Secrétaire générale de la coordination syndicale départementale CGT des services publics, Nadège Poly à répondu présente à l’appel de l’union départemental CGT 62 à soutenir les finances publiques lors d’une mobilisation à Avion. Son constat est sans appel : l’ensemble du service public s’effondre sous les coups d’une politique de désengagement organisée. Et si rien ne change, demain pourrait être bien pire.
Cet entretien avec Nadège Poly clôt une série de 5 vidéos réalisées par Calais la Sociale en partenariat avec l’Union Départementale CGT 62. Ensemble, elles dressent un état des lieux sans fard des services publics dans le Pas-de-Calais, à travers les voix de celles et ceux qui les font vivre.
« Faire toujours plus, avec toujours moins »
Face caméra, Nadège tire un constat. Qu’il s’agisse de la territoriale, de l’hospitalière ou de l’éducation, tous les secteurs sont touchés par la même logique d’austérité. Les services sont exsangues, les départs à la retraite ne sont que très peu remplacés, et l’arrivée de l’intelligence artificielle est présentée comme une solution à la baisse des effectifs.
Mais la secrétaire CGT dénonce surtout un basculement structurel : ce ne sont pas seulement des postes qui disparaissent, mais des morceaux entiers du service public qui passent au privé. L’eau, les ordures ménagères, les soins à domicile, les pompes funèbres… autant d’exemples où l’État et les collectivités se désengagent, confiant leurs missions à des sociétés ou associations privées.« Le service public est massacré et détruit par des politiques d’en haut, par le capitalisme qui détruit tout sur son passage », résume-t-elle.
La menace d’une privatisation invisible
Pour Nadège, le danger est plus vaste encore : à terme, la gestion de nos impôts ou de nos actes d’état civil pourrait tout aussi bien souffrir de cette même logique d’externalisation. Un glissement qui s’opère par étapes, souvent invisibles aux yeux du grand public, jusqu’au jour où il est trop tard.
Ce démantèlement progressif entraîne aussi une perte d’attractivité du secteur public : salaires faibles, conditions de travail dégradées, pression croissante… La territoriale, notamment, peine à recruter. Et une nouvelle mesure aggrave encore la situation : la suppression de 10 % du salaire en cas d’arrêt maladie.
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📅 Le 5 juin 2025 : un appel à la mobilisation nationale pour nos services publics
Les constats posés par Nadège Poly résonnent avec force dans le contexte actuel : baisse des effectifs, privatisations insidieuses, dégradation des conditions de travail, précarisation des retraité·es… Face à cette casse organisée, la Fédération CGT des services publics appelle à une journée de grève nationale le jeudi 5 juin 2025, couvrant l’ensemble des agent·es de la fonction publique territoriale ainsi que les salarié·es des secteurs du logement social, de l’eau et du funéraire.
Ce mouvement s’inscrit dans une dynamique de refus de la résignation et de reconquête des droits collectifs. Parmi les revendications portées :
- l’abrogation de la contre-réforme des retraites,
- le retour à la retraite à 60 ans à taux plein,
- l’égalité salariale femmes-hommes,
- l’augmentation générale des pensions, salaires et de la valeur du point d’indice,
- la suppression du jour de carence et de la baisse de 10 % des indemnités en cas d’arrêt maladie.
Derrière ces mots d’ordre, c’est une vision d’un service public fort, solidaire et émancipateur qui se dessine. Une vision à l’opposé de celle qui fragilise nos biens communs pour mieux en livrer les morceaux au privé.