève, ceux de la clinique des 2 Caps aussi. Les laboratoires Biopath ont failli partir en grève mais ont réussi à négocier au mois de janvier. Les infirmières libérales ont bougé récemment. Les auxiliaires de vie, on les entend moins mais elles sont là aussi. La liste des métiers du soin est très longue et tous ces métiers sont principalement exercés par des femmes sur lesquelles est mise une pression énorme.

Une auxiliaire de vie me racontait qu’elle doit faire sa prestation en 40 minutes, chrono en main. Retourner des patients parfois en surpoids, faire la toilette. « C’est pas possible », disait-elle. On avait eu cette discussion au moment de la réforme des retraites. Et elle avait dit : « À 64 ans, je vais prendre soin de patients qui sont parfois plus jeunes que moi ». Et les infirmières libérales, c’est pareil. On peut penser que, parce qu’il y a le mot « libéral », c’est une profession plus avantagée. Alors qu’un pansement, une injection, une prise de sang, c’est 6,30€ brut. Donc, elles le disent : « Pour faire un salaire, il faut en faire des injections, des pansements dans la journée ! ». Elles courent, elles courent et leurs salaires n’ont pas augmenté depuis 15 ans. Pendant ce temps-là, l’inflation a augmenté de 26%.

Tout ça nous conduit aux états généraux du boulot et au premier chapitre. 

Le format sera assez simple : une grande salle, du public, des gens qui parlent. Alors on n’appelle pas ça une « table-ronde », on appelle ça une « tablée locale et populaire ». Les gens vont se parler. C’est simple. Ce qu’il manque aujourd’hui, c’est qu’on se parle, c’est qu’on se mette d’accord sur ce qui ne va pas et pourquoi ça ne va pas. Et une fois qu’on se sera parlé, on arrivera à un constat commun. On aura recueilli les récits, les expériences. Et c’est ça qui est important. C’est que cette parole du salarié, on la remette au centre. Nous on est dans la rencontre, on est dans le relais de cette parole. 

Pierre Muys

En fait, beaucoup de films qu’on a faits sont souvent les mêmes d’un point de vue visuel : une manif, des hommes et des femmes avec des chasubles qui ne sont pas contents. C’est, pour reprendre une imagerie méprisante portée par le président de la République : « Jojo le gilet jaune sur son rond point ». Pour beaucoup de gens, il y a une espèce de repoussoir dans la figure du manifestant. Et c’est vrai que les images qu’on fait sont souvent celles de gens qui parlent derrière une clameur de manifestation. Les paroles prononcées dans ce contexte-là ne sont pas les mêmes que celles qu’on peut avoir assis à une table, face à des gens venus pour t’écouter. Avec ces états généraux, on donne un endroit, une possibilité d’expression claire, un moment pour réfléchir à son truc, à ce qui nous arrive. Avec ce rendez-vous on ne prend personne en surprise. Chacune et chacun est invité à se raconter, à partager un désir, une idée, à participer à l’embrayage d’une pensée collective du travail. 

Valentin De Poorter

C’est reprendre le temps, laisser le temps et l’espace pour cette parole de s’exprimer. Redonner un espace à des salariés pour déployer leur pensée. Car leur pensée existe déjà : les gens savent comment ils travaillent et comment ils voudraient travailler. Le problème, c’est que dans l’entreprise, la plupart du temps, la démocratie n’existe pas. Et les syndicats ont beau faire un travail génial, l’espace qui leur est laissé n’est pas suffisant. À la fois par les entreprises elles-mêmes et en même temps par un gouvernement qui fait tout pour réduire les droits des travailleurs et pour éteindre la voix des syndicats. 

