Ce jeudi 21 novembre, sur le parvis de la gare de Calais Ville, une quarantaine de cheminots et cheminotes en grève se sont rassemblés pour dénoncer la liquidation de Fret SNCF et la privatisation croissante du secteur ferroviaire. Jérôme Mignien, représentant syndical Cgt Cheminots Calais, a pris la parole pour galvaniser ses collègues et rappeler les enjeux cruciaux de cette lutte.
UNE ATTAQUE CONTRE LE BIEN COMMUN
Dans un discours empreint de détermination, Jérôme Mignien a dénoncé les conséquences désastreuses du démantèlement de Fret SNCF : des centaines d’emplois supprimés et une accélération des logiques de privatisation au profit des grandes entreprises privées. « Le plan inique de discontinuité de FRET SNCF, c’est la mort du transport ferroviaire public de marchandises et un gros cadeau au privé, » a-t-il lancé, sous les applaudissements des grévistes.
Les Hauts-de-France ne seront pas épargnés. Les sites de Grande-Synthe, Somain, Méricourt ou encore Boulogne vont subir de plein fouet ces politiques destructrices. Plus inquiétant encore, dès décembre, une filiale privée de la SNCF prendra le contrôle de l’Étoile d’Amiens, annonçant une dégradation des conditions de travail des cheminots et des services TER rendus aux usagers.
« LE FERROVIAIRE, LE SENS DE L’HISTOIRE »
Dans son appel à la mobilisation, Mignien a tenu à replacer cette lutte dans un contexte plus large, celui de l’urgence climatique et de la nécessaire transition écologique. « Dans cette période de dérèglement climatique, le ferroviaire est le sens de l’histoire ! L’aménagement du territoire passera obligatoirement par un service public ferroviaire. »
Le secrétaire des cheminots a également pointé la stratégie assumée de dumping social mise en œuvre par la direction de la SNCF : externalisations massives, sous-traitance, transfert de lignes au privé. Autant de décisions qui, selon lui, sabotent sciemment l’unité du groupe et les droits des cheminots.
L’ENJEU D’UNE MOBILISATION COLLECTIVE
Malgré le découragement ambiant, Jérôme Mignien a conclu en exhortant ses camarades à ne rien lâcher. « Peut-être qu’à la prochaine lutte, nous serons le double ou le triple qu’aujourd’hui. C’est à nous, les convaincus, de lancer les débats, de convaincre et de rassembler. »
Un premier débrayage de 24 heures a marqué cette journée de mobilisation, mais la suite s’annonce encore plus tendue. Un préavis de grève illimitée a été déposé à partir du 11 décembre, à quelques jours des fêtes de fin d’année.
Au-delà des revendications immédiates, les cheminots défendent une vision du service public qui dépasse leurs gares et leurs rails. Ils portent une ambition collective : celle d’un réseau ferroviaire public, écologique et accessible à tous. Mais face à l’indifférence générale, une question persiste : pourquoi seuls les travailleuses et travailleurs du rail semblent-ils encore croire à cette bataille pour l’intérêt commun ?
Article et reportage : Pierre Muys
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