Climat : le rapport du GIEC vulgarisé par François Bény

François Bény est docteur en paléoclimatologie et vulgarisateur scientifique pour les Shifters*. Lors du Forum des associations environnementales organisé à Calais le 28 octobre, il a présenté les derniers rapports du GIEC sur le réchauffement du climat. Dans ce qui aurait pu s’appeler « Le rapport du GIEC pour les nuls », le scientifique décortique et rend accessible à tous la compréhension de ces alarmants derniers rapports émis par cet organisme intergouvernemental de l’ONU constitué d’experts sur l’évolution du climat.

Cette conférence est un geste d’éducation populaire aussi heureux que nécessaire, offrant à toutes et tous la compréhension concrète des mécanismes du changement climatique. Réalisant un panoramique sur les nombreux impacts et liens d’interconnexions entre chaque phénomènes, François Bény se concentre dans cette présentation sur la montée des eaux et le risque de submersion marine d’ici 2050. Un enjeu global et local qui concerne l’ensemble du littoral nord, de Calais à Dunkerque, jusqu’à Saint-Omer.

* Les Schifters est une association de soutien bénévole au centre de réflexion The Shift Project qui œuvre à la décarbonation de l’économie.


Mot pour mot

L’intervention de François Bény

Bonjour tout le monde.

Aujourd’hui, je vais avoir la lourde tâche de vous présenter un constat sur le changement climatique. On m’a demandé de présenter comment le climat a évolué, comment il va évoluer d’ici les prochaines années et comment cela va impacter le niveau marin. Ce que je vous présente fait partie d’un projet de vulgarisation des rapports du GIEC qui est piloté par l’association des Shifters. Je pilote ce projet de vulgarisation qui inclut des conférences et des synthèses vulgarisées.

Ce qui nous attend

Le GIEC, qu’est-ce que c’est ? C’est un groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat. Il s’agit d’un organisme qui appartient à l’ONU et qui regroupe des scientifiques bénévoles. Ces scientifiques bénévoles, ils ont pour objectif de compiler des milliers d’études scientifiques sur le changement climatique et avec ça, de rédiger d’immenses rapports qui font un état des lieux des connaissances sur le changement climatique. Ce point est important parce que c’est un état des lieux des connaissances. Cela veut dire que le GIEC ne produit pas vraiment d’études. Ils font simplement une étude bibliographique. Ils font une synthèse de ce qui existe déjà.

Le GIEC s’organise autour de trois groupes de travail. Le premier groupe de travail traite de la compréhension physique du climat et du changement climatique. Il a rendu son rapport le 9 août 2021. Ensuite, le deuxième groupe de travail traite des impacts du changement climatique et également des notions d’adaptation et de vulnérabilité des sociétés et des écosystèmes face à ce changement climatique. Il a rendu son rapport le 28 février 2022. Enfin, le troisième groupe de travail traite de l’atténuation du changement climatique. Il a rendu son rapport le 4 avril 2022.

Aujourd’hui, on m’a surtout demandé de parler de ce premier groupe de travail et un petit peu de ses impacts, notamment sur les submersions marines. On ne parlera donc pas ici des solutions d’adaptation ni des solutions d’atténuation du changement climatique. On se demandera surtout : “Qu’est-ce que c’est qui nous attend ?. Je vais donc faire l’oiseau de mauvais augure aujourd’hui, je suis désolé.

Pourquoi le climat change ?

La première question qu’on peut se poser aujourd’hui, c’est pourquoi est-ce que le climat change ? On a la réponse sur ce graphique [ci-dessous]. On a la quantité de dioxyde de carbone qui est émise chaque année depuis 1850 et jusqu’à 2011.

Ce qu’on voit, c’est que chaque année depuis 1850, on émet davantage de CO2 que l’année précédente. Ça, c’est vrai presque chaque année. La conséquence, c’est que la concentration en dioxyde de carbone, c’est-à-dire la quantité de CO2 qu’on a dans un volume d’atmosphère, augmente. C’est ce qu’on voit sur ce graphique [ci-dessous]. C’est la courbe verte avec tous les points verts – exprimée ici en ppm.

Ppm signifie « partie par million », c’est un peu l’équivalent d’un pourcent. Sauf que cette fois on va comparer sur un million au lieu de comparer sur un pour cent. On voit qu’on est passé de 280 ppm (1850) à 410 ppm (2019). Quand on voit ça, on peut se poser plusieurs questions :

  • La première : est-ce que 410 ppm, c’est quelque chose qu’on a l’habitude de voir ? Est-ce que c’est quelque chose qui est “naturel” ou est-ce qu’il y a quelque chose qui est complètement hors de la variabilité naturelle ?
  • Deuxième question : est-ce que passer de 280 à 410, c’est-à-dire augmenter de 130 ppm, c’est quelque chose qui est important en terme d’amplitude ?
  • Troisième question : est-ce que c’est quelque chose qui est rapide de faire ça en 170 ans ?

L’évolution du climat lors des 800 000 dernières années

Pour répondre à ces trois questions, il n’y a qu’une seule façon de faire. Il faut aller voir comment ça a varié dans le passé. Sur ce graphique [ci-dessous], on retrouve les concentrations en CO2 dans l’atmosphère, mais cette fois sur 800 000 ans. Tout à gauche, c’était il y a 800000 ans. Ça défile de gauche à droite et il y a le zéro tout à droite qui est le présent.