Ce rendez-vous du 14 juin et ceux qui auront lieu par la suite s’articulent en trois points. D’abord, le recueil des récits. Ensuite, les propositions, c’est-à-dire qu’on ne va pas seulement demander aux gens comment ils travaillent, on va aussi leur demander comment ils aimeraient travailler. C’est-à-dire qu’on va recueillir les propositions, les envies, les désirs, les utopies pour changer le travail. On va imaginer le travail autrement. Et tout ça à partir de la parole des salariés. Nous, Calais la Sociale, on n’est pas dans la représentation. Il ne s’agit pas de dire : on va vous représenter. On dit aux gens : vous vous représentez vous-même et c’est vous qui décidez ce que vous voulez que votre travail soit. Enfin, à partir de tout ce qui aura été dit, les récits recueillis, les propositions émises, on pourra partir sur quelque chose qui est une base pour structurer les luttes à venir, avec des acteurs qui seront essentiels : les syndicats. C’est que nous, on ne fait pas ça sans les syndicats. Au contraire, on est les alliés des syndicats dans cette histoire.

Autre chose : le premier chapitre sera ouvert le 14 juin soir, mais il ne sera pas refermé le 14 juin au soir. Ça peut durer des mois, un an pourquoi pas. Des propositions, il va y en avoir mille. On va mettre un grand tableau où les gens pourront afficher leurs propositions, une espèce de recueil de doléances. Et à partir de là, on va se mettre d’accord sur une, deux ou trois propositions qu’on aimerait faire vivre par la suite. Je ne vais pas donner d’exemple pour ne pas orienter quoi que ce soit, mais prenons une proposition, une réclamation sans lui donner de nom. Cette réclamation, on se donne l’objectif de la porter et de la faire gagner. On va s’organiser, on va en parler au-delà du 14 juin. On va rappeler les gens qui sont venus ou qui ne sont pas venus, les appeler à venir dans des cafés où on organisera d’autres rendez-vous pour structurer des actions plus directes. À partir de là, tout est possible.

Je pense que j’ai dit l’essentiel. 

Edouard Odièvre (Nord Littoral)

Justement, la question logique qui débouche après, c’est : est-ce qu’il y a une ambition politique derrière, à terme ? Politique dans le sens représentatif.

Valentin De Poorter

Calais la Sociale n’est pas dans la représentation mais dans la rencontre. C’est-à-dire que les syndicats sont dans la représentation, ils font leur travail, les partis politiques aussi. La question nous a déjà été posée. Calais la Sociale va-t-elle présenter une liste aux municipales en 2026 ? La réponse est non. Calais la Sociale n’est pas une structure qui a vocation à représenter. Maintenant, si les gens qui passent par Calais la Sociale se sentent d’aller sur ce terrain, celui des élections, il faut foncer. Je pense que le pouvoir, il faut le reprendre à la fois dans les entreprises et à la fois dans les institutions politiques. 

Edouard Odièvre (Nord Littoral)

Vous vous doutez bien que du côté de Natacha Bouchart, ils vont vous voir comme l’avant-garde du prolétariat… 

Valentin De Poorter

Natacha Bouchart se cherche des adversaires parce qu’elle est candidate aux élections. Donc évidemment, elle nous voit comme des adversaires. Un de ses adjoints m’a d’ailleurs déjà qualifié avec ce terme. Ça dit beaucoup plus d’eux que de nous. 

Eric Dauchart (La Voix du Nord)

Si vous ne présentez pas de listes, d’accord, mais le risque c’est que des gens d’une liste se servent de vous pour faire une campagne. Et dans ces cas-là, même si vous n’êtes pas représentés, vous êtes quand même acteur d’une campagne et je rejoins Edouard dans l’idée d’une ambition politique. OK Calais la Sociale n’aura pas de candidat mais si tous les deux jours, il y a des vidéos comme ça avec les mêmes qui proposent des choses, là on pourra… Mais à ce moment-là seulement.

