Le samedi 11 janvier 2025, Calais a été le théâtre de sa première grande manifestation de l’année. Environ 600 personnes – associations, partis politiques, syndicats, humanitaires et citoyen·nes solidaires – se sont réunies pour dénoncer les politiques inhumaines mises en œuvre à la frontière franco-britannique. Ce rassemblement, tenu malgré une tentative d’interdiction municipale, symbolise une étape importante dans la lutte contre l’abandon des personnes exilées par les autorités.
Une frontière meurtrière
L’année 2024 a été marquée par la mort de 89 personnes – hommes, femmes et enfants – sur le littoral nord, victimes de traversées périlleuses et de conditions de vie inhumaines. Ce chiffre tragique, record depuis 1999, illustre l’aggravation des risques liés à la militarisation des frontières et aux politiques répressives.
Parmi ces pertes, un jeune Syrien d’une vingtaine d’années a été la première victime en mer de 2025, après une tentative de traversée dans la nuit du 10 au 11 janvier. Ce drame souligne l’urgence de solutions humaines et solidaires face à cette crise.
Une solidarité vibrante dans les rues
Après des prises de parole portées par des associations telles qu’Utopia 56, l’Auberge des Migrants, le Collectif Citoyen Calais et le Réseau Insoumis Antifasciste, le cortège a pris vie. Accompagné par la battucada ROR, il s’est élancé de la digue Gaston-Berthe jusqu’au parc Richelieu, lieu symbolique des rassemblements en hommage aux morts de la Manche depuis 2015.
Au parc Richelieu, des témoignages poignants de personnes exilées ont été lus et traduits, partageant leurs expériences marquées par la violence, le racisme et l’abandon institutionnel. Ces récits ont galvanisé les manifestant·es, unis par leur refus de l’indifférence.
Tensions et prises de parole politiques
La manifestation s’est terminée sur le parvis du théâtre, où des discours ont été prononcés par des représentants politiques (LFI, Place Publique, PCF, PS, Les Écologistes, Lutte Ouvrière et Révolution Permanente). Si certaines interventions ont été chaleureusement accueillies, d’autres ont suscité colère et indignation.
Le discours de Place Publique, axé sur la mise en place de quotas migratoires, a été particulièrement mal reçu, provoquant des huées et des sifflets. Le représentant du Parti Socialiste n’a pas été épargné non plus, rappelant à beaucoup les violences et politiques répressives du gouvernement Hollande.
Seule la FSU, parmi les syndicats, a pris la parole, insistant sur le fait que les personnes exilées sont aussi des travailleurs et travailleuses subissant racisme et persécution au quotidien. Dans les rangs une même question revenait face à l’absence d’une intersyndicale dans le cortège : pourquoi ?
Un cri pour la justice sociale
Cette mobilisation témoigne d’un engagement profond contre les politiques de fermeture et de répression à la frontière franco-britannique. À travers les témoignages, les chants et les actions de solidarité, les manifestant·es ont exprimé leur volonté de lutter pour une société qui respecte la dignité et les droits de toutes et tous.
Reportage vidéo : Pierre Muys
Photos de @elio_j_ et @holzer.leonard
Texte à trois mains.