On voit que sur les derniers 800 000 ans, on a des oscillations. Le CO2 varie. Il y a des moments où c’est bas, où on a des valeurs qui sont autour de 180 ppm et on a des valeurs plus hautes qui sont autour de 280 ppm.

Et alors là-dessus, je vais venir placer la valeur de 2019 [graphique ci-dessous].

On voit directement qu’en 2019, cette valeur n’existe pas pendant les derniers 800 000 ans. On a quelque chose qui est complètement hors champ. On sort complètement de la variabilité naturelle du climat. Ensuite, on voit quand même qu’on a des variations rapides. On peut donc se demander si ce qu’on a fait est plus ou moins rapide que ces variations très rapides du passé.

On va zoomer sur cette augmentation ici [la partie la plus à droite du graphique ci-dessus : -20 000 ans au présent]. On est pendant une période glaciaire, ça veut dire qu’on peut avoir des glaces jusqu’au nord de Londres. On a un niveau marin qui est tellement bas qu’on pourrait aller de Calais à l’Angleterre à pied. Aujourd’hui, on est dans le dernier interglaciaire. Alors je zoome [graphique ci-dessous].

Ce graphique [ci-dessus], c’est exactement ce que je vous ai montré avant mais on a juste fait un zoom sur la partie la plus récente. Le plus à gauche, c’était il y a 20 000 ans. Le présent et toujours à droite. On voit qu’on retrouve tous les niveaux glaciaires. Ce sont les valeurs de bases qu’on avait sur mon graphique, c’est la bande bleue. En vert, c’étaient toutes les valeurs hautes.

Et puis entre la bande verte et la bande rouge, c’est l’augmentation la plus rapide qu’on a vu sur les derniers 800 000 ans. Il se trouve que c’est aussi une des variations les plus rapides qu’on ait eu dans l’histoire de la Terre.
Et ici [il montre le pic le plus à droite], c’est ce qu’on a fait. Là on a une des variations climatiques les plus rapides de la Terre [il montre l’augmentation observable sur le graphique ci-dessus entre environ -17 000 et -11 000 ans]. Et là on voit ce que nous on a fait [il montre le pic le plus à droite sur le graphique ci-dessus].

On a donc la réponse en termes de vitesse. On voit qu’on est beaucoup plus rapide que la variabilité naturelle du climat pour ce qui est de la variation du CO2 atmosphérique. Ensuite, il reste la question de l’amplitude. La variabilité naturelle, ou l’amplitude naturelle, est l’écart qu’il y a entre ma bande bleu et ma bande verte [graphique ci-dessus]. L’équivalent d’une main. Ce qu’on a causé, c’est ce qu’il y a entre la bande verte et la bande rouge. Une main ne suffit plus du tout.

On peut donc répondre aux trois questions que j’ai posés. La valeur de 410 ppm est complètement hors champ, elle n’est pas du tout naturelle, on ne la retrouve pas sur les derniers 800 000 ans. Ensuite, l’amplitude de variation est supérieure à l’amplitude naturelle et la vitesse de variation est également beaucoup plus rapide que tout ce qu’on a connu sur les derniers 800 000 ans.

Puisqu’on a plus de CO2 dans l’atmosphère, l’effet de serre va augmenter et l’atmosphère va se réchauffer. Depuis la révolution industrielle, l’atmosphère s’est réchauffée de 1,2ºC.

Les hommes sont responsables du réchauffement climatique, c’est une certitude scientifique

Il y quelque chose qui est intéressant dans ce dernier rapport du GIEC. Ils nous disent : “Il est sans équivoque que l’influence humaine a réchauffé l’atmosphère, les océans et les continents.” Ce que ça veut dire, c’est qu’ils sont sûrs à 100 % que l’humain est responsable de l’entièreté du changement climatique.

Ils ont enlevé l’incertitude. Dans le cinquième rapport du GIEC, qui est sorti en 2014, ils disaient : on est « virtuellement » sûr, c’est à dire qu’on est sûr à plus de 99 %. Là, dans ce dernier rapport qui est sorti sur les deux dernières années, ils nous disent : “On est sûr à 100 %” . Et ça, c’est quelque chose qui est extrêmement rare en science d’enlever complètement une incertitude. Cela fait malheureusement partie des rares choses dont on est sûr à 100 %.

On a 1,2ºC de réchauffement en moyenne mondiale, mais ça ne veut pas dire qu’il y a un réchauffement de 1,2ºC partout et pour tout le monde. C’est ce qu’on va voir ici : il y a des variations régionales.

Sur ce graphique [ci-dessus], vous avez des gammes de couleurs qui vous montrent des anomalies de température. Pour comprendre cette carte : là où il y a du bleu, par exemple au nord du Canada, cela veut dire qu’on est à -2ºC par rapport à l’année de référence. Donc le nord du Canada est 2ºC plus froid pendant la période 1880-1884, que pendant l’année de référence qui est 1950. À l’inverse, dans le sud du Pacifique, on voit qu’on est 1ºC plus chaud entre 1880-1884 que dans le sud du Pacifique en 1950.