Pierre Muys

En fait, sur les temps politiques, comme celui ouvert par les élections européennes, on nous a fait des propositions. La réunion publique des Écologistes du 1er juin sur l’état de l’emploi dans le Calaisis, par exemple. C’est des moments qui sont vraiment intéressants en soi, mais dont on ne fera pas la promotion, au même titre que la caravane insoumise au Beau-Marais. Premièrement par volonté d’équité de traitement qu’on ne peut pas, par notre statut de bénévoles assumer, mais aussi parce que ces moments s’inscrivent dans le cadre d’enjeux politiques qui ne sont pas les nôtres. La seule raison d’existence de ces événements est d’obtenir de la part du public un bulletin dans une urne. Aucune critique là dedans, on ne cherche simplement pas la même chose. 

Le projet de Calais la Sociale, c’est de se fabriquer une charpente et des outils sur un temps quotidien, sur plusieurs années. d’ouvrir une tribune pour que des gens soumis à un quelconque lien de subordination puissent en parler, de créer une histoire locale et populaire de ce qu’il se passe ici, à Calais. Si Calais la Sociale existe, c’est parce qu’il y a quelque chose qui est vraiment occulté : nous sommes une ville dont l’histoire est profondément ancrée dans l’exploitation des travailleurs. Depuis quelques années, on a un grand écran de fumée qui s’impose à nos yeux avec des choses liées à la nécessité d’être compétitifs sur le plan touristique, l’attractivité territoriale. Difficile de trouver du sens dans le travail là-dedans. 

Donc le but n’est pas de partir dans une quelconque élection. Si c’est que ça, on va décevoir des gens. Par contre, si ces états généraux permettent à des salarié·es et à tous types de personnes en situation d’oppression de s’organiser, de se dire : « Effectivement, tout ça va dans le sens de notre intérêt collectif, faut qu’on y aille », c’est tant mieux parce qu’on aura permis à ces gens de s’extirper d’un sentiment d’impuissance quasiment généralisé.

Si on arrive à faire 80 ou 100 personnes, le 14 juin, c’est génial. Si les gens qui viennent finissent par s’organiser et se dire grâce à ces rendez-vous : « Tiens, on n’est pas si nuls que ça, on peut peut-être aussi aller les chercher, ces gens qui nous foutent au chômage, qui nous font bosser jusqu’à 64 ans, qui payent mal, nous imposent la peur et le silence ! ». Si les gens sont capables de se relever, de se dire que ça peut se passer autrement, rien que parce qu’ils se mettent à le décider, qu’ils vont s’employer au quotidien pour faire en sorte que leur situation change, ça serait quand même une belle chose à vivre, collectivement.

Eric Dauchart (La Voix du Nord)

Les travailleuses et les travailleurs de toutes les entreprises, quelque part, c’est auprès du MEDEF qu’il faut aller déposer vos propositions. Parce que c’est les patrons. La maire n’a aucun pouvoir sur ce qu’il se passe dans les entreprises. Et vous avez pas prévu ça, ce genre de propositions ? Aller rencontrer par exemple le DRH de l’hôpital, le MEDEF, des patrons avec vos propositions justement ? Est-ce que vous avez prévu de rencontrer ceux qui donnent des ordres et qui pourraient améliorer les conditions de travail ? 

Pierre Muys

Oui, c’est pas un truc à écarter. Mais on va y aller seulement si on a des bagages. En fait, j’ai pas un plan tracé de tout ce truc. Je sais juste que ça va dans le sens de ce qu’il faut faire pour donner envie aux gens de se remettre un peu à s’intéresser à la politique, à s’intéresser à l’économie du travail. J’ai pas réfléchi à ce qu’il doit se passer le 14 juin. Qu’est-ce qui va déboucher de tout ça ? J’en sais rien. Si ça nous permet d’aller à Coquelles devant les portes du MEDEF, c’est chouette. Mais si c’est pas ça, ça sera autre chose.

Disons que nous, on démarre des affaires. On fabrique des amorces, des départs de feu. Mais on sait que s’il n’y a pas de combustible derrière, on tirera une sacrée remorque, ça ne servira à rien. Enfin, on verra. J’espère que ce qu’on fera intéressera du monde et que les gens nous pousseront à poursuivre ces rencontres.

