Sale temps pour le premier adjoint à la mairie de Calais. Une enquête parue ce jeudi 1er février sur le site Médiacités révèle que sa compagne, Cathy Chavatte, s’est payée un appartement T2 de 58 mètres carrés dans une résidence de standing à deux pas de « Calais la Plage ». Problème : Emmanuel Agius est président de Terres d’Opale Habitat (TOH), l’office public HLM qui a vendu le bien immobilier à Madame Chavatte. La question vient toute seule : Emmanuel Agius a-t-il profité de son mandat dans l’établissement public pour faciliter la vente du bien immobilier à sa compagne ?
La seule à faire un offre
Fruit d’un travail mené par le journaliste d’investigation Morgan Railane et la cellule investigation de l’agence Aletheia Press, l’enquête révèlent que Cathy Chavatte (qui est aussi la secrétaire d’Emmanuel Agius à la mairie de Calais) a payé le bien immobilier 85 000 euros et qu’elle a été la seule à faire une offre pour ce bien. « Il faut croire qu’aucun des plus de 10 000 locataires de TOH ou des 137 salariés du bailleur social municipal – qui sont prioritaires – n’a fait d’offre supérieure à 85 000 euros pour ce bien. » commente Morgan Railane.
Et il valait mieux que Cathy Chavatte soit seule sur ce coup. Ses ressources financières étaient trop importantes pour qu’elle puisse acheter ce bien au bailleur social TOH – un plafond est fixé par l’autorisation administrative. Mais étant la seule à faire une offre, l’appartement lui a été accordé. « Ce n’est pas moi qui choisit les acquéreurs. Ce n’est pas moi qui vais chez le notaire. » se défend Emmanuel Agius qui nie tout favoritisme dans les colonnes de Médiacités.
Une enquête pour délit de favoritisme ?
Après ces révélations, la justice pourrait se saisir de cette affaire embarrassante pour la mairie de Calais et TOH. Dans l’article publié sur Médiacités, on apprend qu’un signalement a été fait auprès du procureur de la République du tribunal de Boulogne-sur-Mer et qu’il est à l’étude. Une enquête pourrait être ouverte pour délit de favoritisme. L’article 432-14 du code pénal le définit comme « le fait, par une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public ou investie d’un mandat électif public […] de procurer ou de tenter de procurer à autrui un avantage injustifié par un acte contraire aux dispositions législatives ou réglementaires ayant pour objectif de garantir la liberté d’accès et l’égalité des candidats dans les marchés publics et les contrats de concession ».
« L’avenir politique d’Emmanuel Agius paraît cette fois bien compromis » conclut Morgan Railane, déjà auteur des enquêtes précédentes sur Emmanuel Agius. Le journaliste termine en citant Natacha Bouchart, maire de Calais : « Si Monsieur Agius, ou tout autre élu, était mis en examen, il devra aussitôt démissionner de ses mandats ». Le conseil municipal calaisien du 6 février risque à nouveau d’être bien agité.
Valentin De Poorter