Le samedi 12 juillet 2025, à l’appel de l’AFPS-Groupe de Calais, une centaine de personnes se sont réunies pour une marche pour la paix, du parc Richelieu à la digue Gaston-Berthe. En rouge, couleur de la colère et du sang versé, les manifestant·es ont dénoncé l’offensive israélienne contre Gaza, la complicité internationale, et la logique d’un capitalisme de guerre qui prospère sur les cadavres.Laurent Bourhis raconte.

De nombreuses ONG de défense du droit humanitaire, relayées par des associations, par des partis politiques et des syndicats se référant au mouvement ouvrier et à la défense des droits sociaux et des droits humains, ont appelé à former des lignes rouges partout en France début juillet. Depuis 21 mois, l’État et l’armée d’Israël, soutenus par les administrations américaines (Biden puis Trump), par l’Union Européenne, et par les gouvernements français successifs, ont franchi toutes les « lignes rouges » de l’horreur et de la barbarie, en s’affranchissant de toute retenue et de toutes les conventions internationales, dans leur guerre contre Gaza et désormais contre la Cisjordanie, de fait contre l’existence d’un peuple palestinien.
L’AFPS-Groupe de Calais a décidé de prendre place dans ce dispositif en appelant à une marche pour la paix, contre les fauteurs de guerre qui soufflent sur les braises dans bien des régions du monde afin d’en exploiter les ressources. La date retenue a été celle du 12 juillet 2025. Le code était de porter un vêtement de couleur rouge. Une grosse centaine de participants se sont retrouvés devant le Monument aux Morts du Parc Richelieu, pour participer à cette marche. Lors de sa prise de parole introductive, l’AFPS a tenu à rappeler qu’en ce même lieu se réunissaient les citoyens du Calaisis, et souvent d’ailleurs, pour se recueillir au lendemain du décès d’un ou de plusieurs exilés, victimes de la politique « migratoire » mortifère déployée par les différents gouvernements français et britanniques, sur le littoral. Eux aussi, bien souvent, fuyaient les guerres et leurs cortèges de violences et de privations.

Les guerres n’ont pas toutes le même visage, mais il a été rappelé que, depuis le début du XXème siècle, où 5 % des victimes des conflits étaient des civils, on est passé à un bilan, un siècle plus tard, où le montant s’élève à 95 %. L’AFPS a tenu à symboliser cette action collective pour la paix en arborant en tête de cortège des drapeaux d’une dizaine de pays récemment ou actuellement ensanglantés par des guerres, en général, si ce n’est toujours, criminelles : la Syrie, l’Érythrée, le Soudan, l’Ukraine, le Yémen, le Liban, etc. Les traits du visage changent, mais ils sont tous horribles. En fin de cortège, flottaient une dizaine de drapeaux palestiniens. Cette guerre à Gaza et en Cisjordanie est en effet sinistrement exemplaire, elle est un laboratoire pour les moyens ultra sophistiqués de destruction (armes interdites, reconnaissance faciale, drones, ciblage électronique, etc.) Et elle permet aux industriels de l’armement de prospérer à un niveau jamais atteint. A Gaza, sous la houlette des États-Unis et d’Israël, les distributions de vivres et d’eau sont des lieux de carnage. Le recours à l’aide humanitaire et plus seulement la soif et la famine sont devenus des armes de guerre. Il a été rappelé que 40 % des victimes à Gaza sont des enfants, parmi eux des nourrissons. Israël prétend qu’il n’y a pas de civils à Gaza, ce qui signifie, selon cette infamie, que les nourrissons sont de futurs combattants de l’Hamas. Telle est la logique de ce que Human Rights Watch ou Amnesty International nomment un génocide.
La manifestation a ensuite rejoint la digue Gaston Berthe et les représentants d’associations, puis des syndicats, enfin des partis politiques solidaires de la marche ont pris la parole, selon un ordre déterminé. La plupart des orateurs sont revenus sur ce lien entre la guerre (contre des peuples désarmés) par des moyens colossaux et la prospérité des spéculateurs du capitalisme. A été mobilisée la formule (malheureusement toujours aussi juste) d’Anatole France à propos de la Première guerre mondiale, selon laquelle « on croit mourir pour la patrie et l’on meurt pour les marchands de canon ». Elle venait compléter la citation de Paul Valéry (mobilisée en début de cortège) qui déclarait à la même époque, avec une lucidité qu’il n’a pas toujours eue : « La guerre, c’est le massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas. » Les bouillantes haines nationalistes et racistes sont les indispensables instruments aux mains des glaciaux calculateurs. En 21 mois de guerre à Gaza, les profits de la bourse de Tel-Aviv ont augmenté de 179%.
Dans notre pays, nous sommes des millions à penser que cela ne doit pas durer, et que l’heure d’une mobilisation de très grande ampleur est indispensable. Nous étions une centaine à y penser ce 12 juillet, à Calais. Nous voudrions être des milliers. Et nous devrons bientôt l’être.

Laurent Bourhis