Valentin De Poorter

Tout ça rejoint cette idée selon laquelle les salariés doivent se faire entendre, reprendre le pouvoir d’une certaine manière, avant tout dans l’entreprise. Donc, oui : engager un dialogue et un rapport de force avec le MEDEF, bien sûr. Je dis un rapport de force parce que c’est comme ça que ça fonctionne. Les patrons accordent rarement des choses de bonne volonté. Et en même temps, reprendre le pouvoir dans les institutions politiques. Qu’est-ce qui fait que la sécurité sociale existe et que c’est un truc vachement bien ? C’est parce que c’est dans la loi. À un moment donné, il y a des gens dans les institutions qui ont rédigé cette loi, qui l’ont promulguée. Et si on n’a pas des alliés dans les institutions politiques, on ne s’en sortira pas. 

Alors maintenant, la mairie de Calais, c’est pas l’endroit où on va changer le travail. C’est pas depuis cet endroit que ça va arriver. Ce serait un peu trop simple. Donc ce serait complètement absurde de dire : « On veut changer le travail donc on va se présenter aux municipales à Calais ! ». Mais en même temps, c’est aussi une façon de remuer un petit peu les partis politiques locaux de gauche, les amener à s’emparer de cette question du travail qui est une question politique. C’est l’idée que le travail, on peut en débattre.

Prenons un exemple. J’ai parlé un moment avec une salariée d’Armatis qui s’appelle Amélie. Elle me disait : « On n’a pas le temps de souffler. Une fois que je raccroche mon téléphone, que mon appel est terminé, je dois faire un mail pour répondre à la réclamation précédente et j’ai deux minutes, chrono en main, avant que le prochain coup de téléphone arrive ». Et elle me dit qu’elle n’a pas le temps de souffler, de prendre un café. Il y a une pression constante qui est mise.

Et critiquer ce rythme, dire qu’on a envie que ça aille moins vite, c’est politique. Pourquoi ? Parce que ce qui fait que ça va vite, c’est qu’il y a des actionnaires à nourrir. C’est qu’il y a tout un système de concurrence, de compétitivité qui se met en place et qui fait que, même la plus petite entreprise, le plus petit commerçant, est mis en concurrence avec de très grosses entreprises comme Amazon. Les commerçant du centre-ville de Calais nous le disent. Résultat : il faut aller encore plus vite, essayer d’être toujours plus attractif. C’est ça qui pose problème dans beaucoup de boîtes. C’est qu’on pousse les salariés à bout, on les essouffle et ils n’en peuvent plus. Vouloir ralentir le rythme, c’est s’opposer politiquement à tout ce système et à ceux qui l’entretiennent. 

Edouard Odièvre (Nord Littoral)

Et du coup Calais la Sociale vous la financez toujours sur vos fonds propres ? 

Pierre Muys

Là, on a ouvert un compte. On a une association qui existe depuis maintenant deux mois. 

Valentin De Poorter

Et  il est possible de nous faire des dons. Pour l’instant, on a fonctionné pendant un an et demi avec nos moyens, sur notre temps libre, en dehors du boulot. Et là, on ouvre la possibilité de faire des dons. On a commencé à en recevoir quelques-uns. On lancera sans doute une campagne de financement un peu plus tard pour avoir des moyens techniques, pouvoir organiser des événements, pour les salles, pour défrayer les gens qu’on va inviter. Donc les sous qu’on va récolter, c’est surtout pour du support technique. Ce n’est pas encore pour nous rémunérer. On ne gagne pas d’argent avec Calais la Sociale. 

Pierre Muys

On n’a pas encore le business plan pour avoir tout ça. 

Edouard Odièvre (Nord Littoral)

Le 14 juin, ce sera gratuit ?

Pierre Muys

Oui, ce sera gratuit. 

Edouard Odièvre (Nord Littoral)

Il y a combien de divisions chez Calais la Sociale, à part vous deux ? 