Ensuite je vais juste lancer l’animation [voir à 8’10 dans la vidéo en tête d’article]. On voit le temps qui défile. Au début, on voit qu’on a plutôt beaucoup de bleu. C’est normal, on est avant 1950, il fait plus froid. Il y a eu moins de réchauffement climatique. Petit à petit, on voit un équilibre qui apparaît. En 1950, on arrive à peu près à un équilibre [ci-dessous, la période 1943-1947].

On va passer 1950 et on va voir de plus en plus d’orange, de plus en plus de rouge, et de moins en moins de bleu. On arrive sur les dernières décennies, on va voir une accélération du changement climatique avec la situation qu’on a maintenant entre 2016 et 2020 [ci-dessous].

Là, entre 2016 et 2020, c’était encore 1,1ºC. Aujourd’hui en 2023, on est à 1,2ºC de réchauffement. On voit quand même quelques tendances qui se dessinent. Les océans sont moins rouges que les continents. Et surtout, on voit que les pôles sont plus rouges que le reste du globe. Cela traduit une chose qui est importante quand on a un réchauffement climatique lié à une augmentation de l’effet de serre : les continents vont se réchauffer plus rapidement que les océans et les pôles vont se réchauffer plus rapidement que le reste du globe. Nous, êtres humains, on vit sur des continents, dans une région qui se réchauffe plus rapidement que la moyenne mondiale.

Si on regarde la France. Elle s’est réchauffée de 1,9ºC depuis 1900 alors que le monde s’est réchauffé de 1,2ºC depuis 1850.

Les conséquences du réchauffement

Tout ça, évidemment, a des conséquences sur plusieurs systèmes dans le climat. Le premier effet est sur les glaces. On va voir fondre la banquise, c’est-à-dire cette surface d’eau qui est gelée. Si on compare ça depuis 1980 [photos satellite ci-dessous], on remarque qu’on a un recul de la surface de la banquise en fin d’été qui a reculé de 40%.

Si on regarde en fin d’hiver, l’écart est un peu plus petit, on est plutôt autour de -10%. Pour ce qui est des glaciers, on observe qu’ils ont une fonte qui s’effectue à une vitesse sans précédent depuis au moins mille ans.

Ensuite, pour ce qui est des calottes polaires, c’est-à-dire des gros glaçons qui vont recouvrir tout un continent, qui se situent sur des pôles. Pour le Pôle Nord, le Groenland, on a observé que sa vitesse de fonte a été quatre fois plus rapide sur la décennie 2010 2020 que sur la décennie 1980-1990. On a une multiplication par quatre en l’espace de 30 à 40 ans. Et pour l’Antarctique, il y a des régions de l’Antarctique où les glaces vont augmenter en masse.

Il y a donc des gains de glaces et il y a des régions où on va avoir des pertes de glaces. Quand on fait le bilan, quand on enlève ce qu’on a gagné, on arrive à quelque chose qui est neutre. Pour l’instant, on n’a pas de tendance qui se dessine quand on regarde l’ensemble de l’Antarctique. On verra un peu plus tard que ce n’est que pour l’instant et que localement, ça peut poser certains problèmes.

Dernière chose, on a également le sol qui se réchauffe. Cela va avoir des impacts sur la biodiversité du sol par exemple, mais également dans des régions où le sol est gelé en permanence. Cela va causer un gros problème puisqu’il y a certaines régions, ce sol gelé en permanence, ce sont d’anciens marais qui sont gelés et qui contiennent du méthane. Le terme français de ce sol, c’est le pergélisol (permafrost en anglais). On voit que sa fonte est étendue depuis 1980. Le problème, c’est qu’en fondant, il libère du méthane qui est un très puissant gaz à effet de serre.

Cette fonte est donc causée par le réchauffement climatique et elle va amplifier le réchauffement climatique. C’est ce qu’on appelle une boucle de rétroaction positive. C’est quelque chose qui va amplifier le phénomène qui l’a causé. C’est positif parce que ça amplifie le réchauffement, pas du tout parce que c’est positif pour nous.

Ensuite, dans l’océan, on a observé que la température des eaux de surface s’est réchauffée de 0,88ºC depuis 1850 [ci-dessus] et que deux tiers de ces 0,88ºC – 0,6ºC – ont eu lieu depuis les années 1980. Autrement dit, on a deux tiers du réchauffement de l’océan qui a eu lieu depuis 40 ans. On voit donc une grosse accélération du réchauffement ici.

On voit aussi qu’on a des vagues de chaleur qui sont deux fois plus fréquentes aujourd’hui que dans les années 1980. Tout cela a des conséquences sur le grand thème d’aujourd’hui qui est l’élévation du niveau marin.

Aujourd’hui, on a une élévation du niveau marin qui est de 20 cm par rapport à 1901. Dans ces 20 cm, on a

  • 8 cm qui sont le fait de la fonte de la glace sur les continents, donc de l’eau piégée sous forme de glace qui va fondre et se retrouver dans l’océan sous forme d’eau liquide.
  • 10 cm liés au fait que les eaux de surface se réchauffent. En effet, en se réchauffant, l’eau gonfle, elle prend plus de place. Et cela fait monter le niveau marin.
  • 2 cm de changement de distribution des stocks d’eau douce. Jje ne rentre pas dans le détail, c’est un peu plus compliqué.

