« On a voulu marcher pour Gaza » #2 : Jusqu’à l’expulsion

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🔴 LE CAIRE, 14 JUIN.

Alors que la marche vers Rafah a été interdite, Isabelle, Jeanne et Marianne, toujours ensemble, choisissent de rester au Caire. Elles vont d’hôtels en hôtels bon marché où les arrestations de militant·es se multiplient. La coordinatrice française de la marche démissionne après avoir été menacée de mort par… d’autres marcheurs français. Elle est placée sous protection consulaire.

Pour éviter les arrestations, elles changent d’hôtel à plusieurs reprises. Le 15 juin, elles s’installent dans une auberge de jeunesse où elles retrouvent, pour la première fois, d’autres Occidentaux.

En attente d’informations de la part des délégations étrangères, elles partagent un moment de répit sur le toit-terrasse avec des camarades grecs, turcs et marocains. Mais à 19h, dix hommes en civil entre et les encerclent.

INTERPELLATION VIOLENTE

“On leur demande qui ils sont. L’un montre vaguement une carte. Ils parlent de sécurité, mais refusent de nous laisser appeler l’ambassade. Alors on refuse de les suivre.”

Ils tentent d’arracher un téléphone, trainent Isabelle dans les escaliers, plaquent Marianne, tête au sol. Les trois femmes crient aux passants : “Nous sommes françaises ! Appelez l’ambassade !” Personne n’intervient. Elles sont embarquées de force dans un minibus, puis dans un bus de police.

CELLULE COMMUNE ET CHANTS DE RÉSISTANCE

Elles retrouvent d’autres militant·es français·es et turc·ques. L’ambiance est étrange, solidaire. “Les Turcs nous ont nourries, abreuvées, remerciées. Un turc a chanté pour la liberté.” Arrivés à l’aéroport, ils sont enfermés dans une cellule collective. On leur demande d’acheter un billet retour immédiatement. Certain·es acceptent, d’autres refusent. Isabelle, Jeanne et Marianne en font parti. Leurs téléphones et passeports sont confisqués. pour combler l’attente elles laissent sur les murs de leurs cellule des messages pour la paix en Palestine.

DÉPORTATION VERS L’INCONNU

Au matin du 16 juin, les autorités veulent les forcer à embarquer pour l’Italie. Les trois femmes se couchent sur le tarmac “On a refusé de bouger. Ils appelaient des renforts, s’agitaient autour de nous. Mais seules les femmes pouvaient nous toucher.” Après une heure de blocage, elles font reculer les forces de l’ordre : “On les a fait plier. L’avion partira bien pour Paris, avec nous à son bord.” Un steward aurait cédé sa place pour permettre leur retour.

RETOUR À CALAIS CE SOIR

Après un comité d’accueil policier à leur arrivée à Paris, Isabelle, Jeanne et Marianne rentrent ce soir à Calais. Fatiguées, marquées, mais debout !