Zone bleue : les disques tombent, la colère monte

Depuis le 1er juin, la place d’Armes est passée en zone bleue. Plus question de se garer librement : une heure max, disque obligatoire, contrôle assuré. Sur le papier, c’est gratuit. Dans les faits, c’est une restriction de plus pour les gens qui vivent là.

La décision a été prise par la mairie pour « favoriser la rotation » et « aider les commerces ». Mais les habitant·es n’ont jamais été consulté·es. Et c’est précisément ce que dénonce Sylvie, Auxiliaire de vie à la retraite et riveraine du quartier, dans une pétition publiée sur Change.org et adressée à la maire Natacha Bouchart :

« Pourquoi les habitants du centre-ville n’auraient droit qu’à 1h, alors que d’autres quartiers ont 48h ? »

Car pendant qu’on limite à une heure sur la place d’Armes, la place Crèvecœur — elle aussi transformée — passe en zone orange : 48h de stationnement autorisé. Quid de la place de la mairie,épargnée par le marquage ? « On a voulu conserver les pavés : marquer au sol aurait été dommage. » justifie Philippe Mignonnet au Nord Littoral. Trois poids, trois mesures. Et aucune solution pour les gens qui aimeraient pouvoir se garer là où ils vivent.

Badges pour les uns, disques pour les autres ?

Dans sa pétition, Sylvie esquisse une proposition : un badge de stationnement pour les habitant·es, comme cela existe ailleurs. Mais ici, rien, ou presque. Juste un disque glissé dans leCalais Mag, sans concertation, sans débat, sans alternative. Et une réponse classique de la mairie : les commerçants, eux, ont été consultés.

« Le stationnement ne doit pas devenir un obstacle à la vie quotidienne. Les habitants ne doivent pas être traités comme des usagers de passage dans leur propre ville. »

Pendant ce temps, sur Facebook, Angélique, restauratrice de l’Ardoise, annonce une seconde pétition : cette fois pour élargir les horaires de stationnement des clients. Elle parle même de « racket ». Réponse de Julien Cordenos, élu municipal : “pause entre midi et deux”, “commerçants associés”, “parking gratuit un peu plus loin”. Traduction : circulez, y’a rien à revoir.

Du parking comme outil politique

Lle stationnement à Calais n’est pas qu’un sujet technique. C’est un sujet politique. En 2008, Natacha Bouchart a battu Jacky Hénin en promettant la gratuité des places, après l’installation impopulaire des premiers horodateurs. Elle a gagné là-dessus. Aujourd’hui, elle revient à un stationnement réglementé, plus discret, plus contrôlé — mais toujours sans discussion avec les principaux concernés.

Parce que c’est ça, le fond de l’affaire. Derrière les disques, il y a une ville qui se réorganise pour celles et ceux qui circulent, pas pour celles et ceux qui restent. Une ville qui pense les places pour les clients, pas pour les habitant·es. Qui parle “attractivité” mais oublie la vie quotidienne. Et qui, sous prétexte de fluidité, fait le tri.