Cette hausse du niveau marin s’accélère puisque la vitesse moyenne sur les trois quarts du siècle précédent était de 1,3 millimètre par an. On est passé à 3,7 millimètres par an entre 2006 et 2018. On voit donc que sur un siècle, on va quasiment tripler la vitesse de l’élévation du niveau marin.

Le dernier point sur le bilan, c’est qu’on a des phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents, de plus en plus longs et de plus en plus intenses. Qu’entend-on par phénomènes météorologiques extrêmes ? Les sécheresses. On a une photo aérienne par satellite du nord de la France [ci-dessus]. On a l’impression que ça pourrait être un paysage plutôt d’Afrique du Nord. On a ensuite une photo de la Loire en 2022.

À l’inverse, on va avoir des événements de précipitations intenses. Au Pakistan en 2022 par exemple. On va également avoir des vagues de chaleur plus importantes qui vont être accompagnées de feux de forêts et de mégafeux de plus en plus importants. Au Canada cette année par exemple. Ça, c’était pour ce qu’on a déjà observé.

Les scénarios du GIEC

On va essayer d’aller voir ce qui se passe dans le futur en 2100. Il faut bien comprendre quelque chose, c’est que le GIEC est absolument incapable de prédire avec certitude le climat qu’il y aura en 2100. Et il y a une très bonne raison à cela, c’est qu’il ne peut pas prévoir avec certitude la quantité de gaz à effet de serre qu’on va émettre dans l’atmosphère d’ici à la fin du siècle.

Pour pouvoir travailler quand même, il travaille avec des scénarios qui sont plausibles, probables, qui s’appellent des trajectoires socioéconomiques partagées [graphique ci-dessous]. Donc là, « SSP », c’est shared socioeconomic pathways. On voit qu’on a des scénarios qui sont plutôt optimistes [en bleu], où on a une diminution des émissions, c’est-à-dire que chaque année, on émet moins que l’année précédente.

Selon ces scénarios optimistes, on atteint ce qu’on appelle la neutralité carbone [représentée par ligne du zéro sur le graphique ci-dessus] entre 2050 et 2080. Et puis on a des émissions négatives au delà. Des émissions négatives, c’est quand on va retirer plus de CO2 de l’atmosphère que ce qu’on va mettre dedans. Ça ne veut pas dire qu’on en émet zéro, ça veut dire qu’on en enlève plus que ce qu’on en met.

À l’inverse, on a des scénarios pessimistes [en rouge] où, chaque année, on continue d’émettre davantage de CO2 que les années précédentes et on a une stabilisation des émissions autour de 2080. Entre les deux, il y a tout un tas de scénarios intermédiaires [exemple en jaune]. Toutes ces trajectoires d’émissions amènent à différentes évolutions de l’effet de serre et donc à différentes évolutions de la température d’ici à la fin du siècle.

D’après les rapports du GIEC, on s’attend à ce qu’à la fin du siècle, on ait un niveau de réchauffement qui soit entre 1,5ºC et 5ºC selon les scénarios [graphique ci-dessous]. Alors ça, c’est à la fin du siècle. Si on regarde un petit peu plus en détail, on se rend compte que les 1,5ºC ici vont être inévitablement atteints d’ici 2040.

Et limiter à 2ºC ? C’est possible uniquement si on a des fortes réductions immédiate des émissions, et des émissions négatives avant 2100. Ça, c’est les conditions, si on respecte les accords de Paris.

Encore une fois, ce sont des évolutions de température en moyenne mondiale. Ça ne va pas être 1,5ºC ou 5ºC partout pour tout le monde. Et ici, on va avoir la même chose au niveau régional.

Ici [ci-dessus], c’est pour un réchauffement simulé de 1,5ºC. On voit les mêmes tendances décrites tout à l’heure. C’est-à-dire qu’on va voir les continents qui vont se réchauffer plus vite que les océans et les pôles qui vont se réchauffer plus rapidement que le reste du globe. Ça, c’est vrai pour un réchauffement à 1,5ºC, à 2ºC [ci-dessous].

C’est vrai aussi pour un réchauffement à 4ºC [ci-dessous].

C’est uniquement l’amplitude de variations qui va changer. Alors ici [ci-dessus], on voit quand même qu’au niveau de l’Arctique, on a des réchauffements qui sont supérieurs à 7ºC quand on a un réchauffement mondial de 4ºC en moyenne. Sauf qu’on ne sait pas à quel point ça va au dessus des 7ºC. Donc je suis aller vérifier dans la page du GIEC, il y a des régions de l’Arctique où on pourrait localement atteindre 14ºC de réchauffement pour un réchauffement moyen de 4ºC.

Donc si le monde se réchauffe de 4ºC, il y aura des régions qui vont se réchauffer de 14ºC et d’autres régions qui vont moins se réchauffer, évidemment.

Précipitations : des inégalités régionales

Forcément, on a un air qui est plus chaud. C’est un air qui va pouvoir contenir plus d’humidité. Pour chaque degré supplémentaire l’air est capable de contenir 7% d’humidité en plus. Ça, ça va avoir pour conséquence d’augmenter les phénomènes d’évaporation et de précipitations.

En moyenne, au niveau mondial, les pluies vont augmenter. On voit ici [ci-dessous] que ce n’est pas le cas partout. Là où c’est marron, c’est là où il va pleuvoir moins. Là où c’est en bleu, c’est là où il va pleuvoir plus. C’est en pourcentage par rapport aux niveaux préindustriels.

