Samedi 10 juin, le club de football de Campagne-les-Guînes a fêté ses cinquante ans d’existence. Avec le temps, ce club familial et ses bénévoles sont devenus les architectes d’un lien social puissant dans le village et aux alentours.
« Les clubs, on s’y raccroche. Parce que c’est eux qui amènent encore un peu de vie dans nos petites communes » explique Bruno Demilly, maire de Campagne-les-Guînes et ancien président du club de foot du village. Comme beaucoup d’autres élus de la ruralité, il regrette « le manque d’activités commerciales dans les petites communes » et sa conséquence inévitable : la dégradation du lien social.
« La buvette du stade, c’est le café du village ! »
À Campagne-les-Guînes, comme ailleurs, ce sont les clubs sportifs qui semblent résister le mieux à cette érosion du lien entre les gens. Le club de foot du coin, c’est cet endroit – l’un des derniers – où les gens du villages et des alentours se rencontrent encore. Au stade, on se donne rendez-vous en semaine pour s’entraîner, le samedi pour voir jouer les équipes de jeunes et le dimanche pour les équipes séniors. « La buvette du stade, c’est le café du village ! » entend-on au comptoir.
Ici, à Campagne, les enjeux ne sont pas économiques, l’objectif n’est pas la grande performance sportive ou de faire rayonner la commune à l’extérieur. Quand on demande au président, Lucien Melin, quel est l’objectif du club, il répond sans même avoir à réfléchir : « le lien social !« .
« Pas de bénévolat, pas de club ! »
Et l’objectif est atteint. Le club compte 165 licenciés pour 440 habitants dans la commune. Il est ce lieu de rendez-vous pour les passionnés de football du coin, de Campagne, de Bouquehault, de Rodelinghen et d’ailleurs. Ce samedi 10 juin, beaucoup d’entre eux étaient là, avec les anciens, pour fêter les cinquante ans de leur club, de leur famille.
« Ça nous encourage à poursuivre nos efforts, même s’ils sont toujours bénévoles » rappelle le président, Lucien Melin, qui rend hommage à celles et ceux « prenant le temps de se consacrer pour les autres » . Après lui, le maire Bruno Demilly renchérit et alerte : « Pas de bénévolat, pas de club ! Et le bénévolat, ça commence à être une denrée rare. C’est pour ça que j’insiste sur le fait que toute personne qui prend une licence doit se sentir responsable. » Et il conclut : « Il appartient à chacun d’y apporter sa pierre » .
Les associations, artisanes du lien social dans les territoires ruraux ?
Finalement, c’est peut-être là, dans les associations – sportives ou non – que se joue la reconstruction du lien social dans les territoires ruraux, désertés par les commerces et les services publics. Dans ces structures associatives et citoyennes qui n’ont pas à obéir aux lois de la rentabilité économique et du profit, mais seulement au projet et à l’intérêt collectif de l’association… pourvu que les bénévoles soient là.
Reportage : Valentin De Poorter