Grève : Des bras pour l’hôpital et de l’eau pour l’Ehpad !

Jeudi 22 mai, de 13h à 14h, le hall du Centre Hospitalier de Calais a résonné des slogans et de la colère de ses salarié·es. À l’appel de la CGT, une centaine d’agents — soignant·es, brancardier·es, Agents de Services Hospitaliers (ASH), aides-soignantes de l’EHPAD de la Roselière — ont cessé le travail pour dénoncer une situation devenue, selon leurs mots, « insoutenable ».

Un hôpital à bout de souffle

Depuis plusieurs mois, la direction a instauré un principe aussi simple que brutal : un remplacement n’est désormais possible qu’à partir de deux arrêts maladie. Concrètement, un·e agent·e malade n’est plus automatiquement remplacé·e. Et lorsqu’un remplaçant est affecté, il doit souvent compenser pour deux absents — « avec quatre bras et quatre jambes », ironisent les grévistes.
Pire : pour les ASH (agents des services hospitaliers) et les brancardier·es, la direction ne prévoit plus que des remplacements à 75 %. Un « bricolage managérial » que dénonce Séverine Vasseur, infirmière et secrétaire générale CGT du Centre Hospitalier et qui s’appuie notamment sur le recrutement d’étudiant·es saisonnier·es à temps partiel pendant l’été, payé·es pour des contrats de 5h15 par jour — au lieu de 7 heures habituellement remplacés.

L’EHPAD La Roselière n’est pas épargné

Du côté de la Roselière, où résident des personnes âgées en fin de vie, le sous-effectif est chronique. « On travaille à 5 au lieu de 7, et encore, c’est sans compter les arrêts non remplacés », explique Marion aide soignante. Les congés sont fractionnés, les repos sautent, les aides se font rares. Le travail est intense : nursing, toilette, repas, soins quotidiens… « C’est la dernière ligne droite de leur vie, et nous, on doit courir. » déplore Alexandra, sa collègue.
Dernier scandale en date : la direction aurait cessé de payer les bouteilles d’eau, de limonade ou de bière servies aux résident·es le week-end. « À 2 300 euros par mois, nos anciens n’ont même plus droit à leur petit verre du samedi après-midi », souffle Séverine. « On n’a plus le château des Dunes, on a le château d’eau !» ironise-t-elle dépitée en faisant référence au nom d’un autre Ehpad Calaisien ayant fermé ses portes en janvier dernier.

L’ARS en ligne de mire

La CGT exige des réponses de l’ARS (Agence Régionale de Santé), soupçonnée de couvrir ou d’ignorer les dérives budgétaires de la direction. « Il manque au moins 15 millions d’euros dans les comptes. Dix millions, on ne sait pas où ils sont passés. Ce n’est pas dans nos salaires, ni dans les remplacements », souligne la syndicaliste. Un rendez-vous a été demandé à l’ARS, et d’ici là, les agent·es ont décidé de se rassembler tous les jeudis de 13h à 14h, devant l’hôpital.

Face à la perspective d’un été sans renforts suffisants, les agent·es se préparent à poursuivre la lutte. La semaine prochaine, en raison du jeudi de l’Ascension, le rassemblement aura lieu le vendredi. Le suivant se tiendra à l’EHPAD.

Pierre Muys