On voit que les régions où il va y avoir davantage de pluie seront les régions équatoriales et les régions de mousson ainsi qu’au niveau du Sahara. Le Sahara est à prendre avec des pincettes, c’est pas ça qui va le faire devenir vert. Parce que si j’ajoute 30% de trois fois rien, ça fait toujours trois fois rien.

Ensuite, on voit que là où on va voir plus d’eau, c’est au niveau des pôles et des hautes latitudes. À l’inverse, là où on va avoir moins d’eau, ce sera surtout dans les régions tropicales et subtropicales, ainsi qu’au niveau du bassin méditerranéen. Ces tendances sont valables pour 1,5ºC, pour 2ºC ou pour 4ºC [ci-dessous]. C’est uniquement l’amplitude de la variation qui va évoluer.

On voit [ci-dessus] qu’au niveau de l’Inde et du Pakistan, on a plus de 40 % de précipitations en plus. Sauf que c’est plus de 40 % de quelque chose qui est la mousson indienne qui est déjà énormément d’eau. Donc on s’attend à ce qu’il y ait d’avantages de problèmes d’inondations dans ces régions.

À l’inverse, on va voir le bassin méditerranéen s’assécher, il va recevoir moins de pluies. Sauf que ça, ça ne produit pas entièrement la sécheresse puisque la sécheresse, c’est l’évaporation moins ce qui tombe. En plus il fait plus chaud. Donc on va augmenter l’évaporation et on va diminuer les pluies. Donc là, si on va à un réchauffement de 4ºC, on peut s’attendre à des chutes de précipitations autour de 30 % sur le bassin méditerranéen. En terme de sécheresse des sols, ce sera encore davantage.

Ce que je suis entrain de vous expliquer, c’est qu’à certains endroits on va gérer plus de problèmes de sécheresse, à d’autres plus d’inondations. Ce que fait le changement climatique sur la gestion de l’eau, c’est qu’il augmente les inégalités régionales.

Élévation du niveau de la mer et phénomènes extrêmes

Pour ce qui est du niveau marin, aujourd’hui, on est à 20 cm. On s’attend à ce qu’à la fin du siècle, on augmente encore de 30 cm à 80 cm [scénarios ci-dessous]. Ce qui ferait une élévation totale depuis la révolution industrielle qui serait entre 50 cm et 1 m.

On voit qu’il y a une autre courbe en pointillés [ci-dessus]. Celle-là, je vais la détailler un peu plus tard, c’est en cas de franchissement d’un point de bascule. Je l’aborderai quand on parlera des points de bascule.

Et dernier point, ce sont les événements extrêmes. On s’attend à ce qu’il y ait une poursuite de leur aggravation et ils vont continuer à être de plus en plus longs, de plus en plus fréquents et de plus en plus intenses.

Petit exemple, d’après Météo-France, la sécheresse qu’on a connue l’an dernier [en 2022], on s’attend à ce que ce soit une année normale d’ici à 2050. C’est d’ici 25 ans.

Alors si je prends maintenant le cas des vagues de chaleur – pour vous donner une petite idée de comment ça peut intervenir [graphiques ci-dessus]. Prenons une vague de chaleur qui intervenait une fois tous les 50 ans avant la révolution industrielle. Aujourd’hui, elle intervient déjà 4,8 fois tous les 50 ans. On a multiplié par 4,8 cette fréquence. En plus de ça, en moyenne, elle est 1,2ºC plus chaude. Si je passe à 1,5ºC de réchauffement, ça passe de 4,8 fois à 8,6 fois. Je double par rapport à aujourd’hui. Si je passe à 2ºC de réchauffement, je passe à 13,9 fois. On voit qu’en plus, ça continue d’augmenter la température. Donc je triple par rapport à aujourd’hui. Et puis, si je passe à 4ºC de réchauffement, on multiplie par 39,2. Donc autant dire qu’on a cette canicule quatre années sur cinq au lieu de l’avoir une fois tous les 50 ans. Et en plus de ça, elle est en moyenne cinq degrés plus chaude que ce qu’il y avait avant la révolution industrielle.

Irréversibilité et points de bascule

Là, on va parler de choses qui commencent à être vraiment désagréables, ce sont les notions d’irréversibilité et les points de bascule. Dans le changement climatique, Il y a des choses qui sont réversibles à l’horizon de la fin du siècle, c’est-à-dire l’échelle d’une vie humaine. Par exemple la température de l’atmosphère. Si on retire suffisamment de dioxyde de carbone de l’atmosphère, on peut refaire diminuer la température pour la faire passer en dessous de 1,5ºC selon l’un des scénarios.

En revanche, il y a des choses… D’ici à la fin du siècle, on ne pourra pas revenir en arrière parce que cela met beaucoup trop de temps à se mettre en place ou alors il y a des choses qui fonctionnent un peu comme un coup de fusil. Une fois que le coup est parti, c’est parti et on ne peut plus l’arrêter, c’est irréversible.

Dans toutes ces choses qui sont irréversibles, on a la fonte des glaciers, des calottes polaires, la fonte du pergélisol – ou du permafrost si vous préfèrez le terme anglais –, on a le réchauffement et l’acidification de l’océan. Forcément, si on a à la fois le réchauffement de l’océan qui fait monter le niveau des eaux et la fonte des calottes polaires et des glaciers, qui fait monter le niveau des eaux, on va également avoir la montée du niveau marin qui est irréversible. Donc ça, à l’horizon de la fin du siècle, on sait qu’on ne pourra pas refaire diminuer le niveau marin.

