Sophie Agneray, Calaisienne de l’année !

Chaque année, le journal Nord Littoral propose à ses lectrices et lecteurs d’élire la Calaisienne ou le Calaisien de l’année. Parmi les nominé⸱es cette année : Sophie Agneray, porte-parole du collectif des femmes des salariés Prysmian Draka Calais.

Pendant des mois, Sophie a porté la voix des femmes qui se sont engagées aux côtés de leurs conjoints et époux, salariés de l’usine Prysmian, dans un combat déséquilibré contre une multinationale sans scrupules.

Il y a tout juste un an, quelques jours après l’annonce de la fermeture de l’usine, Sophie adressait une lettre au président de la République – à laquelle il n’a jamais répondu. Elle y posait des mots lourds, mais justes, sur les conséquences humaines d’un licenciement, sur les effets dévastateurs de la suppression d’un salaire sur une, voire plusieurs vies : les lendemains incertains, l’intranquillité qui ronge hommes, femmes et enfants, les vies bouleversées.

Pendant des mois, les femmes du collectif et leurs conjoints ont ainsi fait face à la violence du groupe Prysmian, à sa brutalité et à son cynisme sans limite.

Dans leur rude combat, ils n’ont pas pu compter sur le gouvernement qui a fait le choix du silence, du laisser faire, qui depuis longtemps a laissé tomber les ouvriers, a choisi d’être complice de la maltraitance et de la domination de celles et ceux qui, par leur travail, assurent la persistance de la société.

Face aux vents contraires, Sophie Agneray a tenu bon, elle n’a pas détourné le regard. Elle n’a pas, non plus, contenu son énergie, au risque de sa santé, de sa propre vie. Elle a, aussi, travaillé à maintenir l’unité du collectif, condition indispensable à la construction d’un rapport de force victorieux. Ensemble, les femmes du collectif se sont faites les actrices principales d’une lutte oú l’on ne les attendait pas, mais où leur présence et leurs actions, mêlées au travail remarquable des représentants syndicaux de l’usine, ont suffit à faire bouger les lignes d’une partie jouée d’avance.

Dans la période qui s’ouvre, où de nombreuses familles dans le pays auront à faire à la violence d’un licenciement, l’engagement de Sophie Agneray et de toutes les femmes du collectif est un modèle à suivre.
Notre film « Nos hommes », qui retrace l’histoire du collectif, est en ce sens un outil fait pour inspirer toutes celles et tous ceux qui, à un moment donné, se trouvent où se trouveront pris·es pour cible par le capital.

En effet, en France, 300 000 emplois seront supprimés dans les mois à venir, dans l’industrie mais pas seulement. Rien qu’à Calais, Synthexim, Meccano, Riechers-Marescot et Prysmian-Draka ont fermé. Catensys, Deseille et Svanehøj ont licencié (ou vont licencier). Sans oublier les plans sociaux à venir chez Auchan, ou celui qui a déjà eu lieu chez Milee.

Au milieu d’une actualité où, souvent, les femmes et les hommes deviennent des chiffres, oú les noms cités ne sont ceux que des entreprises qui licencient, oú les ouvriers et leurs familles ne sont plus que des données sans noms et sans visages, Sophie Agneray et toutes les femmes du collectif, ont fait surgir une part d’humanité, nous ont obligés à regarder, en tant que société, des réalités ouvrières depuis longtemps invisibilisées, oubliées, méprisées.

Aujourd’hui, ce n’est pas seulement Sophie Agneray qui est nominée pour devenir la Calaisienne de l’année. À travers elle, ce sont toutes les femmes du collectif qui sont nominées. À travers elle, ce sont tous les ouvriers et leurs familles qui sont nominés. Et sans avoir besoin de remporter le vote, elles et ils sont déjà, pour nous et pour beaucoup, les Calaisiennes et les Calaisiens de l’année.

Pour accéder au vote, cliquez sur ce lien (vous pouvez voter une fois par jour jusqu’à la clôture du vote).