Estelle Marcillaud, maraichère bio en agriculture paysanne

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Entre deux actions contre la réforme des retraites et le monde qu’elle inflige, on est allé à Louches se mettre un un peu au vert chez Estelle Marcillaud, la maraîchère bio du Jardin de Berthem. Caméra au poing et bloc-note dans l’autre, Marine D. raconte.

Jeudi dernier, je me suis rendue au Jardin de Berthem, à Louches, pour participer à un atelier participatif proposé par l’AMAP du calaisis où je suis inscrite depuis deux ans.

Après vingt minutes de route, je me retrouve dans la cour de la ferme d’Estelle, lunettes de soleil sur le nez, les mains dans une brouette remplie de terreau pour remplir un millier de godets destinés à recevoir les graines des futurs légumes que je retrouverais à l’intérieur de mes paniers hebdomadaires, dans les mois à venir. Être amapienne, c’est prendre part à une aventure aussi bien humaine que militante.

Refaire du lien grâce à une botte de carottes

Humaine dans la mesure où toutes les semaines un groupe d’une soixantaine de personnes se retrouve dans un même lieu pour organiser ensemble la distribution des paniers. Quand on arrive le mardi soir au 8 rue des soupirants, à Calais, on suit le son des éclats de voix du fond du couloir puis on entre dans cette pièce rendue chaleureuse par cette envie commune d’aller vers une autre façon de s’alimenter. L’envie de se retrouver ailleurs que dans un hypermarché quand il s’agit d’aller chercher de quoi faire la soupe. C’est refaire du lien grâce à une botte de carottes, quelque part. De faire la distribution avec Maude, Laurent ou Véronique, de croiser Bertrand qui partage ses recettes de tarte aux noix ou de taboulé libanais fait avec le persil de la semaine. L’envie et le besoin de savoir qui a planté et cultivé ce qui nous nourrit. Remettre de la valeur là-dedans.

Une cotisation militante

C’est donc Estelle, toute seule dans son champ à 25 kilomètres de Calais qui s’occupe de faire pousser nos fruits et légumes. Grâce à l’AMAP, on lui garantit un revenu annuel en finançant grâce à notre cotisation, sa future production. C’est en cela que le militantisme entre en jeu, on défend une agriculture paysanne, une manière de produire saine et à côté de chez soi. Un panier familial (16 euros par semaine pour quatre personnes, 8 euros pour un 1/2 panier) couvre les coûts de production, les charges attenantes à l’exploitation ainsi que le salaire d’Estelle qui peine tout de même à se dégager un SMIC. Le prix du panier est quant à lui lissé sur l’année. Par ailleurs, ce prix qui peut paraître élevé comparé à ceux de la grande distribution se trouve en fait, compte tenu de l’inflation actuelle, équivalent voir inférieur à celui pratiqué par les grandes surfaces. Sauf qu’à l’hypermarché, les carottes, même bio, viennent souvent d’une exploitation située à 1000 bornes de mon appartement.

On revit les saisons, les tempêtes, la sécheresse. Le premier été où j’ai adhéré, une partie des tomates furent décimées par le mildiou. Je me souviens que la déception de devoir tirer un trait sur une salade de tomates-ananas fut assez vite éclipsée par l’arrivée de petits pois frais que je n’aurais jamais songé à m’offrir (voir même simplement trouver) en magasin. J’ai de même appris à aimer cuisiner les choux de Bruxelles à la béchamel et à concocter des liqueurs de fleurs de sureaux. J’ai appris à d’avantage connaître la ronde des légumes, la sobriété de l’hiver et l’opulence de l’été.

Si l’envie de rejoindre l’Amap vous tente, rendez-vous vite sur la page de l’AMAP du calaisis, car en mai on plante les mille godets !

Marine D.