Et enfi, les points de bascules. C’est un seuil de réchauffement à partir duquel le climat se met à répondre de manière brutale et irréversible. Ça veut dire qu’on a une évolution qui est plutôt linéaire et puis, tout d’un coup, on a une marche d’escalier. C’est plus du tout le même état avant et après cette marche. Et ce n’est pas du tout possible de remonter la marche.

Des points de bascules, il y en a plein qui ont été identifiés. Ce qu’on voit [ci-dessus], c’est qu’il y a des choses marquées par des ronds oranges qui interviennent avant 2ºC de réchauffement et des choses marquées par des losanges oranges/rouges qui interviennent entre 2ºC et 4ºC. Les triangles rouges, c’est ce qui arrive après 4ºC de réchauffement.

On va parler de la circulation océanique atlantique – donc circulation thermohaline ; des dépérissement des forêts de l’Amazone et des forêts boréales ; et de l’effondrement de la calotte Ouest-Antarctique.

Alors l’effondrement de la calotte Ouest-Antarctique. Je vous ai mis une carte vue du Pôle Sud qui est l’Antarctique [ci-dessous]. Ce qu’on voit, c’est que l’Antarctique-Ouest a une petite particularité, c’est que dans ces régions, les glaciers ont leur base qui est sous le niveau marin. Ça veut dire qu’on a la base des glaciers, au contact de l’océan, au contact des eaux océaniques.

En plus de ça, en particulier dans cette région – la péninsule antarctique –, on a des glaciers qui ont une structure en château de cartes. C’est-à-dire que si il y a le premier glacier qui s’effondre, c’est l’ensemble de l’édifice qui peut s’effondrer avec. Ils se tirent les uns les autres. Si on a effondrement de cette calotte Ouest-Antarctique, la conséquence c’est qu’au lieu d’avoir une élévation maximale d’un mètre d’ici à la fin du siècle, on atteindrait 1,7 mètres.

Ils ont poussé la simulation jusqu’à 2300 et ils ne peuvent pas exclure qu’on ait une élévation du niveau marin supérieur à quinze mètres en 2300 si jamais il y a l’Antarctique-Ouest qui s’effondre. On ne sera plus là pour le voir. Mais en gros, on aurait de l’eau jusqu’à Lille à peu près.

Ensuite, autre point de bascule, on a l’effondrement de la circulation océanique atlantique. Cette circulation océanique [voir ci-dessous] , c’est tout un ensemble de courants marins, de circulation de surface et profonde des courants marins. Vous avez donc déjà entendu parler du Gulf Stream qui est un courant marin qui est une des branches de cette circulation océanique atlantique. Alors le Gulf Stream, c’est ce courant marin chaud qui part depuis l’équateur, qui va jusqu’au golfe du Mexique et qui se termine au large de la Floride.


Cette circulation océanique atlantique a plusieurs propriétés. Déjà, elle nous amène pas mal de tempêtes océaniques en hiver. En plus de ça, elle va envoyer de la chaleur depuis l’équateur vers l’hémisphère nord. Enfin, c’est une très grande pompe à CO2. Ça veut dire que cette circulation océanique va prendre du CO2 de l’atmosphère, elle va venir le mettre dans le fond de l’océan et là t’es tranquille pendant 1000 ans.

S’il y a effondrement de cette circulation océanique atlantique, on s’attend à un affaiblissement de la capture de carbone par l’océan. Pour chaque quantité de CO2 qu’on va mettre dans l’atmosphère, on sera davantage puni. On aura davantage le réchauffement puisque l’océan va moins réguler ces émissions. Ensuite, il y aura moins de précipitations hivernales, ça veut dire moins de pluie en Europe, donc assèchement de l’Europe. Ensuite, si ce courant s’effondre, ça veut dire qu’il n’y aura plus de chaleur qui va depuis l’équateur jusqu’à l’hémisphère nord. Et cette chaleur, elle va se diriger vers l’hémisphère sud. Cela va décaler complètement toutes les structures atmosphériques à grande échelle et cela va avoir des conséquences sur les phénomènes de mousson.

On aura donc moins de pluie au niveau du nord de l’Amérique du Sud, au niveau de l’Afrique subsaharienne et de l’Afrique de l’Est. Moins de précipitations en Inde et en Asie du Sud-Est. À l’inverse, dans l’hémisphère sud, on aura plus de pluie, on aura plus de pluies au sud de l’Amérique du Sud, au sud de l’Afrique et puis au nord de l’Australie et au sud de l’Océanie.

Alors ici, ensuite, on a le dernier point de bascule qu’on évoque aujourd’hui : le dépérissement des forêts. Je ne vais pas m’attarder dessus. Simplement, il faut avoir en tête que l’un des risques, c’est que sous l’effet combiné de la déforestation et du changement climatique, il y ait possibilité que la forêt amazonienne se transforme progressivement en savane. Alors là, malheureusement, les nouvelles ne sont vraiment pas bonnes. Il y a une nouvelle étude qui semble montrer que ce point de bascule serait imminent pour la forêt amazonienne.

