Réforme du RSA : briser les plus pauvres, détruire les droits sociaux

allégorie générée par IA

Depuis le 1er janvier, la réforme du RSA, jusqu’ici testée localement, est désormais généralisée à toute la France. Concrètement, les allocataires devront accomplir 15 heures d’« activités » hebdomadaires sous peine de suspension de leur maigre allocation de 635,71 euros. Derrière ces mots bureaucratiques se cache une offensive brutale : contraindre les plus précaires à effectuer des tâches non rémunérées, allant de pseudo-formations à de véritables emplois gratuits.

Comme l’analyse Rob Grams dans Frustration Magazine, cette réforme ne vise pas seulement à humilier les plus pauvres ou à plaire à une frange réactionnaire de la population en véhiculant des clichés nauséabonds sur les allocataires. Son objectif profond est bien plus pernicieux : instaurer un sous-salariat structurel. En conditionnant le RSA à des heures de « travail » sans droits, cette réforme contribue à tirer les salaires vers le bas. Pourquoi embaucher un salarié payé au SMIC quand on peut exploiter un allocataire à moins de 7 euros de l’heure ?

Ce dispositif, dénoncé par la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) comme une atteinte aux droits humains, institue une nouvelle forme de travail forcé. La CNCDH alerte sur le risque de « maltraitance institutionnelle » et sur l’aggravation des inégalités sociales, alors que le RSA, déjà insuffisant pour vivre dignement, devient par un énième tour de passe-passe gouvernemental le nouvel outil de contrôle des plus vulnérables.

Mais la portée de cette réforme va au-delà du RSA. En rendant le chômage et l’assistanat encore plus insupportables, elle vise l’ensemble des travailleurs. Elle affaiblit les conditions d’emploi et met en concurrence les salariés avec une main-d’œuvre corvéable à merci, sans droits et sans recours. Une attaque de classe délibérée pour servir les intérêts de la bourgeoisie.

Les allocataires du RSA ne sont pas les fainéants caricaturés par certains. Beaucoup sont déjà accablés par des situations de vie terribles : problèmes de santé, dépression, violences, charges familiales insurmontables. Et pour les rares qui ne cherchent pas d’emploi, pourquoi les condamner ? Leur allocation minime est réinjectée dans l’économie, contrairement aux milliards amassés et planqués à l’étranger par des milliardaires comme Bernard Arnault.

Cette réforme traduit une vision archaïque et cynique du chômage : un problème individuel et non le résultat de choix politiques et économiques. En conditionnant une aide vitale à des contreparties inadmissible, le gouvernement Macron poursuit son démantèlement méthodique des droits sociaux au profit d’un capitalisme brutal.

Face à une réforme aussi révoltante, la première réponse serait évidente : grèves, manifestations, lutte collective. Mais soyons honnêtes, ne voyant rien de tel venir, il serait parfois tentant d’imaginer pour ces nouveaux employés sans salaire des formes de résistance un peu plus… spontanées. Vous savez, ce genre de maladresses qui arrivent à tout le monde : « Oh, zut, en voulant éteindre la lumière, j’ai appuyé sur le bouton d’urgence et tout s’est arrêté. », « Oups, je ne savais pas qu’on ne pouvait pas arroser les plantes au-dessus du serveur informatique. », « Ah, pardon, j’ai renversé un bidon de colle forte sur le clavier de mon poste de travail. » Évidemment, ce ne sont là que des pensées frivoles, des pensées maladroites. Personne ne s’abaisserait à ce genre procédés… n’est-ce pas ?

Si un de ces accidents devait arriver, il faudra bien se rappeler qu’une société trop injuste finit toujours par être seule responsable de la production de travailleurs étourdis.

Camille Ringot.