Pierre Muys

On est 9 personnes, qui travaillons plus ou moins régulièrement. 

Valentin De Poorter

Calais la Sociale repose sur notre capacité, comme toutes les associations, à nous libérer du temps. Pierre et moi, on a un métier qui nous permet ça. Pierre est technicien intermittent, moi je suis journaliste indépendant.

Eric Dauchart (La Voix du Nord)

Vous savez déjà si vous avez un deuxième rendez-vous ?

Pierre Muys

Alors, on a un autre truc qui va arriver très vite : on projette un documentaire qu’on a réalisé. Ce sera à l’Alhambra, le 16 juin à 17 heures. Ce documentaire va s’appeler Nos hommes. Ce sera sur la lutte des femmes de Prysmian.

Valentin De Poorter

On les a suivies pendant des mois, donc on a des heures et des heures de rush. 

Pierre Muys

L’idée, c’est de faire un récit un peu plus cohérent sur une cinquantaine de minutes. Ça sera un moment chouette, ce sera la fête des pères. Les femmes seront là, les salariés seront là, les enfants seront là. 

Valentin De Poorter

Ce sera co-organisé avec la CGT de Prysmian. 

À Calais, le 27 mai 2024.


Nord Littoral, édition du 28 mai 2024.
La Voix du Nord, édition de Calais du 30 mai 2024.

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Introduction aux états généraux du boulot https://calaislasociale.fr/2024/05/23/introduction-aux-etats-generaux-du-boulot/ Thu, 23 May 2024 16:02:15 +0000 https://calaislasociale.fr/?p=4329 C’est une idée qui nous trottait dans la tête depuis un moment. Une idée qui est venue au fil des discussions sur les piquets de grève ou dans les manifestations avec des gens qui n’ont plus que la rue, un bout de trottoir ou de route pour dire – souvent sans être entendus – qu’au boulot ça ne va plus. 

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C’est une idée qui nous trottait dans la tête depuis un moment. Une idée qui est venue au fil des discussions sur les piquets de grève ou dans les manifestations avec des gens qui n’ont plus que la rue, un bout de trottoir ou de route pour dire – souvent sans être entendus – qu’au boulot ça ne va plus. 

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Raconter le travail

19 janvier 2023. Ce jour-là, partout en France, ça manifeste pour la première fois contre la dernière réforme des retraites. À Calais comme ailleurs, il y a du peuple sur les boulevards. Bosser deux ans de plus, pour plein de gens, c’est pas imaginable. Il va falloir serrer les dents. « Mon balai, il va me servir de canne ! », se marre Isabelle, femme de ménage à Guînes, qui préfère en rire. « Quand on doit faire une toilette et manipuler la personne sans équipement adapté, c’est très difficile, poursuit Nathalie, auxiliaire de vie dans le même coin. À 55 ans, on a déjà du mal. Alors si à 64 ans on doit porter des personnes parfois en surpoids ou qui ont de gros handicaps, c’est pas possible. » 

En un projet de loi, le gouvernement a produit un effet qu’on n’attendait plus : les gens se sont mis à parler de leur boulot. Partout, c’est le sujet de discussion. Dans les manifestations bien sûr, mais aussi pendant les repas en famille ou entre amis, au club de sport ou au coin d’un rayon de supermarché. Tout le monde sort la calculette, essaie d’y comprendre quelque chose. « Et toi, tu pourras partir à quel âge ? » Tap tap tap tap. Un âge tombe. Un soupir avec. Et puis on entend de tout. Les gens vident leur sac. Les employés comme les cadres. « Je fais 42 heures par semaine, nous dit Caroline, responsable de supermarché. Et je ne me vois pas, à 64 ans, continuer à faire 42 heures par semaine au rythme auquel on travaille. Parce qu’aujourd’hui on nous demande de la productivité et de la performance. »