Une dernière mauvaise nouvelle sur ces points de bascules, c’est qu’ils sont interconnectés. Ça veut dire qu’on peut avoir le déclenchement d’un point de bascule qui va déclencher d’autres points de bascules.

On va prendre un exemple avec l’effondrement de la calotte groenlandaise. Elle peut s’effondrer. Si elle s’effondre, la conséquence, c’est qu’on va avoir un apport d’eau douce colossale dans l’Atlantique Nord. Et dans l’histoire de la Terre et de l’océan, à chaque fois qu’on a eu un apport d’eau douce important dans l’Atlantique Nord, on a ça qui se passe : l’effondrement de la circulation océanique atlantique.

Je vous ai dit s’il y a effondrement de la circulation océanique atlantique, on va avoir moins de pluies à certains endroits. Si on a moins de pluie sur la forêt amazonienne, on déclenche potentiellement le plan de bascule de la forêt amazonienne. Je vous ai également dit, si on a un effondrement de cette circulation océanique atlantique, on a moins d’apport chaleur qui va vers l’hémisphère nord. Et cette chaleur, elle va vers l’hémisphère sud et donc on va avoir un océan austral qui va se réchauffer. Sauf que l’océan Austral, il est au contact des calottes de l’Antarctique-Ouest. Donc il peut le faire s’effondrer aussi.

On voit un peu l’effet domino qu’on peut avoir avec ces points de bascules ou à partir du déclenchement d’un seul de ces points de bascules, on peut déclencher tout un tas d’autres points de bascules. Ça, c’est un exemple d’interconnexion que je connais puisque c’est mon sujet de thèse, mais il faut voir qu’on en a plein d’autres que je ne connais pas.

Les budgets carbone

En dernier point, qui est important dans ce groupe 1 du GIEC, ce sont les budgets carbone qu’on doit respecter pour rester sous certains niveaux de réchauffement. Sur ce graphique [ci-dessous], on va avoir une relation qui est linéaire entre la quantité totale de CO2 qu’on émet depuis la révolution industrielle et le niveau total de réchauffement.

Si je mets 1000 gigatonnes de CO2 dans l’atmosphère, je réchauffe la planète d’environ 0,45 degrés. Si je veux limiter le réchauffement à 1,5ºC, je viens taper la courbe et ça me dit : 2900 gigatonnes de CO2 que j’ai droit d’émettre pour toujours, depuis la révolution industrielle. Si je veux 2ºC : 3550 gigatonnes de CO2 que j’ai le droit d’émettre pour toujours.

C’est un budget, on ne peut pas le dépasser. Pour vous donner un ordre d’idée sur ces chiffres, entre 1850 et 2019, l’humanité a émis environ 2390 gigatonnes et il y en a eu 1000, c’est à dire 42% du tout qui ont émis depuis les années 1990. Le budget CO2 qu’il nous restait en 2020 pour avoir une chance de limiter le réchauffement climatique à un 1,5ºC, c’était 500 gigatonnes.

À la vitesse des émissions actuelles, le budget sera dépassé en 2032. Pour 2ºC, il nous resterait un petit peu plus, il nous resterait 1350 gigatonnes.

Les impacts sur les écosystèmes et les systèmes humains

Ensuite, il y a les impacts que tout ça va avoir sur les écosystèmes et sur les sociétés humaines. Le groupe deux du GIEC utilise ce type de graphiques [ci-dessous] pour parler des impacts. Je ne les trouve pas très compréhensibles.

On va faire un peu plus simple :

Ce qu’il est important de retenir là-dedans, c’est qu’on aura des changements de structures des écosystèmes. On va avoir des changements d’aires de répartition des espèces et on va avoir des changements de phénologie, c’est-à-dire des changements de la période de floraison, par exemple de la saisonnalité des espèces. Donc on a des espèces qui migrent – elles ne migrent pas toutes à la même vitesse – et donc il y a des espèces qui n’avaient pas d’interactions entre elles qui se mettent à interagir entre elles et l’inverse.

Il y a des espèces qui devaient interagir entre elles, qui se retrouvent à ne plus interagir entre elles. Ça change les écosystèmes. Et puis, comme l’été arrive plus tôt et le printemps plus tôt, il y a également une période de floraison plus précoce. Là-dessus, il y a certains dommages qui sont, comme les extinctions d’espèces, irréversibles. Il y a d’autres dommages, comme les dommages aux écosystèmes arctiques, qui vont bientôt également être irréversibles.

Ensuite, il y a l’impact sur les systèmes humains. On a à peu près la moitié de l’humanité qui a déjà expérimenté des problèmes sévères de manque d’eau. Sur la production agricole, il y a des gains dans les hautes latitudes et des pertes agricoles, des baisses de rendements, au niveau des moyennes et des basses latitudes. Quand on fait le bilan de tout ça à l’échelle mondiale, il y a des pertes à l’échelle mondiale de rendements agricoles. C’est également le cas pour l’élevage, pour la pêche et pour l’aquaculture.


Avec le changement climatique, on va avoir des impacts sur les infrastructures, que ce soit par les débordements de rivières, donc les crues, les submersions marines, donc la mer qui vient sur le continent. Tout cela, ce sont des impacts sur les infrastructures. La digue de Wimereux en 2018 par exemple. On a des champs qui produisent moins et ça va avoir des impacts sur ce qui est des secteurs économiques.

