Sur le marché d’Avion, la CGT Finances publiques 62 organisait l’opération “Les impôts du cœur”. Tandis que les habitant·es profitaient d’un coup de main pour remplir leur déclaration, les représentant·es syndicaux des services publics du département en ont profité pour dresser le bilan moral de notre patrimoine social.
Premier volet d’une série de quatre entretiens sur l’état des services publics du Pas-de-Calais : la parole à Marina Dabonneville-Andreetta, de la CGT Éduc’action 62.
127 suppressions de postes mais pour quoi ?
L’air est doux, le constat est glacial : 127 postes supprimés dans les écoles primaires et maternelles du Pas-de-Calais. À ça, on ajoute 106 dans les collèges, 69 dans les lycées, 8 dans le post-bac. Même les personnels administratifs y passent. L’école publique du six deux rétrécit à vue d’œil.
Officiellement, c’est la faute à la baisse démographique. Il y aurait “moins d’élèves”. Ah. Et donc ? Moins d’élèves, c’est plus de confort pédagogique, c’est Plus de temps pour apprendre, pour écouter, pour respirer ? Non. moins d’élèves, c’est moins de moyens, c’est moins de dépenses. L’Éducation nationale en pleine logique comptable ferme, réduit, compresse.
L’inclusion façon vitrine vide
Et que dire de l’inclusion scolaire ? Vingt ans après la loi de 2005, la promesse est intacte dans la brochure ministérielle. Mais dans les classes, c’est une autre histoire.
Les élèves en situation de handicap manquent d’accompagnement. Les AESH, celles et ceux qui les soutiennent au quotidien, ne sont ni formé·es, ni reconnu·es, ni correctement payé·es.
Désormais, on leur colle les PASS — Pôles d’Appui à la Scolarité —, sans cadre clair ni moyens. “Il y a le texte, et il y a l’humain”, dit Marina. Et l’humain, justement, en a ras-le-bol d’être déplacé d’un élève à l’autre sans considération.
Le métier n’attire plus ? Mais non ?
Le ministère s’étonne : “Comme c’est étrange, on a du mal à recruter.” Tiens donc. Comme en restauration, comme partout où les salaires sont bas et la reconnaissance inexistante. Qui a envie aujourd’hui de devenir prof pour des classes surchargées, un salaire à peine décent, et une place sociale qui s’effondre ?
La solution officielle ? Des contractuel·les. Temporaires, flexibles, jetables. Moins cher, plus docile. Une rustine sur une roue crevée.
Le syndicat revendique leur titularisation. Et exige des concours, des postes, des vraies carrières. Plutôt que des emplois-béquilles claudiquant dans un système en ruine.
Notre problème politique
Marina, comme tant d’autres, le dit sans détour : le problème n’est pas la démographie. Le problème, c’est la politique.
L’école, comme la santé, la justice ou les transports, est peu à peu livrée au privé. On nous répète que les services publics coûtent trop cher. Mais à qui profitent les “économies” ? Certainement pas aux élèves. Ni aux familles. Ni aux personnels.
Les services publics sont financés par nos impôts. Et c’est très bien comme ça. Parce que payer ensemble, c’est garantir l’égalité. L’école gratuite, laïque et de qualité, ce n’est pas un luxe pour temps de paix (d’ailleurs, c’était quand la dernière fois ?), c’est une boussole pour tous les jours.
« Quand les services publics auront disparu au profit du privé, nous serons privés de tout », conclut Marina. Privés d’égalité. Privés de soin. Privés d’école. Et ce jour-là, il sera trop tard pour râler contre le prix de la cantine ou l’absence de remplaçant·e.
🎥 La vidéo de Marina est à voir, écouter, partager. Pas juste pour les profs mais pour nous toutes et tous.
📍 Tourné par Pierre Muys lors de l’action “Les impôts du cœur”, CGT Finances publiques 62, 24 avril 2025, marché d’Avion :