À cinq mois du scrutin, Marion Lavigne (PCF) et Nicolas Vernalde (PS) ont présenté leur projet commun : une liste de rassemblement à gauche baptisée « Agissons pour Calais », soutenue par Génération·s à travers Jean-Marc Ben.

L’appel se veut large — aux salarié·es, militant·es associatifs et syndicaux, et à toutes les Calaisiennes et Calaisiens désireux de « construire ensemble l’avenir de la ville ».
« Notre mandat, c’est Calais, rien que Calais et tout pour Calais. On n’a pas la prétention d’apporter la paix dans le monde ni de régler des conflits internationaux, mais on veut servir cette ville et ses habitant·es », a rappelé Marion Lavigne.
Une « nouvelle gouvernance » mais peu de concret pour l’instant
Le binôme avance l’idée d’une nouvelle gouvernance : si la liste l’emporte, Marion Lavigne serait candidate à la mairie, Nicolas Vernalde à la présidence de l’Agglo, afin de « rompre avec la concentration des pouvoirs » et garantir des mandats exercés à temps complet.
« Aujourd’hui, la mairie et l’Agglo sont dirigées par la même personne. Ce n’est pas notre conception. Nous voulons du travail d’équipe, de la clarté et des responsabilités », a précisé Lavigne.
Mais au-delà des intentions, les contours de la campagne restent encore flous : ni programme détaillé, ni liste complète pour l’instant.
Les candidat·es promettent une construction collective fondée sur l’écoute et la participation citoyenne, sans encore préciser les modalités concrètes de cette démarche.
« On parle de méthode : du respect, du dialogue, de la dignité. Pas de vacarme ni de politique spectacle », a expliqué Nicolas Vernalde, affirmant vouloir « une démocratie vivante, construite par les idées et non par les excès ».
Un diagnostic sévère sur la situation économique et sociale
Sur le fond, la conférence de presse a surtout dressé un constat critique.
Calais souffre, selon eux, d’un effondrement industriel, d’un recul démographique (l’agglomération est passée sous la barre des 100 000 habitant·es) et d’une dépendance accrue au tourisme, symbolisée par le dragon et le varan.
« Aussi belle soit l’image de Calais, on ne peut pas tout miser sur le front de mer. Pendant qu’on investit des millions sur la plage, les usines ferment et les habitants partent. »
Concernant la situation migratoire, les deux élus dénoncent les discours de surenchère et plaident pour une approche humaine et respectueuse, « tant pour les Calaisiens que pour les personnes exilées ».
« Ça fait trente ans qu’on parle de “crise migratoire”. Ce n’est plus une crise, c’est une réalité. Et la surenchère ne fait que renforcer les discours de haine », a ajouté Vernalde.

Alliances : tensions à gauche et fractures locales
Côté alliances, ni LFI ni EELV ne figurent pour l’instant dans la démarche.
La situation reste tendue après la plainte déposée par l’élu écologiste Jean-Pierre Moussally contre un élu socialiste du même groupe, à la suite d’un échange houleux sur les réseaux, où Teddy Lauby avait sous-entendu un antisémitisme de Moussally après le partage d’une publication Facebook en soutien au peuple palestinien.
« On ne peut pas construire un programme commun quand la confiance n’est plus là. Il faut être cohérent, » a justifié Nicolas Vernalde.
Concernant LFI, les critiques régulières de militant·es insoumis à l’égard de la stratégie du PS auraient également pesé sur les échanges :
« Jean-Philippe Lannoy prône l’union, mais ses militants n’ont pas forcément envie de partir ensemble. Il faut arrêter les photos de façade et les attaques derrière », a commenté Marion Lavigne.
Les priorités esquissées restent générales : logement digne, emploi, pouvoir d’achat, santé et éducation accessibles, solidarités et bien-vivre ensemble.
Un local ouvrira début 2026, et la campagne s’organisera « de manière classique » — meetings, porte-à-porte, collages d’affiches.
Première mesure annoncée en cas de victoire : un audit complet des finances et du patrimoine de la Ville et de l’Agglo.
Pierre Muys
