Dans une lettre ouverte adressée au Directeur National Garde-Côtes des Douanes, le syndicat Solidaires tire la sonnette d’alarme sur la dérive sécuritaire à l’œuvre dans les opérations de surveillance maritime, particulièrement dans la Manche. Le texte, sobrement intitulé « Garde-frontières, pas tortionnaires », dénonce un usage détourné des missions d’assistance pour faciliter l’interpellation policière de personnes exilées.

Au cœur de cette interpellation publique : une opération datant de ce mois-ci. Lors d’une intervention sur le littoral du Touquet, un patrouilleur garde-côtes aurait été sommé d’indiquer à distance l’itinéraire d’un embarquement afin d’alerter les forces de l’ordre de l’arrivée de personnes migrantes. Pour Solidaires douanes, cette injonction ne relève plus de l’assistance en mer mais bien de la coopération à une politique de chasse à l’homme.
La situation s’est encore durcie quelques jours plus tard, lors d’une opération de police sur la plage de Gravelines. Le 13 juin, selon le syndicat, des agents ont été contraints d’intervenir « de vive force » pour empêcher un départ. Loin d’être un cas isolé, cette pratique s’inscrit dans une logique plus large de maltraitance institutionnelle, où la violence devient un outil ordinaire du contrôle des frontières.
Solidaires dénonce une instrumentalisation politique des missions douanières : « Piétiner l’état de droit et encourager les violences policières pour servir son ambition personnelle et devenir l’homme providentiel de l’arc bourgeois réactionnaire », peut-on lire, en allusion claire au Ministre de l’Intérieur.
Face à cette situation, le syndicat refuse de « mettre les mains dans les barbelés » d’une politique migratoire inhumaine. Il réaffirme son refus de collaborer à des pratiques qui violent les droits humains : « Nous ne dénoncerons pas aux forces de l’ordre des personnes dont le seul tort est d’être nées du mauvais côté des barbelés. »
Dans une région où les frontières tuent régulièrement, cette prise de position courageuse rappelle que la désobéissance peut aussi venir de l’intérieur des institutions. Et qu’elle est parfois la seule manière d’honorer l’éthique du métier. Que ça fait du bien !
Pierre Muys.