« La guerre coloniale menée en Palestine est émaillée d’une succession de temps faibles et de temps forts. Elle donne l’impression de toujours redécouvrir la violence du conflit. À chaque attaque israélienne, il y a parfois le sentiment de devoir recommencer le travail de compréhension à zéro en ce qui concerne la bande de Gaza.«
Cette semaine, malgré les agendas saturés, nous avons retrouvé Edith, Jean-Jacques, Jérémy et Sandra autour d’un café pour prendre des nouvelles du Comité Palestine Calais – AFPS .
« Israël impose à toutes et tous la fin de la question palestinienne« , nous explique Sandra, enseignante. « En tant que citoyennes et citoyens calaisiens, nous refusons cette manœuvre. Contre la négation de l’histoire, il nous faut faire entendre les voix palestiniennes, montrer qu’il y a une culture vivante, une politique active, une vie palestinienne ! Et montrer que c’est cette vie-là que le gouvernement israélien souhaite anéantir. »
« À l’école, on nous disait toujours que c’était trop compliqué de comprendre et d’expliquer ce conflit israélo-palestinien…« , poursuit Jérémy, enseignant également. « On ne nous apprenait que très peu de choses sur ce sujet. Cette complexité grossissante avec les années apparaît alors comme une fatalité et ne nous permet aucune compréhension du fait de sa nature même. Cet évitement est une aubaine pour les politiques coloniales… »
Une guerre complexe mais absolument pas impossible à comprendre. L’AFPS organise ainsi dans cette optique une nouvelle rencontre le jeudi 27 juin à 18h30 :
« Nous invitons Jean-Pierre Filiu qui est un des plus grands spécialistes du conflit israélo-palestinien. Nous l’avons invité à Calais car il est capable de redonner une dimension très profonde au conflit, » explique Jean-Jacques, retraité et président de l’AFPS. « C’est un ancien diplomate en Syrie, et un intellectuel spécialisé vraiment capable de vulgariser au plus grand nombre ce qui se joue aujourd’hui au Moyen-Orient.«
Jean-Pierre Filiu profitera de son escale calaisienne pour présenter son dernier ouvrage : « Comment la Palestine fut perdue » qui revient sur les origines du conflit.
Pour l’association, cette conférence est la deuxième qu’ils organisent. Jérémy explique : « Il faut montrer qu’à Calais il y a aussi une culture intellectuelle et que les chercheurs universitaires ne sont pas cantonnés à rester dans les villes universitaires. Il y a un public en demande pour ce genre de rendez-vous, ici. »
L’Association AFPS Calais existe depuis maintenant une dizaine de jours et compte déjà une trentaine d’adhérents. Le collectif est passé sous régime associatif afin de lutter contre l’usure inhérente aux mobilisations qui s’étirent dans le temps, afin de s’inscrire durablement sur le territoire et devenir un appui pour les militantes et militants vivant sur la côte d’Opale, pour les années à venir.
Il s’agit aussi de prendre une autonomie vis-à-vis de l’association lilloise au sein de laquelle le collectif était initialement affilié. « Cela nous permettra une certaine autonomie financière, » explique Jean-Jacques. « Le groupe local pourra ainsi garder une partie des cotisations pour des actions spécifiques à Calais. »
Parmi les dernières actions du collectif : la collecte de 2000 euros pour la construction d’un hôpital en Palestine, via PalMed, une rencontre avec le journaliste Sylvain Cypel (captation prochainement disponible sur Calais la sociale), ainsi que la projection d’un documentaire à l’Alhambra. Chacune de leurs actions rencontre un public toujours plus nombreux. « Nous avons un collectif assez ouvert, » expliquent Sandra et Jérémy. « De nouvelles têtes arrivent au fur et à mesure et apportent de nouveaux axes de réflexion. C’est très vivant. En ce moment, nous prenons des contacts avec La marche des fiertés qui aura lieu le 29 juin afin de travailler sur les questions liées au genre dans la Palestine d’aujourd’hui.«
Bâtir des ponts pour réussir à s’ancrer localement.
« Ce que je trouve touchant dans ce collectif, » dira pour conclure Jérémy, « c’est que dans le fait d’être là toutes les semaines à travers nos réunions ou rassemblements, on a des personnes qui étaient très réservées au départ et qui finissent par prendre la parole, par lire des textes. C’est un rendez-vous démocratique régulier où l’apprentissage du militantisme est possible. Grâce à sa périodicité, ce moment peut-être un tremplin émancipateur pour les jeunes qui viennent.«
Le 31e rassemblement du collectif aura lieu Place d’Armes, samedi prochain à 18 heures.
La rencontre avec Jean-Pierre Filiu aura lieu le jeudi 27 juin à 18h30, à la Maison d’Entraide et de Ressources.