Tout s’accélère. Tout va trop vite. « On n’en peut plus », disent plein de gens. « On court partout, on n’a plus le temps de souffler ! » Ça va trop vite pour Nathalie, l’auxiliaire de vie, dont le temps passé chez les personnes est chronométré. « On a 40 minutes pour assurer notre prestation, c’est trop léger. » C’est pareil pour les infirmières du public, du privé ou libérales, Lucie, Séverine, Marine et les autres. Monter les escaliers quatre à quatre, faire la piqûre ou changer le pansement, partir et repartir. Ça va trop vite dans les bureaux d’Armatis, un centre d’appel calaisien qui gère les services clients de grandes boîtes comme Orange ou EDF, chaque minute compte. « On a un nombre d’appels et d’écrits à respecter à l’heure, 4 appels à l’heure et jusqu’à 9 actes écrits selon les dossiers, nous explique Aurélie. Ce n’est pas gérable. On traite quand même des dossiers super importants, il faut bien faire. Mais on ne peut plus bien faire, et on n’en peut plus. »

Alors ça craque. Ça fait des mois que Jean-Paul, chauffeur poid lourd à Calais, n’a pas pris le volant de son camion. Son médecin vient encore de prolonger son arrêt maladie. Psychologiquement, il n’est pas capable de repartir bosser. « J’peux plus les voir, ils me pourrissent la vie. » Ils, ce sont les managers, ceux qui pressent, qui fliquent, qui imposent la cadence au point, parfois, de faire régner la terreur dans les boîtes, les services publics et même dans les associations. Dans une asso du coin, le directeur adjoint passe son temps à contrôler le travail des salariés. « L’autre jour, il a débarqué dans mon bureau et m’a demandé ce que j’avais fait entre 11h et 11h15 parce que ça n’apparaissait pas sur son écran de contrôle, explique un salarié. Il faut justifier chaque minute, subir une suspicion constante. » Et dans les services publics, c’est pas mieux. « J’ai été un mois en arrêt parce que je ne me sentais pas bien, raconte un agent de mairie. Je venais avec la boule au ventre au travail. Une impression d’être harcelé moralement, on nous fait des réflexions qui ne sont pas correctes, un peu menaçantes. »

Physiquement, ça craque aussi. Danièle, hôtesse de caisse chez Auchan depuis 1992, sera bientôt licenciée pour inaptitude. « C’est les coudes, c’est les bras, c’est l’épaule. » Les mêmes mouvements, tout le temps et de plus en plus vite. Ça finit par user. Et pour quoi ? Pour presque rien. « Ma fiche de paie est tombée aujourd’hui, je suis à 35 heures et en retirant la mutuelle, j’ai eu 1 427 euros avec 31 ans d’ancienneté. » À l’autre bout de la ville, c’est pareil : le Smic rattrape les autres salaires. «  Il y a quelques années, on disait : si tu veux gagner plus, postule à un poste d’encadrant, se souvient Claude, qui bosse chez Armatis. À l’époque c’était valable mais, aujourd’hui, un téléconseiller qui passe encadrant chez nous va gagner le Smic. Ce que veulent les employeurs, c’est payer tous les employés au Smic. » 

Partout où on passe, on entend la même chose. « On veut du salaire ! ». Les infirmières libérales n’ont pas été revalorisées depuis 15 ans. « On se déplace à domicile pour un pansement, c’est 6€30 brut, explique Émilie. Il faut en faire des pansements, des prises de sang, des injections en une journée pour gagner sa croûte. » Même son de cloche du côté de l’hôpital public. Séverine y est infirmière. Elle explique : « Pour les catégories C, c’est-à-dire les plus bas salaires du centre hospitalier de Calais, on se retrouve avec un salaire au Smic. Et ce salaire au Smic, elles peuvent le garder pendant au moins 10 ans ». Et c’est pas mieux dans le privé. « C’est plus une clinique, c’est une usine ! On traite les patients comme du bétail », balance Lorene, infirmière à la clinique des 2 Caps. Ce jour-là, un des premiers jeudis de 2024, les agents de l’établissement ont pris un rond-point façon gilets jaunes pour réclamer 100 euros de plus sur la fiche de paie et de « meilleures conditions de travail ». 