Enfin, on a également les impacts sur la santé et sur le bien être. On va avoir ici les problèmes de santé avec davantage de zoonose, c’est-à-dire davantage de transmission de maladies depuis différentes espèces animales vers les êtres humains. On va avoir davantage de maladies liées à l’eau. Et puis également l’apparition de nouvelles maladies : comme il fait plus chaud, l’activité microbienne augmente, ce qui augmente les chances d’apparition de nouvelles maladies.

Ensuite, on va voir des impacts sur la nutrition et sur les problèmes de chaleur. Cela va impacter particulièrement les enfants, les personnes âgées et les femmes enceintes.


Également, quelque chose qu’ils ont étudié, ce sont les problèmes de solastalgie : ce sont les problèmes d’éco-anxiété avec plusieurs études qui étudient ces problèmes de santé mentale liés aux problèmes environnementaux et en particulier aux changements climatiques.

Les migrations liées au changement climatique

Enfin, on a de plus en plus de migrations pour cause climatique, il peut y avoir plusieurs origines à ça. Ici, je vous donne un exemple sur les conditions de température [carte ci-dessous].

Sur Terre, il y a une gamme de températures qui est favorable au développement de l’activité humaine. Sur la carte, on voit que plus c’est vert, plus c’est favorable au développement de l’activité humaine. Aujourd’hui, c’est la carte du haut. En vert, on retrouve les États-Unis, l’Europe, la Chine, le Japon. On retrouve tous les pays industrialisés.

Si on a un réchauffement de 3ºC à 3,5ºC – qui est un tout petit peu plus que la trajectoire sur laquelle on serait aujourd’hui – on voit la carte du bas. On voit que le Maghreb n’est plus en vert. Les États-Unis, c’est pareil, on voit que ça migre également vers le nord. Alors si je fais maintenant la différence qu’il y a entre les deux cartes [ci-dessus], ça me donne la carte suivante [ci-dessous].

Vous avez en rouge les zones où les conditions de température vont se dégrader et en vert les zones où on va avoir une amélioration des conditions de température pour le développement de l’activité humaine. Autrement dit, vous avez en rouge les zones où les gens vont partir et en vert là où vers où ils vont aller.

Enfin, il y a les risques de submersion marine. Il y a quand même quelque chose que je dois préciser, c’est que sur ces risques de submersion marine, je vous affiche quelque chose [les trois cartes ci-dessous] qui est un risque annuel.

En 2050, on aurait un risque dans les zones en rouge où chaque année on peut se retrouver temporairement les pieds dans l’eau salée de la mer. C’est quelque chose qui est fait en moyenne mondiale, ça ne prend pas du tout en compte les dynamiques locales de terrain. Sur ces cartes, c’est quelque chose qui est un peu le maximum qu’on pourrait avoir.

Ce n’est pas du tout quelque chose qui est réel. A priori, ce serait un petit peu moins au niveau des risques que ce que je vous affiche. Ici [ci-dessus], on est en Asie du Sud-Est. Il y a le Bangladesh, le Myanmar, la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam. Si on regarde, on se dit que les gens qui sont en rouge vont avoir besoin de bouger. On a Bangkok qui est tout en rouge et à Bangkok, il y a 15 millions d’habitants. Alors la question c’est : où est-ce qu’ils vont ? Est-ce qu’ils vont loin ou est-ce qu’ils vont juste se décaler un tout petit peu ?

Vous vous demandez pourquoi je vous parle de Bangkok. On n’a pas besoin d’aller aussi loin. Il suffit qu’on aille dans le Calaisis et dans la mer du Nord [carte ci-dessous].

On est en rouge, toute la région de Calais à Dunkerque. Si je zoome un petit peu [ci-dessous], on se rend compte qu’on peut aller quasiment jusque Saint-Omer.

C’est pour ça que je vous dis que c’est quelque chose qui est au maximum. C’est pas quelque chose qui est très réaliste a priori. Je vais conclure là-dessus et je vais laisser la parole aux personnes qui vont vous parler des solutions pour éviter que tout ce que je viens de vous raconter ne se produise.

Je finis là-dessus : quelque chose qui est important à comprendre, c’est que le climat que les générations actuelles et futures vont connaître va dépendre des émissions à venir, de ce qu’on va faire dans les années qui arrivent. Continuer sur notre lancée, ça conduira à des bouleversements qui seront plus importants, plus rapides et qui affecteront progressivement toutes les régions du monde et auxquelles nos sociétés ne sont pas préparées. Il y a certains changements qui dureront des siècles ou des millénaires. C’est une notion d’irréversibilité et donc les choix qu’on va prendre aujourd’hui, ils vont avoir des conséquences pendant très, très longtemps.

Changement climatique et migrations est une conférence conçue et réalisée par :


Beny François, Paléoclimatologue
Canas Stéphanie, consultante énergie-climat
Chavanne Manoel, professeur d’anglais intépendant
Deutsch Denis, retraité, ex TotalEnergies
Persoz Léa, ingénieure en environnement


Les différentes cartes et graphiques utilisées pour la présentation proviennent de ressources émises par le CNRS, le GIEC et Météo France.

Captation et retranscription : Pierre MUYS, avec Valentin DE POORTER.