Un matin de février 2024, on parle avec Albert, un agriculteur à la retraite adossé à son tracteur en arrêt sur l’A16. « Il y a rien de pire, quand vous travaillez, que de travailler avec des pieds de plomb, avec un boulet au pied. » Les pieds de plomb, beaucoup de salarié·es les ont dans notre coin au point que la retraite, beaucoup n’en peuvent plus de l’attendre. Et pourtant, les gens nous le disent : notre boulot on l’aime bien, notre travail on y tient. C’est ce qu’on en fait qui devient dégueulasse.

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Penser le travail

Pas plus tard qu’il y a deux jours, on parle avec Laurie, opératrice carton chez Clarebout, une usine qui fait dans la frite surgelée à 25 minutes de Calais. Il y a 6 mois, en attrapant un ballot de cartons, son coude a lâché. Un tendon déchiré. « J’étais toute seule en pleine nuit pour gérer les douzes machines. On a demandé d’adapter les charges au niveau des cartons parce que la majorité des salarié·es dans cette zone sont des femmes. C’est vraiment trop haut et trop lourd pour pouvoir déplacer ces ballots sur nos machines pendant huit heures. » Seule réponse de la direction : vous n’êtes pas contente ? Partez. 

« Obéissez, subissez ou partez. » Souvent, c’est ce qu’on fait comprendre aux salarié·es qui ont des choses à dire. Leur propre travail ne les regarde pas. Ils n’ont pas leur mot à dire sur les gestes qu’ils font, sur le rythme auquel ils les font. Leur parole ne compte pas. Ce qui compte, ce sont les objectifs, les chiffres, être compétitif : le travail est pensé depuis les tableurs des directeurs et managers, dans le bureau d’à côté ou d’au-dessus, ou plus loin encore du poste de travail. C’est là que le travail se dégrade et abîme celles et ceux qui l’exécutent. Les managers fixent des objectifs aux salariés qui s’époumonnent pour les atteindre. « Une fois que j’ai raccroché, j’ai 2 minutes pour traiter la réclamation et envoyer le mail, explique Amélie, qui bosse dans un centre d’appel. L’appel suivant arrive automatiquement après 2 minutes. Parfois, je réponds à l’appel suivant alors que je suis encore en train d’écrire mon mail ! » 

« On ne nous écoute pas. » Voilà le sentiment général. Un silence imposé. Et pourtant, tout est déjà là : la parole des salarié·es existe et avec elle la pensée du travail. Les gens connaissent leur boulot. Ils savent comment le faire, comment ils aimeraient le faire pour mieux le faire et mieux le vivre. Tous ces passages entre guillemets un peu plus haut, ce ne sont pas des plaintes ou des colères. Ces mots et ces phrases disent des envies, des désirs, des réclamations. Avoir un peu plus de temps pour prendre soin des personnes quand on est auxiliaire de vie ou infirmière. Réduire les charges lourdes quand on est opératrice carton. Ralentir la cadence, prendre le temps de souffler, de faire une pause, revoir le mode de management, se passer des managers. C’est ça, penser le travail. Se demander : comment on travaille et comment on aimerait travailler. C’est réinvestir un champ dont les salarié·es sont écarté·es, celui du travail, de son organisation, de sa finalité. 

Toutes ces pensées, ces idées, ces réclamations ne demandent qu’à être écoutés. C’est ce qu’on fait, nous Calais la Sociale, depuis octobre 2022. Rencontrer des gens, écouter ce qu’ils ont à dire, tendre un micro, prendre des notes sur un carnet et relayer. C’est tout simple mais ça permet, à notre petite échelle du Calaisis, de rendre audibles l’expérience vécue, la parole et la pensée de plein de gens que l’organisation actuelle du travail méprise. En même temps, en nous recentrant sur ce qu’il se passe ici, dans notre coin, on comprend un peu mieux ce qu’il se passe partout et ailleurs. 

La mondialisation, la mise en concurrence des travailleuses et des travailleurs, la compétitivité, la course aux profits… Les entreprises du monde entier se bastonnent pour faire du fric et c’est les salarié·es qui trinquent. Les salarié·es sont mis sous pression, sans moyens et « payés au lance-pierre ». C’est une expression qu’on entend beaucoup. C’est que pour les gens d’en haut, le travail des gens d’en bas est un coût à réduire. « Les chiffres, les chiffres, les chiffres ! Et l’humain on s’en fout. » Le boulot devient le lieu d’une mise en danger de soi, voire d’une mise en danger des autres, quand on fait un métier du soin. Dans la matrice néolibérale, même les plus petites entreprises doivent accélérer, suivre la cadence imposée par les grands groupes qui avalent tout. Les droits des travailleuses et travailleurs sont pris pour cible par le capital qui veut supprimer tout obstacle au profit, bien aidé par ses complices dans les assemblées, les ministères et les palais. Ces mêmes énergumènes qui nous rabâchent la « valeur travail » mais qui ne respectent pas le travail, l’écrasent et l’asphyxient.  

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Changer le travail ?

Face à tout ça, ce qu’on propose, c’est de faire vivre cette parole des travailleuses et travailleurs, de la mettre au centre. Prendre le temps de nous rencontrer, de causer. Écouter ces récits, ces expériences vécues. Écouter ces désirs, ces envies, ces utopies. C’est notre point de départ. Écouter le travail, débattre du travail. Agir à partir de ce que les gens ont à dire.

Ce qu’on propose, c’est pas autre chose que de la démocratie : ouvrir des lieux de délibération collective, faire des constats, déterminer le travail qu’on veut et celui dont on ne veut pas.

Rendez-vous le 14 juin pour le premier chapitre. On causera luttes sociales féminines et travail des femmes.

Vous êtes toutes et tous invité·es.


Quand ? Le vendredi 14 juin à 18 heures.
Où ? Pavillon de lettres, à la scène nationale du Channel (173 bvd Gambetta à Calais).

Plus d’infos très bientôt.

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La Victoire des Clarebout ! https://calaislasociale.fr/2024/05/22/la-victoire-des-clarebout/ Wed, 22 May 2024 20:23:22 +0000 https://calaislasociale.fr/?p=4323 La grève est un rapport de force qui paye ! Après six jours passés sans trancher une pomme de terre, les 250 salariés de Clarebout Bourbourg ont gagné un important bras de fer face à une direction jusque-là sourde à toute revendication. C’est une victoire collective qui permet de mesurer l’impact de l’engagement des travailleuses […]

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Photo : Florian Damman

La grève est un rapport de force qui paye !

Après six jours passés sans trancher une pomme de terre, les 250 salariés de Clarebout Bourbourg ont gagné un important bras de fer face à une direction jusque-là sourde à toute revendication.

C’est une victoire collective qui permet de mesurer l’impact de l’engagement des travailleuses et travailleurs dans la création d’un vrai rapport de force les face à leur employeur.

C’est aussi une belle victoire pour l’intersyndicale CGT/FO qui en sort légitimée à l’avenir dans sa capacité à faire l’union ouvrière, avec le gain de conquis économiques et sociaux vraiment significatifs :

  • Ouverture des Négociations Annuelles Obligatoires en vue d’une revalorisation salariale à la rentrée prochaine.
  • Amélioration de la sécurité de l’infrastructure en concertation avec les délégués syndicaux.
  • Majoration des jours fériés.
  • Majoration des dimanches travaillés.
  • Augmentation de la prime froid pour les salariés exerçant sous température négatives.
  • Revalorisation du budget de financement des activités sociales et culturelles des salariés.

Ce soir pour les Clarebout, la frite et la grève, c’est la fête !

Valentin De Poorter et Pierre Muys

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